CCHA, Study Sessions, 50 (1983-84), 7-10
Homily / Homélie
Fiftieth Anniversary of the Canadian
Catholic Historical Association
L’Évangile que nous venons de lire nous raconte que Joseph et Marie étaient étonnés de ce que l’on disait de leur fils.
Cette remarque, en apparence sans importance, révèle un fait important: laissés à nous seuls, nous sommes incapables de discerner pleinement les desseins de Dieu. Si Marie et Joseph ne savent pas très bien ce que Dieu veut faire pour nous ou son Fils, eux si près de lui, qu’en est-il de nous. La première leçon qui se dégage déjà de cette brève réflexion est que nous avons besoin de l’aide de la Révélation pour comprendre l’oeuvre de Dieu dans le monde.
Qu’est-ce que cela a à faire avec l’histoire? direz-vous peut-être. Vatican II l’a rappelé: Dieu nous parle dans des «signes», et nous avons la redoutable responsabilité de les interpréter.
Ces signes sont des événements, des désirs exprimés, des modes de vie propre à une époque, etc. Pris un à un ces signes représentent une poussière de faits, apparemment sans lien entre eux et fort difficiles à comprendre. N’est-ce pas le rôle des historiens de les organiser «en histoire»? Et en ce faisant, ne permettent-ils pas au Peuple de Dieu de mieux saisir les desseins de Dieu sur lui et d’entrer dans son plan d’action? C’est, me semble-t-il, dans cette perspective de foi qu’il faut regarder la tâche des historiens pour la bien comprendre. Regardons l’Ancien Testament. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob se fait connaître à des hommes choisis, et par eux, au peuple qu’il veut former.
Le Dieu de la Bible est le Dieu de l’histoire. C’est par double médiation et la conjonction de paroles et d’événements que se réalise la rencontre de Dieu et de l’homme ou de la femme. La Révélation est donc à la fois dialogue et histoire. De multiples manières et à travers de nombreux signes, Dieu s’exprime: l’Élection, l’Alliance, la Loi, la Promesse. Il n’est pas le Dieu d’un instant, mais celui qui habite le déroulement de l’histoire.
Si l’on revient au Nouveau Testament, nous constatons que Jésus, comme Fils de Dieu dans son humanité, réalise l’économie du salut à l’intérieur de l’histoire humaine.
Bien sûr, comme Joseph et Marie, l’homme est dépassé, précédé, par ce que Dieu fait et révèle en son Fils. Mais est-ce que Dieu ne s’explique pas un peu plus au fur et à mesure que les événements et le récit qui expriment des relations entre eux, en livre explicitement ou implicitement une interprétation? Est-ce que le vrai rôle de l’histoire ne serait pas de lever le voile, graduellement, sur le don que Dieu fait de lui-même par son Fils? Si c’est cela, comme je le pense, votre travail est beau et grand.
Et j’y reviens, tellement c’est important de le comprendre; c’est dans une perspective de foi que votre travail d’historiens répond à la fois au dessein de Dieu et à un besoin fondamental de l’homme. C’est ainsi que vous participez à la grande mission de l’Église, qui est d’évangéliser.
Once this is understood, we realize that there is at the heart of History, at the heart of the History of the Church, a power at work, a power that is beyond us as individuals, but it is not entirely outside of us. It is the supreme power that is behind all the powers at work in human beings and nature. This power can be called God. Jesus also calls it Faith. It is faith that releases within us a power that is beyond us. It was their faith that enabled the sick to be cured, and sinners to be released from their sins. So too, it is our faith that enables the Kingdom, towards which we are travelling, to come. In that perspective of faith, history becomes the history of our salvation.
Is it not the first lesson that comes out of today’s readings? Why would Christ ‘During his life on earth, offer up prayer and entreaty, aloud and in silent tears, to the one who had the power to save him out of death, and submit so humbly that his prayer was heard, if he did not believe in a force ultimately guiding the history of mankind?’ (Hebrews 5: 7-8) Why would Simeon predict to Mary that her Son would be ‘destined for the fall and for the rising of many in Israel, destined to be a sign that is rejected – and a sword would pierce her own soul too – so that the secret thoughts of many might be laid bare’, if he did not believe in a God of the Universe? (Luke 2: 34-35) In a perspective of faith, history is a place where we meet God and where, with Him, we can better the world.
Isn’t this one of the great needs of our time? What a service our historians would render our world if they could succeed in conveying this fact to men and women who do not seem to realize that we are all engaged, collectively and historically, with God, in a common destiny.
Passons à un second texte, celui qui nous dit que les souffrances de la passion ont appris à Jésus, tout Fils qu’Il était, l’obéissance.
C’est aussi ce que devrait nous apprendre l’histoire. L’histoire est régie par certaines règles qu’on ne peut violer sans en subir les conséquences. D’abord, à vivre dans l’instant la société humaine perd de vue son axe de marche et le sens de son pèlerinage se perd. Par ailleurs, dans un monde qui vit sous le signe du provisoire, ce serait une erreur que d’essayer de vivre dans la quiétude d’une simple reproduction du passé. Le problème qui se pose alors en est un d’équilibre entre la «continuité charnelle», comme dirait S. Paul, et la «fidélité spirituelle», celle qui nous vient de l’Esprit, et qui ne peut être programmée. Seule l’obéissance à l’Esprit peut assurer à l’homme cet équilibre qui est fidélité à l’histoire. Le véritable historien, à mon humble avis, doit refuser aussi bien la fatalité qu’une crispation sur des usages et formules du passé. Il doit reconnaître que si l’histoire, comme la Tradition d’ailleurs, est croissance, cette croissance prend sa racine dans un passé. Nous trouvons un exemple de cela dans les écrits de Jean. Pour lui, la dimension du passé, bien qu’accomplie dans la présence du Ressuscité, n’est pour autant abolie. Il présente cette existence terrestre dans sa durée concrète, mais dans son sens véritable qu’il connaît grâce aux enseignements de Jésus concernant sa mission dans le monde. Aux yeux de la foi, Dieu a voulu nous envoyer son Esprit pour nous guider dans cette marche. Dans une telle perspective, l’histoire du monde peut devenir un lieu de contemplation révérentielle.
C’est pour l’avoir oublié que nos contemporains, les jeunes surtout, ont perdu le sens de leur vie. Le résultat, c’est la peur. La peur de ce qu’a réalisé le génie humain au fur et à mesure de sa marche dans l’histoire. On avait pensé que l’approche scientifico-technique pourrait résoudre absolument le problème de l’existence humaine. Petit à petit, on se rend compte que la nature elle-même n’est pas un matériau neutre, susceptible de n’importe quel traitement irrespectueux. On est venu à se demander si le monde inanimé ne nous parlerait pas un langage d’amitié. Mais alors se pose la vraie question: de la part de qui? Bien sûr, de la part de Celui qui habite l’histoire pour la bâtir avec nous.
This is why I believe that the Christian meaning of History which is more visible in Church History, may well be an answer to the quest of a number of persons who are searching for meaning.
Allow me to congratulate you for your very important work. May the Spirit who is the driving force in the history of the Church be with you all.
AMEN!