S.C.H.E.C., Sessions d’étude, 50 (1983)
119-140
Épiscopat canadien et
collégialité*
C’est le concile de Vatican II qui a vraiment mis en lumière la
collégialité épiscopale. En effet, la constitution apostolique Lumen Gentium
a rappelé «le caractère et la nature collégiale de l’ordre épiscopal que,
d’ailleurs, dit-il, les Conciles oecuméniques réunis au cours des siècles
confirment jusqu’à l’évidence», mais il a précisé aussitôt que «ce même pouvoir
collégial peut être exercé, en union avec le Pape, par les évêques répandus en
tous les points du monde (Lumen Gentium, 22.6)». De façon plus concrète,
le décret Christu Dominus a souligné que
dès les premiers siècles de l’Église, la communion de la
charité fraternelle et le souci de la mission universelle confiée aux Apôtres
ont poussé les Évêques, placés à la tête des Églises particulières, à associer
leurs forces et leurs volontés en vue de promouvoir le bien commun de
l’ensemble des évêques et de chacune d’elles (Christus Dominus, 36).
et que:
De notre temps surtout,
il n’est pas rare que les Évêques ne puissent accomplir leur charge
convenablement et avec fruit s’ils ne réalisent pas avec les autres Évêques une
concorde chaque jour plus étroite et une action plus coordonnée (ibid.,
37).
Enfin, le motu proprio Ecclesiae Sanctae du 6 août 1966 a fait connaître
les normes d’application des documents précédents 2.
Les déclarations du concile comportent sans
doute un aspect innovateur, particulièrement à propos de «l’exercice régional
de la solidarité épiscopale» 3 mais elles ont aussi rappelé
l’ancienneté du pouvoir collégial et souligné l’importance, en ce sens, des
synodes, des conciles provinciaux et des conciles pléniers qui apparaissent
dès les premiers siècles de l’Église et, plus récemment, des conférences
épiscopales qui, selon Lumen Gentium, «peuvent aujourd’hui contribuer
de façon multiple et efficace à aiguiller le sentiment collégial vers des réalisations
concrètes» (Lumen Gentium, 23). Cette collégialité a été vécue de façon
différente – du moins en intensité – dans les Églises particulières; c’est
pourquoi il peut être intéressant de revoir le passé de certaines d’entre elles
dans cette perspective précise.
De ce point de vue, l’expérience canadienne
m’apparaît passionnante à étudier. L’immensité du territoire et la dispersion
de la population ont contribué à isoler les évêques les uns des autres et à
rendre difficile le travail collégial; d'autre part, le «fait franco-anglais»,
que Paul E. Crunigan appelle « le fait vital dominant de l’histoire
[religieuse] du Canada» 4, a accentué davantage les problèmes d’unité et
d’action commune. En conséquence, nous pouvons nous poser la question
suivante: dans quelle mesure les évêques du Canada ont-ils été capables de surmonter
ces obstacles géographiques, culturels, linguistiques et autres pour inventer
des formules de travail collégial? À première vue – et c’est mon hypothèse de
départ – il m’apparaît que les chefs religieux canadiens, comme les hommes
politiques d’ailleurs, ont peu travaillé collégialement et n’ont pas vraiment
réussi à briser la barrière des «deux solitudes ».
Pour répondre à la question posée et infirmer ou confirmer ma
première intuition, je vais étudier d'abord ce que j’appellerais volontiers le
travail collégial à l’ancienne mode, c’est-à-dire essentiellement celui qu’on
retrouve dans les conciles (provinciaux et pléniers) et dans les assemblées
d’évêques; dans une seconde partie, j’insisterai davantage sur une forme plus
moderne de collégialité régionale, celle des conférences épiscopales.
I. LE TRAVAIL
COLLÉGIAL DES ÉVÊQUES CANADIENS
AVANT LA CONFÉRENCE
CATHOLIQUE CANADIENNE
Dès sa fondation, l’Église catholique
canadienne couvre tout le territoire de l’Amérique du Nord – en principe, de
l’Arctique à la Louisiane et de l’Atlantique au Pacifique – et un seul évêque
est chargé de cet immense diocèse. La seule collégialité possible est celle qui
unit le prélat à son clergé et elle se traduit par la tenue de synodes en 1690,
1694, 1698 et 1700, pendant l’administration de Mgr de
Saint-Vallier.
Après la conquête, la juridiction de
l’évêque de Québec se rétrécit pour se confondre presque avec les limites du
Canada actuel: par exemple, le premier diocèse américain, Baltimore, est érigé
en 1789 et il s’occupe de l’Illinois; la Louisiane est cédée aux Espagnols, les
îles Saint-Pierre et Miquelon à la France; Terre-Neuve devient préfecture
apostolique à partir de 1784; la Nouvelle-Écosse échappe au contrôle de Québec
en 1816; quant à la côte du Pacifique, les incertitudes de frontières viennent
compliquer singulièrement la question de la juridiction épiscopale 5. Malgré ces
amputations, le territoire administré par l’évêque de Québec demeure immense
et, comme il se peuple de plus en plus en certains endroits, il faut songer à
le diviser. Les jeux de la politique et de la diplomatie obligent à nommer
d’abord des évêques auxiliaires et vicaires généraux en charge de certains districts
(Montréal, Maritimes, Territoires du Nord-Ouest, Haut-Canada) avant de
procéder à l’érection de véritables diocèses (1826: Kingston; 1829:
Charlottetown; 1836: Montréal; 1841: Toronto; 1842: Fredericton). Mais c’est,
en 1844, la formation d’une province ecclésiastique avec siège métropolitain à
Québec et diocèses suffragants à Montréal, Kingston et Toronto – et bientôt à
Terre-Neuve – qui pose vraiment le problème de la collégialité épiscopale 6. On le résout
alors par le mode traditionnel des conciles et des assemblées d’évêques.
1. Les conciles
provinciaux
Tout au long des interminables tractations
qui conduisent finalement à la création de cette province ecclésiastique
revient régulièrement à la surface le problème de la collaboration entre les
évêques pour uniformiser la discipline ecclésiastique et promouvoir les
intérêts catholiques. Pour sa part, Mgr Joseph Signay, évêque de
Québec, ne voit qu’inconvénients et embarras dans les rencontres suggérées:
difficulté de réunir en même temps des prélats si éloignés les uns des autres;
longs retards dans l’expédition des affaires qui pourraient requérir l’avis de
chacun; différence de moeurs et d’usages chez les fidèles des diverses
régions, ce qui pourrait donner naissance à des incompréhensions entre les
évêques 7; il craint la
réunion d’un concile aussi parce qu’il a peur que les prélats moins favorisés
en profitent surtout pour lui quémander des prêtres et de l’argent, mais il
voit un plus grand risque encore dans la possibilité que les évêques de langue
anglaise deviennent majoritaires et qu’ils en arrivent à bouleverser l’antique
discipline du diocèse de Québec 8. Fervents protagonistes de la
création de la province ecclésiastique de Québec, les évêques de Montréal – Mgr
JeanJacques Lartigue et Mgr Ignace Bourget – y voient plutôt
l’occasion de rattacher à l’archevêché de Québec tous les diocèses de
l’Amérique du Nord britannique, ce qui permettrait de reprendre un certain
contrôle sur les territoires détachés de l’Église mère et d’y maintenir ou
rétablir la discipline du diocèse de Québec menacée par la nomination d’évêques
écossais ou irlandais qui ont tendance à s’inspirer des coutumes de leur pays;
le métropolitain pourrait convoquer un concile et des réunions ordinaires qui
ne pourraient qu’avoir des résultats bénéfiques:
Il y aura, prétend
Mg` Bourget, unité de conduite chez tous les évêques de la province,
attachement plus grand aux saintes règles de l’Église, uniformité de
discipline, plus de lumières dans leurs conciles, puisque l’Esprit-Saint s’est
engagé à y présider plus de force dans le gouvernement plus de respect dans le
clergé pour l’autorité épiscopale qui ne pourra plus être accusée de
despotisme, plus de moyens pour l’élection de bons évêques [d’autres textes
précisent qu’il faudra des évêques canadiens au lieu d’ecclésiastiques venant
d’Irlande ou d’Écosse], ce qui est essentiellement vital pour l’Église, plus de
majesté et de pompe dans le culte, ce qui n’est pas peu de chose pour attacher les
peuples à la religion et leur inspirer pour elle un profond respect, plus
d’union entre les évêques dans leur rapport avec le gouvernement qui y
regarderait plus d’une fois avant de se mettre à dos le corps épiscopal, si
jamais il voulait gêner la religion ou adopter quelques mesures qui
blesseraient des droits et privilèges, etc. 9
Quelques autres évêques de colonies
britanniques sont du même avis que leurs confrères de Montréal, mais on notera
que le travail collégial est surtout perçu comme un moyen d’aider les chefs
religieux dans leurs fonctions.
Les réticences des évêques de Québec – tout
en favorisant la création d’une province ecclésiastique, Mgr Pierre-Flavien
Turgeon a les mêmes objections que Mgr Signay à propos d’un concile
provincial – retardent la tenue du premier concile provincial de Québec. Il a
finalement lieu du 15 au 28 août 1851 et il sera suivi de six autres en 1854,
1863, 1868, 1873, 1878 et 1886.
À plusieurs points de vue, le premier
concile provincial de Québec, qui prend modèle sur ceux de Baltimore, trace la
voie pour tous les autres qui suivent; pour le sujet qui nous intéresse, il est
surtout un exemple de travail collégial. Non seulement chacun des évêques convoqués
est-il invité à faire des suggestions à propos des questions à débattre, mais
on l’invite à rédiger les textes qu’il aimerait faire voter et à tenir des
réunions consultatives avec les prêtres de son diocèse. Bien plus, le concile
lui-même est précédé d’une espèce de pré-concile, une réunion préparatoire
tenue à Montréal en mai 1850, à laquelle sont invités tous les évêques de la
province ecclésiastique de Québec – y compris celui de Terre-Neuve, mais non
ceux des Maritimes qui sont pourtant invités au concile – et qui, en plus de
préparer presque entièrement l’ordre du jour de la grande réunion projetée en
copie le faste extérieur, le règlement et la procédure de travail 10. Au concile
lui-même, tout se fera en équipe: évêques et théologiens se regrouperont en
commissions, appelées aussi congrégations particulières; chaque commission
présentera ses rapports aux congrégations générales, composées de tous les
évêques et de tous les théologiens, et ces derniers seront appelés à donner
leur avis; les évêques décideront ensuite en réunion privée ce qu’il faudra en
retenir et formuleront ou modifieront les décrets qui, eux, seront proclamés
dans des sessions solennelles et publiques. Puis le tout sera envoyé à Rome
pour approbation 11
L’histoire des conciles provinciaux de
Québec a été retracée avec minutie par Jacques Grisé et je n’ai pas l'intention
de vous la résumer, même pour en extraire les thèmes et les lignes de force.
Voici cependant quelques remarques générales concernant notre propos. Le
premier concile est presque déjà un concile national (ou plénier) puisque seuls
les évêques de la côte du Pacifique ne sont pas invités: sont convoquées, en
effet, les autorités religieuses de Québec, Montréal, Kingston, Toronto,
Terre-Neuve, du Nord-Ouest et de Bytown, comme rattachées à la province
ecclésiastique et celles de Charlottetown, du Nouveau-Brunswick, d’Halifax et
d’Arichat, d’après la bulle du 12 juillet 1844 12. Cependant, dès
le deuxième concile en 1854, les évêques des Maritimes, regroupés dans la
province ecclésiastique de Halifax depuis 1852, sont exemptés, de même qu’à partir
de 1873, ceux des provinces ecclésiastiques de Toronto et de Saint-Boniface
érigées respectivement en 1870 et 1871. Il faut noter aussi que des conciles
provinciaux ont été tenus, surtout au XIXe siècle, dans ces
provinces: un à Halifax (1857), un à Toronto (1875), un à Saint-Boniface (1889)
et un à Montréal (1895).
Malgré une présence des évêques de langue
anglaise peu nombreuse et de courte durée, les conciles provinciaux de Québec
révélent déjà un certain clivage entre francophones et anglophones et une
première brèche dans l’idéal collégial. Le concile de 1868 en offre un exemple
frappant. Une bonne partie des débats de l’assemblée générale des évêques
tourne autour de l’important problème du nouveau découpage de la carte ecclésiastique
canadienne. À cause de l’union fédérale de 1867 et de l’augmentation du nombre
des catholiques, les autorités religieuses sentent le besoin d’établir un
nouvel équilibre entre les diverses parties du nouveau pays. Le concile est
ainsi saisi de plusieurs questions: doit-on diviser la province ecclésiastique
de Québec qui s’étend encore jusque dans l’Ouest? Combien y aura-t-il désormais
de provinces ecclésiastiques? quels diocèses composeront chacune des provinces?
quelle sera la métropole en Ontario? Pendant trois jours, la congrégation
générale des évêques consacre de longues séances à ces projets qui donnent lieu
à des débats animés. Si les prélats sont unanimes à proposer la division de la
province ecclésiastique de Québec, ce n’est qu’après de vives discussions
qu’ils fixent le nombre de métropoles à trois, au lieu de quatre comme le
demande l’évêque d'Ottawa. Quant à la composition de chacune des provinces, un
seul problème se pose, mais d’envergure: le diocèse d’Ottawa demeurera-t-il
rattaché à Québec? Il s’ensuit un affrontement «musclé» entre évêques
anglophones et francophones; après des interventions passionnées de part et
d’autre, seuls Mgr John Farrell, de Hamilton, et Mgr Edward John Horan, de
Kingston, ne veulent pas consentir à laisser Ottawa dans la province
ecclésiastique de Québec, mais la majorité doit faire preuve d’énergie pour
empêcher, le lendemain, la remise en question du vote par les évêques de
langue anglaise. Malgré la décision du concile, Mgr John Joseph Lynch,
de Toronto, et ses suffragants font des réclamations à Rome et y font des mains
et des pieds pour obtenir l’annexion de la partie ontarienne du diocèse
d’Ottawa; seule la création de l’archidiocèse d’Ottawa en 1886 les empêche de
réaliser leur rêve de rendre l’Ontario catholique homogène anglais 13.
Une fois seuls entre eux, les évêques
francophones ont-ils autant de difficultés à s’entendre? Oui, d’une certaine
façon. Dans cette dernière partie du XIXe siècle, ils forment deux
groupes qui parfois s’affrontent sur des sujets comme le rôle du clergé en
politique, la question universitaire, le démembrement du diocèse de
Trois-Rivières, la désignation de nouveaux évêques, etc. La division est moins
idéologique – ils sont tous ultramontains de doctrine – que tactique et prend
souvent racine dans des sensibilités différentes ou des liens profonds d’amitié.
Les intransigeants vouent une admiration sans borne à Mgr Bourget et
veulent, immédiatement, pour l’Église du Québec, un rôle prépondérant
dans presque tous les domaines; ils ont horreur des compromis. Les modérés,
souvent accusés d’être catholiques libéraux, veulent tenir compte davantage de
la réalité sociale et politique et, sous la direction de l’archevêque
Elzéar-Alexandre Taschereau, prônent une politique de prudence et d’attente.
Cependant, hormis des échanges vifs à l’occasion de l’étude de certains décrets
– par exemple, en 1873, le décret sur le libéralisme catholique et celui sur la
liberté de l’Église dans ses rapports avec le pouvoir civil – les conciles font
voir davantage l’union des évêques que leurs divergences. Néanmoins, celles-ci
influencent indirectement les réunions, puisqu’elles sont en partie responsables
des retards apportés à la convocation des 6e et 7e
conciles (intervalles de 5 et de 8 années). Après celui de 1886, cessent les
conciles provinciaux à Québec: la province civile compte maintenant deux sièges
métropolitains, la discipline ecclésiastique est passablement unifiée dans tout
le territoire, le cardinal Taschereau, vieilli et malade, cède l’administration
à son coadjuteur, Mgr Louis-Nazaire Bégin, qui ne se sent pas apte à
faire la convocation... On sent moins le besoin de ces réunions grandioses et
l’archevêque de Québec obtient facilement de Rome, de trois ans en trois ans,
la dispense du concile.
Mais il y a plus. L’idée se répand de plus
en plus de la nécessité d’un concile plénier pour l’ensemble du territoire
canadien, un projet qui ne se réalise cependant qu’en 1909.
2. Le concile
plénier de Québec (1909)
L’idée de réunir en concile tous les
évêques du Canada remonte au moins à 1876. Mgr Lynch, de Toronto, en
fait la proposition à Mgr Taschereau dans une lettre du 21 avril de cette année et
il renouvelle sa demande, le 10 mai 1877, cette fois-ci auprès du délégué
apostolique, Mgr George Conroy. Dans ce dernier texte, il livre le fond de sa pensée;
après avoir critiqué les efforts des évêques du Québec pour tâcher
d’influencer le monde politique et après avoir noté que ce qui est bon pour la
partie anglaise du pays ne l’est pas toujours pour la partie française et vice
versa, il ajoute: «après tout, le Canada français n’est qu’une province parmi
quatre ou cinq»; il y a 12 prélats de langue anglaise,
ils ne sont que
sept dans la Province de Québec. La Province de Manitoba est semblable à la
nôtre, bataillant pour se tailler une place parmi les protestants. On ne doit
pas sacrifier toutes les autres provinces aux intérêts du Québec, riche en
ressources de toutes sortes, mais hélas en pleine confusion. 14
Or, toute autre est l’opinion des évêques du
Québec, tous regroupés pour une fois autour de l’archevêque Taschereau et de
son successeur. D’une part, dans l’archidiocèse de Québec, soulignent-ils, les
grandes questions disciplinaires ont été réglées et il n’y a plus «qu’à
maintenir ce qui a été fait»; il resterait aux autres provinces ecclésiastiques
à se mettre au diapason: «D’après ce que je connais, écrit Mg` Taschereau, je
crois que bien des affaires sont restées en arrière dans les autres provinces,
mais alors ce serait à celles-ci à en faire les frais» [c’est-à-dire d'un
recours à Rome et de l’envoi d’un nouveau délégué apostolique] 15. D’autre part,
l’Église québécoise se définit comme une Église nationale; elle se perçoit
comme l’incarnation d’une nationalité conçue comme peuple élu par Dieu. La
société est une nation et la nation est une Église, dont le clergé sera
l’instance suprême définissant les projets et les normes. Et dont il est le
protecteur contre les ennemis qui l’entourent (les Juifs, les franc-maçons,
les protestants, les Irlandais, «ces protestants déguisés»): «La race
franco-canadienne, écrit Mgr Taschereau, est entourée d’ennemis qui
en différent par la race, la langue et la religion; elle se maintient
parcequ’elle [sic] est unie sous son clergé» 16 Il ne saurait donc
être question pour elle de se perdre dans un grand tout canadien, si catholique
soit-il. En conséquence, pendant très longtemps, l’Église catholique
canadienne demeure un agrégat formé de deux blocs culturels: l’Église canadienne-française
qui, à la fin du XIXe siècle, englobe les provinces ecclésiastiques
de Québec, de Montréal, d’Ottawa et de Saint-Boniface, et l’Église
canadienne-irlandaise, composée des provinces ecclésiastiques de Toronto, de
Kingston et de Halifax. L’ethnie des évêques reflète bien cette dualité
culturelle. Des 29 prélats (y compris les vicaires apostoliques et les
coadjuteurs), 18 sont francophones et 11 anglophones. Les premiers sont
d’origine canadienne-française, sauf les évêques de la province ecclésiastique
de Saint-Boniface qui tous, à part Mgr Adélard Langevin, viennent de
France. Chez les anglophones, six évêques sont nés en Irlande et deux sont
d’ascendance irlandaise. Sans doute, certains événements – la question des
écoles du Manitoba, par exemple – rapprochent-ils suffisamment ces deux blocs
pour qu’ils engagent parfois des actions communes, mais c’est rare et très
laborieux.
Dans ce clivage culturel, nous avons une
des raisons principales du retard apporté à la tenue du premier (et dernier)
concile plénier canadien. Cependant, à mesure qu’approche le XXe
siècle, de plus en plus d’évêques prennent conscience de sa nécessité pour
corriger les divergences régionales et, comme le note Mgr Bégin en
1899, «pour réunir en un faisceau les forces dispersées de notre épiscopat» 17. La Propagande
elle-même se déclare favorable à l’idée et, par l’intermédiaire des délégués
apostoliques Diodème Falconio et Donato Sbaretti, oblige les évêques canadiens
à en commencer les préparatifs. De multiples obstacles, dont à partir de 1905
le peu d’enthousiasme de l’archevêque de Québec mais aussi la faiblesse des
textes préliminaires qu’il faut recommencer, retardent d’année en année la
convocation. Les interventions de Mgr Sbaretti qui se montre trop
empressé de présider les assises et qui, au dire des ultramontains
intransigeants et des jésuites, est trop «entiché de tout ce qui est américain»
et trop commis à l’égard de la suprématie de la langue anglaise, forcent la
Propagande à reconnaître qu’il appartient aux évêques de « déterminer le temps
de la célébration du Concile et les matières qui doivent y être traitées» 18. Telle n’est pas
l’opinion du délégué et des évêques irlandais qui, en 1907, pressent toujours
la tenue d’un concile, «sans que Rome nous en manifeste même le désir»,
constate Mgr Bégin. Cependant, l’opinion de Mgr Sbaretti prévaut à Rome et,
le 25 mars 1909, le préfet de la Congrégation du Concile lui demande de
convoquer tout l’épiscopat canadien à Québec en septembre 1909 et de présider
ce concile plénier.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’enthousiasme n’est pas
délirant quand se réunissent à Québec les Pères conciliaires, mais ils font
preuve d’une bonne volonté exemplaire. Ils sont quarante-huit archevêques,
dix-neuf évêques, trois vicaires apostoliques, trois évêques auxiliaires, un
préfet apostolique, cinq administrateurs de sièges vacants, un abbé mitré – à
siéger du 10 septembre au ler novembre 1909, en compagnie de cent vingt-quatre
théologiens, vicaires généraux et supérieurs de communauté. Ils s’affirment
tous animés d’un même désir, «garder l’unité de la foi et l’intégrité des
moeurs», et aussi d’un même espoir, «assurer l’union plus ferme des forces
catholiques en notre pays». Ils s’imposent un rythme de travail infernal: cinq
jours par semaine, les soirs et les fins de semaine étant réservés à des
manifestations publiques (cortèges, conférences publiques, pèlerinages,
réunions mondaines); ils réussissent ainsi à abattre une besogne considérable:
ils proclament 688 décrets qui, après approbation par Rome, sont promulgués le
25 avril 1912.
Le concile plénier de Québec a été considéré à l’époque comme un
des grands événements de l’histoire de l'Église catholique canadienne. A
distance, faut-il en nuancer la portée? L’ensemble des décrets constitue un
traité de théologie pastorale et un code de conduite pratique. Le canoniste
Valérien Bélanger y a vu «l’une des législations particulières les mieux faites
dans l’Église». Les principes qui l’inspirent suivent de près l’ancien droit
ecclésiastique et réflètent une orthodoxie inattaquable. L’entrée en vigueur,
le 19 mai 1918, du Codex juris canonici, oeuvre de l’équipe du
cardinal Gasparri, devait reléguer aux oubliettes ces décrets, sauf leur
contenu dogmatique et une soixantaine de prescriptions particulières. On a dit
avec justesse que le Codex a « rejeté dans l’ombre le concile avant qu’on
ait eu le temps de le pratiquer». Par ailleurs, le concile a-t-il été un pas
décisif vers le travail épiscopal collégial au sein de l’Église canadienne?
Certes, il a aidé l’épiscopat à sérier les problèmes, établir des priorités et
mieux comprendre certaines questions d’une portée régionale, comme par exemple
celle des Ruthènes catholiques. Il a aussi pris des mesures propres à faciliter
le règlement de problèmes liés à l'immensité du pays, à la diversité culturelle
et au pluralisme religieux; les décrets concernant l’étude de l'anglais et du
français dans les séminaires (166, 179), le rapprochement oecuménique (330,
351, 407-415), l’accueil des immigrants (332-334), l’uniformité du cathéchisme
(313), 1’incardination et l’excardination des prêtres (125) répondent à des
besoins spécifiques. Mais le concile ne semble pas avoir rapproché les membres
anglophones et francophones de l’épiscopat canadien. Au cours des rencontres
informelles, on n’a pas réussi à dégager un consensus sur le problème à la
racine de nombreux désaccords dans l’agir pastoral: l’avenir culturel du
Canada. Et les évêques sont repartis dans leur régions poursuivre leur travail
collectif au sein d’assemblées plus restreintes 19.
3. Les assemblées
d’évêques
En dehors des réunions solennelles, tels
les conciles pléniers ou provinciaux, les évêques canadiens ont toujours senti
le besoin de se rencontrer plus ou moins régulièrement pour étudier des
problèmes communs ou prendre position en tant que groupe. Ils le font le plus
souvent au niveau d’un archidiocèse, d’une province civile ou, plus rarement,
de l’ensemble du pays. Pour les besoins de mon exposé, je ne retiens comme
exemples que les réunions de l’épiscopat du Québec et de l’assemblée des
archevêques du Canada.
a) L’assemblée des évêques du Québec
Très tôt au XIXe siècle, les
évêques ont profité de diverses circonstances – les meilleurs exemples sont
les funérailles ou les sacres d’évêques – pour se réunir d’une façon informelle
et discuter de problèmes précis. Avant 1871, des prélats de diverses parties du
pays participent à ces séances de travail: la même chose se produit à Rome en
1869-1870, lors du concile de Vatican I, mais les réunions de l’ensemble de
l’épiscopat canadien sont peu nombreuses, puisque, très tôt, les évêques se
regroupent selon la langue 20
Au Québec, c'est l’archevêque
Elzéar-Alexandre Taschereau qui donne aux réunions de sa province
ecclésiastique leur caractère permanent. Dès octobre 1871, en effet, pour
tâcher de mettre fin aux remous soulevés par le Programme catholique et
de réunifier l’épiscopat fortement divisé, il convoque tous les évêques et les
invite à venir siéger en compagnie d’un théologien chacun. Les évêques de
Québec, Montréal, Ottawa, Saint-Boniface, Saint-Hyacinthe, Trois-Rivières et
Rimouski se rencontrent à Québec du 17 au 24 octobre 1871, dans une grande
discrétion qui intrigue les journalistes habitués au faste des conciles
provinciaux: «C’est une réunion strictement privée et on ne peut savoir ce qui
s’y discute», note le Journal de Québec 21. Le nouvel archevêque
y fait preuve d’un leadership si évident et efficace que ses collègues tiennent
à faire connaître «le bonheur qu’ils ont éprouvé à se rencontrer avec leur
Archevêque» et ils souhaitent se réunir ainsi «au moins une fois l’an» 22. Un secrétaire
attitré – ordinairement, le dernier évêque sacré – rédige un procès-verbal
consacré dans un registre spécial. À partir de 1875, cette réunion revient deux
fois l’an, car elle coïncide avec les rencontres du Comité catholique du
Conseil de l’instruction publique où siègent tous les évêques du Québec; ils
profitent de leur présence à Québec pour se réunir le soir ou, quand besoin
est, une journée avant ou après les travaux du Comité catholique. Les évêques
du Québec sont donc assurés de se rencontrer au moins deux fois l’an, mais ils
le font ordinairement plus souvent, car l’archevêque profite encore des
circonstances particulières pour convoquer des réunions spéciales.
Cette assemblée est un excellent instrument
de concertation dans les intervalles de conciles provinciaux, et encore plus
après 1886 quand ces derniers disparaissent et quand elle regroupe désormais
les archevêques et évêques de toutes les provinces ecclésiastiques du Québec.
On y aborde de nombreux problèmes théologiques, politiques, mais surtout
disciplinaires, et on s’efforce de trouver des solutions communes qui, sans
obliger juridiquement, lient chacun des participants. Au XIXe
siècle, on y parle beaucoup des relations entre l’Église et l’État; dans les
années 1920, les évêques débattent les lois civiles qui touchent au droit de
l’Église: législation concernant le mariage, le divorce, l’assistance
publique, les écoles juives. Ils discutent de problèmes pastoraux: les
missions, l’action sociale, le cinéma, de même que de l’application uniforme
des directives pontificales et, bien sûr, de problèmes temporels tels la lutte
antituberculeuse, la colonisation et le syndicalisme.
Le style de travail dépend beaucoup de
celui qui préside l’assemblée, l’archevêque de Québec. Obligé d’affronter un «
saint têtu» comme Mgr Bourget, Mgr Taschereau s’aliène
les sympathies de la partie intransigeante de l’épiscopat du Québec et son
autoritarisme naturel, ajouté à un parti pris évident en faveur de l’université
Laval, aboutit finalement, en 1876, à une coalition de tous ses
suffragants qui lui passent pardessus la tête pour recourir à Rome où ils
délèguent Mgr Laflèche. L’intervention de la Propagande,
particulièrement par l’envoi d’un délégué apostolique en 1877-1878, sauve le
leadership de l’archevêque et lui permet de reprendre le contrôle de
l’assemblée épiscopale; désormais, et même avant d’être nommé cardinal en 1886,
il la dirige avec assurance et autorité, au point de s’attirer des remarques
acerbes de certains collègues. En 1883, par exemple, l’évêque de Rimouski, Mgr
Jean Langevin, lui écrit:
Je proteste contre
cette façon de procéder de haute main, et sans nous donner l’occasion de voir
les pièces, ni de discuter les choses ensemble et de nous concerter en une
action commune.
Cependant il est
bien possible qu’après avoir pris communication des documents, j’en vienne à la
même conclusion; mais je ne puis admettre que l’on veuille ainsi nous forcer à
nous prononcer les yeux fermés et de confiance sans connaissance personnelle.
23
C’est finalement l’usure occasionnée par l’âge
et la maladie qui lui fait diminuer cette emprise sur l’assemblée des évêques
et même à en céder la présidence à son coadjuteur, Mgr Louis-Nazaire
Bégin, au début des années 1890.
Malgré les réticences qui ont précédé sa
nomination à Chicoutimi et, plus tard, son transfert à Québec, Mgr
Bégin prend très tôt un grand ascendant sur ses collègues et devient un chef
incontesté et un porte-parole prestigieux. Le rôle qu’il joue tout au long de
la question des écoles du Manitoba, les dénonciations qu’il se permet de
certains membres de la curie romaine et même de Mgr Rafael Merry
Del Val, délégué apostolique, surtout les commentaires courageux qu’il fait de
l’encyclique Affari Vos et qui auraient fait dire à Mgr Merry del Val: «Je n’ai jamais vu traiter une
encyclique du Pape dans aucun pays comme cette dernière a été traitée au
Canada», tout cela, uni à une personnalité exceptionnelle, lui gagne la
sympathie, l’estime et la confiance de tous ses confrères francophones et lui
permet de refaire une quasi-unanimité autour de sa personne. L’assemblée des
évêques acquiert sous sa direction une nouvelle personnalité. La collégialité y
est davantage présente. Les discussions sont très libres et contribuent à
façonner un esprit de corps et un style de pensée et d’action qui est
particulier à l’épisêopat du Québec et qui se perpétue longtemps presque tel
quel. Perçues à la Délégation apostolique et à Rome comme des «réunions
régionales», ces rencontres sont, de fait, des réunions d’un corps épiscopal
toujours conscient d’incarner le destin d’un peuple. Les évêques le savent et
le proclament. Dans une lettre collective envoyée directement au pape, le 5
février 1929, ils ne craignent pas d’affirmer que «le peuple canadien-français
existe et qu’il a le droit d’exister», de dénoncer les calomnies dont il est
l’objet à Rome de la part des assimilateurs et de rappeler «qu’un peuple ne se
supprime pas ainsi» 24. Ils tiennent également à traiter directement
avec Rome toutes les questions importantes et à y déléguer au besoin des
représentants habilités à parler en leur nom. En 1909, par exemple, certains
songent à installer Mgr Louis-Adolphe Paquet dans la Ville
éternelle, dans un couvent de religieux alliés, à le faire nommer consulteur de
certaines congrégations, puis à en «faire le représentant des quatre provinces
ecclésiastiques françaises»; on lui ferait donner le caractère épiscopal et on
lui adjoindrait un secrétaire, «de sorte qu’il arriverait à prendre une grande
influence et à tenir en échec les intrigues irlandaises». Le projet n’est pas
mis à exécution, mais il indique bien les tensions qui existent entre les dirigeants
des deux Églises catholiques canadiennes et la difficulté de vivre une
collégialité pan-canadienne. Vingt ans après, en 1929, les mêmes tensions
subsistent et les évêques du Québec rappellent à Pie XI: «Nous sommes également
peinés de sentir une sorte d’antipathie envelopper notre peuple et ses chefs
spirituels. Nous sommes particulièrement humiliés, à l’arrivée de chaque
Délégué Apostolique et à la vacance de chaque siège épiscopal, de nous heurter
aux mêmes méfiances et d’être obligés d’entreprendre les mêmes démonstrations».
b) L’assemblée des archevêques du Canada
Il se fait quand même certaines tentatives
de rapprochement et de travail en commun. À partir de 1901, semble-t-il, les
archevêques canadiens se réunirent une fois l’an, sous la présidence du délégué
apostolique, pour passer en revue les problèmes de l’Église canadienne. Mgr
Duhamel, archevêque d’Ottawa, préférerait que tous les évêques participent à
ces réunions; Mgr Bégin y associe ses suffragants en leur demandant
parfois des suggestions pour l’établissement de l’ordre du jour. Je ne saurais
vous dire si ces rencontres ont vraiment eu lieu tous les ans ni comment elles
se déroulaient, car je n’en ai pas encore trouvé les procès-verbaux. Elles
devaient plutôt laisser à désirer sous plusieurs rapports, car, lors de la
réunion des 6 et 7 novembre 1911, Mgr Pellegrino-F. Stagni,
récemment nommé délégué apostolique, propose un certain nombre de règles de
procédure. Les réunions auraient lieu chaque année à Ottawa, le premier
mercredi d’octobre. Les archevêques non disponibles à cette date pourraient se
faire représenter. Un secrétaire permanent ferait connaître à l’avance l’ordre
du jour préparé après consultation des archevêques qui, eux-mêmes, seraient
tenus de consulter leurs suffragants. Il ferait parvenir, à tous les membres de
l’épiscopat un procès-verbal de la réunion. L’abbé C. Lecoq, supérieur de
Saint-Sulpice et ex-secrétaire du concile plénier, assumerait les fonctions de
secrétaire. La réunion du 2 octobre 1912 semble avoir été tenue selon cette
procédure; elle a été la seule.
L’interruption de ces réunions
d’archevêques pose problème. Mgr Bégin en attribue la disparition au
fait qu'’lles «nécessitent un voyage très long pour quelques prélats et fort
dispendieux» 25. L’explication semble incomplète. Ne peut-on pas supposer que la
mésentente entre francophones et anglophones sur la question scolaire et la
nomination des évêques, conjuguée à la diversité des problèmes d’une région à
l’autre du pays, ont miné l’intérêt que les archevêques pouvaient avoir à se
rencontrer? Quoi qu’il en soit, les problèmes communs subsistent et les ennemis
extérieurs obligent à reprendre l’idée. Nommé cardinal le 26 avril 1914 et se
considérant comme le primat de l’Église canadienne, même s’il n'en a pas
officiellement le titre, Mgr Bégin se préoccupe beaucoup de
l’avenir du catholicisme au Canada. Durant la première guerre mondiale, les
moeurs évoluent rapidement et l’institution du mariage semble remise en
question en certains milieux. Plusieurs font pression pour que les
législateurs assouplissent la loi sur le divorce. C’est là un problème du
ressort du gouvernement fédéral et le cardinal Bégin ressent le besoin d’une
action concertée de tout l’épiscopat canadien et l’utilité d’une structure
administrative pour soutenir et orienter le travail commun. En 1921, il
souhaite une réunion de tous les évêques du pays pour discuter « de questions
religieuses bien importantes», notamment le divorce et le mariage. Il songe à
une réunion annuelle de l’épiscopat canadien et à l’établissement d’un comité
central permanent qui ferait un examen préliminaire des questions. Il s’ouvre
de son projet au délégué apostolique, Mgr Pietro Di Maria, et à l’archevêque
de Toronto, Mgr Neil McNeil, arguant que «l’union compacte des
évêques sera toujours une puissance formidable qu’aucun gouvernement ne
saurait mépriser». Lors de leur réunion de l’automne de 1922, les évêques du
Québec étudient la question, mais ne réussissent pas à s’entendre sur «quelque
chose de pratique». Le cardinal Bégin réduit alors son projet à une assemblée
des seuls archevêques, telle qu’elle existait avant 1912, et il presse le
délégué de la convoquer. Les choses traînent en longueur et le départ du
délégué Di Maria, en 1926, les retarde davantage encore.
En 1927, l’archevêque de Toronto réclame à son tour une assemblée
des archevêques mais les évêques du Québec lui font savoir que «dans les
circonstances et avant l’arrivée du prochain Délégué, il n’y a ni lieu ni
possibilité d’obtenir cette assemblée» 26. Dès son arrivée cette année-là,
Mgr Andrea Cassulo prend sur lui de mener à terme ce projet: il
forme un comité provisoire de quatre membres pour préparer une réunion plénière
des évêques et archevêques canadiens. Le délégué suggère trois questions dont
une sur la création d’un comité permanent de l’épiscopat canadien pour suivre
les problèmes relatifs à l’immigration, à l’action sociale et aux sociétés
catholiques laïques. La première réunion des archevêques et évêques du Canada
et de Terre-Neuve a lieu à Québec, les 3 et 4 octobre 1928. Elle est présidée
par le cardinal RaymondMarie Rouleau, successeur du cardinal Bégin. Au cours
de cette rencontre, l’épiscopat refuse de créer un comité permanent des
évêques sur le modèle de la National Catholic Welfare Conference aux
États-Unis. Des évêques craignent «les dépenses additionnelles d’un organisme
semblable, même réduit». D’autres savent que la Consistoriale s’oppose «à ce
que l’on crée cette sorte d’organisme là où il n’en existe pas». On se rabat
donc sur la formule d’un comité ad hoc qui fera rapport tous les cinq
ans à une assemblée de l’épiscopat, quitte à ce qu’aient lieu des réunions
spéciales si dix évêques en font la demande 27. C’est peu, sans
doute, mais c’est quand même la préfiguration de l’émergence d’une structure de
coordination. Mgr Cassulo suggère, en 1932, de tenir ces réunions
tous les trois ans. Il n’est pas entendu, mais les rencontres quinquennales de
1933 et de 1938 montrent qu’il pourrait être opportun d’en tenir plus
fréquemment. L’action concertée commence à proter des fruits intéressants: par
exemple, on avait pu régler la situation financière des diocèses de Regina, de
Gravelbourg et de PrinceAlbert qui ne pouvaient rembourser les emprunts
contractés auprès de la Sun Life, du Crédit foncier, de l’Alliance nationale et
des banques. Si les longues tractations pour aboutir finalement à l’acceptation
d'une réunion quinquennale montraient le peu d’intérêt de la majorité des
évêques pour un travail collégial au niveau canadien, déjà les premiers
résultats poussent à songer à une meilleure unification du leadership et de
l’administration au sein de l'Église canadienne. C’est la guerre 1939-1945 qui
contribuera le plus à faire aboutir ce projet.
II. LE TRAVAIL
COLLÉGIAL AU SEIN DE LA C.C.C.
Le second conflit mondial, en effet, ne
fait pas que favoriser les forces d’unification politique et culturelle, à
l’oeuvre dans la Confédération canadienne, il fait prendre davantage
conscience à la hiérarchie catholique de l’ampleur et de la complexité
croissante des questions qui transcendent les frontières politiques des États
provinciaux, les régionalismes et la juridiction des ordinaires, tels le
communisme, les mariages mixtes, l’interventionnisme de l’État, l’Action
catholique, les clubs neutres, la formation des prêtres, les missions, la
représentation diplomatique auprès du Saint-Siège, etc. Bien plus, lors du
plébiscite de 1942, les discussions qui entourent la préparation d’une lettre
collective montrent encore davantage la nécessité d’une concertation. Le
délégué apostolique, Mgr Ildebrando Antoniutti, suggère de remplacer
l’assemblée quinquennale des évêques par une réunion annuelle des archevêques.
Au printemps de 1942, l’épiscopat du Québec se rallie à l’idée d’une réunion
annuelle des archevêques et d’une réunion quinquennale des évêques canadiens 28. Les archevêques
tiennent leur première réunion à Québec, les 28 et 29 octobre 1942. Le cardinal
Jean-MarieRodrigue Villeneuve qui la préside soulève la question de la concertation
de l’action: l’étendue du pays, la diversité des milieux et la différence des
mentalités rendent problématique, dit-il, «une attitude uniforme de 1’Episcopat
sur certaines questions d’intérêt général». Il suggère que les évêques
canadiens siègent régulièrement en assemblée plénière et qu’entre les réunions
un conseil de l’épiscopat veille à rendre uniformes leur pensée et leurs
directives 29. La proposition du cardinal est vague, mais elle pourra être améliorée
grâce à deux modèles existants: la National Catholic Welfare Conference, née
aux États-Unis après la première guerre, et les associations protestantes
canadiennes qui «grâce à une organisation centrale pouvaient prendre une large
part à la vie nationale du pays et obtenir en particulier des fonds pour
défrayer leurs activités». Les archevêques élaborent donc un projet que les
évêques discutent et précisent lors de leur réunion quinquennale tenue à
Québec en octobre 1943. Ceux-ci s’entendent sur la mise à l’essai d’une
structure qu’il suffira de roder au cours des ans. Elle comprendra: 1) une
assemblée quinquennale de l’épiscopat canadien; 2) un conseil national où
siégeront, une fois l’an, les archevêques et les évêques à la tête des
commissions; 3) un comité exécutif composé du cardinal et de quatre
archevêques; 4) neuf commissions permanentes mandatées pour étudier, sous la
présidence d’un évêque et avec le concours de théologiens et d’experts, des
questions complexes à soumettre au conseil canadien; 5) un secrétariat.
Commence alors la mise en place du nouvel organisme. Le comité exécutif tient
sa première réunion à Québec le 15 décembre 1943. Il met sur pied le
secrétariat permanent de l’épiscopat, dont le siège social sera à Ottawa et
dont le fonctionnement sera supervisé par deux secrétaires, l’un francophone
et l’autre anglophone. Le 26 septembre 1945, le conseil national amorce l’étude
d’une constitution qui sera approuvée pour cinq ans par la Consistoriale en
juin 1948 et par l’assemblée des évêques le 13 octobre de la même année. Selon
ce texte, la Conférence catholique canadienne (C.C.C.) est une organisation
volontaire des évêques canadiens vouée à l’avancement de l’Église et à la
coordination de l’activité catholique au Canada. Ses rouages comprennent: 1)
une assemblée annuelle des évêques; 2) un bureau d’administration composé ex officio des cardinaux et de
l’archevêque de Québec, et de six évêques élus par l’assemblée; 3) six commissions
chargées d’aviser les évêques et de donner suite aux décisions prises par
l’assemblée et le bureau d'administration; 4) un secrétariat localisé à Ottawa
et dirigé par deux secrétaires.
Instrument moderne beaucoup plus efficace
que tout ce qui a existé auparavant, la C.C.C. s’est révélée, sans conteste, un
organisme de vigilance, de consultation et de coordination qui a assuré une
plus grande influence et un plus grand prestige à l’Église catholique
canadienne. Tout en tenant compte d’une façon prudente de la dualité
canadienne, avec double branche pour le secrétariat et les commissions et
représentation anglophone et francophone égale au bureau d’administration,
elle a permis l’élaboration de politiques d’ensemble, la promulgation de
textes communs et, entre les Églises anglophones et francophones, une
concertation fructueuse dans de multiples domaines allant de la liturgie à
l’oécuménisme. Pour l’épiscopat du Québec – et, mutatis mutandis, pour
celui des autres régions du pays – la C.C.C. a été un lieu où il a pu mieux
veiller aux intérêts spécifiques des catholiques francophones répartis à
travers le Canada. Elle a constitué aussi tout à la fois un horizon élargi et
un mécanisme d’insertion dans les affaires canadiennes et internationales. Elle
a aussi inspiré les méthodes de travail de l’épiscopat du Québec aux prises lui
aussi avec des problèmes accrus et complexes (mais avec le danger de doubler
les organismes de la C.C.C.).
Cependant, les évêques ont-ils appris, au
sein de la C.C.C., à travailler de façon collégiale? Je n’ai malheureusement pas
tous les éléments pour répondre d’une façon complète à cette question, mais
une incursion dans la documentation issue de l’organisme, me permet d’en douter
beaucoup. C’est, en grande partie, le mode de fonctionnement qui est en cause.
Par bien des aspects, la C.C.C. a eu tendance à devenir une petite curie
romaine au sein de laquelle les cadres permanents et les experts ont pesé
lourds dans les orientations et les décisions que prenait l’épiscopat. Ce n’est
guère surprenant quand on songe aux réticences qui ont précédé sa naissance,
qu’elle a été une superstructure mal articulée aux chancelleries diocésaines
et aux assemblées épiscopales régionales, que les hommes qui composaient son
Assemblée plénière se connaissaient peu, qu’ils communiquaient difficilement à
cause de la disparité linguistique, qu’ils n’avaient pas l’habitude du travail
en équipe ni, ne l’oublions pas, les mêmes idées sur le Canada et l’insertion
de l’Église dans un pays aussi diversifié.
Ce diagnostic a été posé, dès 1964, donc
pour les 20 premières années d’existence de la C.C.C., par l’abbé Charles-E.
Mathieu, à titre de nouveau secrétaire général. Voici quelques extraits de
cette analyse lucide et prophétique:
Je constate
jusqu’ici que les Évêques font trop confiance à leurs «permanents» en ce sens
qu’Ils s’en remettent presque sans étude ou discussion à leurs recommandations.
[ ... ] La conférence, dans sa structure actuelle, n’est pas assez
démocratique; et c’est peut-être pour cela que plusieurs Membres ne s’y
engagent pas? [... ] les Évêques - pas plus que les médecins, avocats, chefs
d’entre-prises, etc. – n’ont eu la chance d’apprendre à travailler en équipe, à
s’affronter, à discuter à l’aise, à parlementer... Ils devront l’apprendre à la
C.C.C., coûte que coûte, à leurs risques et dépends... [ ... ] La collégialité
aura beau être définie en termes de théologie ou de droit canon, elle devra en
définitive s’exprimer dans les faits et la réalité psycho-sociale quotidienne.
Le dialogue s’apprend et se pratique. Le travail d’équipe aussi... [... ] Enfin
viendra l’heure de la véritable planification et action d’ensemble. [... ] Au
moment de l’action concertée apparaîtra alors, selon toute probabilité,
l’opportunité de «décentraliser» la CCC et de réévaluer ses services en relation
avec ceux des chancelleries diocésaines, de l’assemblée épiscopale du Québec et
du Manitoba (les seules qui existent et fonctionnent actuellement). 30
Ces propos ne tombent pas dans l’oreille de sourds et, dès 1965, commence
un immense travail de mise à jour. En 1966-1967, le diligent abbé Mathieu fait
parvenir aux évêques un très volumineux (7 documents, 748 pages) Rapport sur
l’évaluation et la réorganisation de la C. C. C.. Dès lors s’enclenchent
toute une série de réformes dont le point culminant sera, en 1973, la
régionalisation de la C.C.C., qui deviendra en 1977 la C.E.C.C. (Conférence des
évêques catholiques du Canada). C’est une tentative pour accroître une
collégialité fragile en donnant de nouveaux pouvoirs aux unités pastorales de
base, les secteurs apostoliques. La C.C.C. y est fortement poussée par l’A.E.Q.
qui a elle aussi entrepris sa réforme et qui, dès 1971, désire devenir une
région ecclésiastique, dans le sens indiqué par Christus Dominus, à
cause «d’une solidarité vécue depuis cent ans» et de la nécessité de bâtir une
pastorale homogène, ancrée dans les réalités socio-culturelles 31. Tout n’est pas réglé
définitivement, puisque, encore en octobre 1982, les évêques se permettent,
publiquement, une séance de défoulement collectif rapportée par la presse. Une
intervention, celle de Mgr Alexander Carter, de Sault SainteMarie,
est particulièrement remarquée:
«On a tourné autour du
pot assez longtemps et c’est le temps de se parler ouvertement et franchement»,
a soudain déclaré au micro un évêque ontarien anglophone, originaire du Québec,
Mgr Alexander Carter, de Sault-Sainte-Marie. «Je trouve que les
évêques du Québec ne sont pas une minorité ici, a-t-il poursuivi. S’ils se
sentent un peu dépaysés au sein de la CECC, c’est peut-être qu’ils ne sont pas
à leur aise lorsqu’ils sont en dehors du Québec. Après avoir entendu ce qu’il
s’est dit sur les frustrations de certains évêques québécois dans notre
organisme, je crois qu’il faut et que nous devons nous poser la question:
est-ce que nous voulons une ou deux conférences épiscopales canadiennes? Quant
à moi, je serais très humilié et très découragé si nous devions en venir à nous
scinder en deux conférences. Quelle image de l’Église projetterions-nous, en
effet, si les évêques du Québec se séparaient de la CECC?... Je crois que le
problème auquel nous faisons face présentement n’est pas un malaise, c’est une
maladie. Et cette maladie, ne sera pas guérie par des voeux pieux... » 32
CONCLUSION
De ce premier survol de l’activité collégiale des évêques
canadiens, je retiens les éléments suivants qui nuancent mon hypothèse de
départ:
1) L’épiscopat canadien a un long passé de travail collégial.
Que ce soit dans les conciles ou dans les assemblées d’évêques, les prélats ont
partagé leurs idées et pris des décisions communes, surtout dans les domaines
doctrinaux et disciplinaires. Il ne faut pas se surprendre, cependant, si ce
travail collégial ne correspond pas totalement à la vision de collégialité
développée par Vatican II.
2) Malgré certaines lacunes, la collégialité épiscopale se vit
mieux dans les regroupements d’unités de base homogènes et d’un milieu socioculturel
rapproché: les assemblées régionales et, au Québec, les inters. Cette
collégialité demeure fragile: ce sont des hommes qui composent ces organismes,
et des hommes de valeur, doués de riche personnalité habitués à diriger et à
commander, pour qui, avouons-le, il n’est pas facile de sacrifier une partie de
leur autonomie au profit d’une intégration à un ensemble. Déjà en 1966, l’abbé
Mathieu le soulignait: «De tous les types d’association, [les groupements de
dirigeants et de chefs] sont en effet habituellement les plus difficiles à
organiser, à maintenir et à développer » 33.
3) Enfin, malgré des efforts sincères et de
nombreux aspects positifs de la CCC et de la CECC, 34 au niveau canadien
la collégialité a été acquise péniblement, elle m’apparaît encore superficielle
et fragile et elle demeurera telle, je crois, tant que l’Église sera insérée
dans une société politique elle-même divisée et quasi ingouvernable.
Nive VOISINE
Département
d’histoire
Université Laval
*Ce texte a été fait
conjointement avec Jean Hamelin. Je l’ai rédigé entièrement, mais, pour la
partie concernant le XXe siècle, mon collègue a assuré toute la
recherche. Il m’a également permis de puiser largement dans le manuscrit du
volume III de l’Histoire du catholicisme québécois, qu’il a rédigé en
collaboration avec Nicole Gagnon (pour le premier tome) et qui doit paraître en
mai 1984 chez Boréal Express. Je suis néanmoins responsable des interprétations
et des erreurs. N.V.
2Pour construire l’Église
nouvelle: normes d’applications du Concile Vatican Il et documents
complémentaires, Montréal, Fides, 1969, pp. 305-39; je cite Lumen Gentium et Christus
Dominus d’après Paul-Aimé Martin, dit., Vatican II: les seize documents
conciliaires, texte intégral, 2e éd., Montréal, Fides, 1967. Voir aussi
Bernard A. Prince, «Episcopal Conferences and Collegiality», Le séminaire,
vol. 34, no 1 (fév. 1969), pp. 27-33.
3J. Hamer, « Les
conférences épiscopales, exercice de la collégialité », Nouvelle revue
théologique, t. 85, no 9 (nov. 1963), p. 967.
4Paul E. Crunigan,
«L’Église au Canada de 1850 à nos jours», Roger Aubert et al., L’Église dans
le monde moderne, Paris, Le Seuil, 1975, p. 256.
5Guy Arbour, Le
droit canonique particulier au Canada, Ottawa, Ed. de l’Université
d’Ottawa, 1957, pp. 37-40.
6Lucien Lemieux, L’établissement
de la première province ecclésiastique au Canada, 1783-1844, Montréal,
Fides, 1968, passim.
7Ibid., p. 459.
8Mgr
Signay à Mgr Ignace Bourget,
1 janv. 1845, Archives de l’archevêché de Québec (AAQ ), Registre des
lettres, 21, p. 144.
9Mgr Bourget à
Mgr Signay, 24 av. 1841, cité dans Lemieux, op. cit.,
p. 459.
10Jacques Grisé, Les
conciles provinciaux de Québec et l’Église canadienne (1851-1886),
Montréal, Fides, 1979, pp. 31-40.
11Ibid. , p. 66.
12Ibid., p. 59.
13Pour plus de
détails, voir: Grisé, op. cit., pp. 267-88; Nive Voisine, LouisFrançois
Laflèche, deuxième évêque de Trois-Rivières, t. I, Saint-Hyacinthe, Edisem,
1980, pp. 122-25.
14Mgr J.J.
Lynch à Mgr G. Conroy, 10 mai 1877, Archives de Propaganda Fide,
Rome (APFR), Scritture riferite nei congressi (SRC), America
Settentrionale-Canadà (ASC), 16 (1877A), f. 78r-81v.
15Mgr
Taschereau à Mgr Thomas Duhamel, 9 janv. 1879, AAQ, Registre des
lettres, 32, pp. 504-6.
16Le même à Mgr
Louis-François Laflèche, 23 avril 1879, ibid., 32, pp. 580-1.
17Mgr
Bégin au card. Mieczyslaw Ledóchowski, 19 sept. 1899, ibid., 38, p. 27.
18Le même à Mgr
T. Duhamel, 7 mai 1906, AAQ, 321 CN, Diocèse d’Ottawa, II, 126.
19Lionel Lindsay,
éd., Le premier concile plénier de Québec (10 septembre-1er
novembre 1909). Québec, Impr. de L’Événement», 1910, 306 p. Bruno
Desrochers, Le premier concile plénier de Québec et le Code de droit
canonique. Washington, The Catholic University of America Press, 1942, 186
p.
20N. Voisine, op.
cit., I, pp. 134-7.
21« L’assemblée des
évêques», Le Journal de Québec, 20 oct. 1871, p. 2.
22 Mgr
Jean Langevin, [Procès-verbal de l’assemblée de la province ecclésiastique
du Québec], 25 oct. 1871, Archives de l’évêché de Trois-Rivières (AETR),
Fonds Laflèche, A4, 2-1.
23Mgr J.
Langevin à Mgr Taschereau, 30 juin 1883, Archives de l’archevêché de
Rimouski (AAR), Registre spécial de correspondance, III, pp. 226-7.
24« Lettre collective
des évêques du Québec au pape Pie XI», annexe au Procès-verbal de la
réunion des évêques de la province civile de Québec, 6 fév. 1929.
25Mgr
Bégin au card. Gaetano de Lai, secrétaire de la Consistoriale, 21 mars 1916,
AAQ, Registre des lettres, 49.
26Procès-verbal de la
réunion des évêques de la Province civile de Québec, 1er fév. 1927.
27Procès-verbal de la
réunion des archevêques du Canada, 3-4 octobre 1928, AAR, Canada,
1928-1948.
28Procès-verbal de la
réunion des archevêques et évêques de la province civile de Québec, 5 mai 1942.
Procès-verbal de
l’assemblée des archevêques du Canada, 28-29 oct. 1942.
30 Charles-E. Mathieu, Les
dix prochaines années de la CCC, 9 mai 1964, 2 p.
31Procès-verbal de la
réunion des archevêques et évêques de la province civile de Québec, 15-16 sept. 1971.
32Le Soleil, 28 oct. 1982, p. D-20.
33C.-E. Mathieu,
Évaluation et réorganisation de la Conférence catholique canadienne, t. I,
p. 32.
34L’abbé Mathieu les
résument ainsi: « la participation active et l’assiduité des Membres aux
réunions, aux consultations, aux votes; la nature généralement démocratique des
délibérations; la bienveillance mutuelle des relations et des communications
entre les Membres; le biculturalisme et le bilinguisme exemplaires qui
imprègnent toute la vie de la Conférence; l’organisation méthodique; l’aide
financière considérable aux diocèses et aux oeuvres; le nombre élevé de
personnes et d’organismes déjà à l’oeuvre au service de l’Épiscopat, et cela
bien avant que le Concile ne vienne consacrer officiellement l’existence et le
rôle des conférences épiscopales; etc. etc. » (Ibid., p. 33).