S.C.H.E.C.. Sessions d’étude, 50 (1983), 361-380

 

Les missionnaires canadiens à l’étranger
au XXe siècle

 

        J’ai accepté comme un heureux défi de répondre à l’invitation que vous m’avez faite de participer à votre congrès et d’aborder un sujet très vaste, celui de la présence des missionnaires canadiens à l’étranger au XXe siècle. Ce défi, j’essaie de le relever avec d’autant plus de joie qu’il me replonge dans un de mes sujets préférés auquel j’ai pu m’adon­ner corps et âme pendant plusieurs années, plus particulièrement de 1971-1977, en tant que directeur de l’Institut des Services Missionnaires de l’Université Saint-Paul. L’Université Saint-Paul, autrefois l’Université d’Ottawa, eut l’honneur de fonder la première chaire de missiologie au Canada et c’est dans ses murs que se tenait en 1934 la première Semaine d’études missionnaires du Canada1.

     Mgr Delacroix, dans son histoire universelle des missions 2, divise celles-ci en trois grandes périodes: les missions, des origines au XVIe siècle (t. 1); les missions modernes (XVIIe et XVIIe siècles) (t. 2); l’expansion des missions dans le monde entier (XIXe et XXe) (t. 3). Au début du XIXe siècle, les missions se trouvaient dans un état de crise profonde à la suite de la querelle des rites, des difficultés qu’oppo­saient à l’évangélisation et à l’organisation des territoires de missions les régimes de patronat du Portugal et de l’Espagne, de la diminution des missionnaires provoquée par la suppression de la Compagnie de Jésus et des ordres religieux, la pénurie du recrutement des vocations, la con­fiscation des biens du clergé 3. Ce n’est que sous Grégoire XVI (1831-1846) que la crise se résorba et qu’on vit une reprise lente du travail missionnaire grâce à la reconstitution des congrégations, au renouveau catholique et missionnaire européen et à l’ouverture des territoires de l’Asie aux Occidentaux à partir du milieu du XIXe siècle 4. Les missions connurent alors une expansion sans précédent dans les cinq continents sous la direction et l’animation de grands Papes missionnaires, particuliè­rement à compter de Pie IX 5.

     Cette époque missionnaire des XIXe et XXe siècles fut marquée par la présence de nouveaux intervenants. Au plan civil, les puissances catholiques cèdent la prépondérance aux puissances protestantes et c’est avec de nouveaux pionniers que se développent les missions contempo­raines. Il faut dorénavant compter avec les missionnaires protestants venus de l’Angleterre d'abord, puis de la Hollande, de l’Allemagne vers la fin du XIXe siècle et des États-Unis d’Amérique au XXe 66. C’est à cette époque que furent fondées de nombreuses sociétés missionnaires, des oeuvres d’assistance, d’éducation, de diffusion de la Bible et des tracts religieux, des associations d’étudiants, d’hommes et de femmes qui rendirent présentes les missions protestantes dans presque tous les pays du monde 7.

     Du côté de l’Église catholique, les appels des Papes en faveur des missions trouvèrent un écho favorable dans toutes les communautés. La littérature missionnaire d’édification est née à cette époque 8 de nombreuses oeuvres et sociétés missionnaires furent fondées 9, le finan­cement nécessaire aux activités missionnaires se multiplia 10 et on vit apparaître des collaborateurs nouveaux sur la scène de la mission 11.

     Si l'expansion de l’Évangile à l’échelle du globe a fait du XIXe siècle le siècle des missions, le XXe est caractérisé par le développe­ment des communautés chrétiennes autochtones et la naissance de jeunes Églises qui prennent graduellement leur destinée en mains et transfor­ment profondément l’apostolat missionnaire. Dans cette grande aventure des missions à l’étranger, quelle fut la participation des missionnaires catholiques canadiens? Quelle place occupent-ils dans ce qui fut sur­nommé « la croisade des temps modernes » ?

     Disons tout d’abord que les catholiques canadiens, entrés tardive­ment sur la scène missionnaire internationale, n’étaient pas pour autant des néophytes sans expérience de la mission. Leur zèle, en ce domaine, remontait aux origines de la colonisation de ce pays et s’était porté sur les premiers occupants du nouveau monde, les Indiens. Suite à la con­quête anglaise de 1760, cet élan missionnaire se poursuivit, mais avec un personnel réduit, et permit d’atteindre du sud au nord et de l’est à l’ouest les nombreux groupes de Blancs, d’Indiens et d’Inuit dispersés dans les régions immenses du Canada et même des États-Unis 12.

     Au début du XXe siècle, le Canada ne possédait encore aucune mis­sion autonome hors de ses frontières. On pouvait bien compter quelques personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine qui, à titre d’indi­vidus, oeuvraient dans des sociétés religieuses étrangères 13. Certains dignitaires étrangers croyaient que ce dévouement anonyme et individuel était et devait demeurer le lot des Canadiens. Lorsque Mgr de Guébriant vint au Canada en 1920 pour y fonder une succursale de la Société des Missions-Étrangères de Paris, il suggéra que les jeunes Canadiens aillent en France se faire former, le Canada n’ayant pas l’expérience des missions. Mais le Cardinal Bégin de Québec riposta en ces termes: «Il y a déjà quelques temps que le Canada français fournit hommes et argent aux oeuvres et missions. Mais parce que ces contributions furent tou­jours immergées dans des entreprises étrangères, nous n’en eûmes jamais le crédit. Voilà pourquoi, sans doute, nous passons à Rome et ailleurs, pour des operarii otiosi et qui vivent en dehors du grand cou­rant d’évangélisation où sont entrés tous les autres» 14. Cette impression de marginalisation ou d’isolement par rapport au mouvement mission­naire international devait vite disparaître et les Canadiens prirent leur place sous le soleil d'autant plus rapidement qu’ils voulurent répondre, comme Église, à un appel du Pape Benoît XV.

     La guerre de 1914-1918 avait eu des conséquences négatives sur l’apostolat missionnaire. Comme le signale A. Rétif: elle «avait porté un rude coup aux missions. La mobilisation de missionnaires (dont plu­sieurs tombèrent sur les champs de bataille), les mesures prises dans les pays alliés et leurs colonies contre les missionnaires allemands et autri­chiens et dans les territoires turcs contre les ressortissants français avaient désorganisé nombre d’entre elles» 15. Le Pape Benoît XV, dans son encyclique «Maximum illud» du 30 novembre 1919, faisait un appel pressant «tout d’abord à ceux qui, en qualité d’évêques ou de vicaires ou préfets apostoliques, sont placés à la tête des Missions: c’est à eux tout les premiers que revient la pleine responsabilité des progrès de la foi, c’est sur eux principalement que l’Église fonde l’espoir d’élargir ses frontières» 16.

     L’Église canadienne se mit à l’oeuvre avec l’établissement au pays de la Sainte Enfance 17, de l’Union missionnaire du Clergé 18, de l’oeu­vre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre 19, mais aussi avec la réorganisa­tion de l’oeuvre de la Propagation de la Foi au Canada, en 1922 20. L’épiscopat de la Province civile de Québec avait fondé l’année précé­dente le séminaire des missions-étrangères de Pont-Viau 21 et le corres­pondant de celui-ci, du côté de l’épiscopat de l’Ontario, ouvrait ses portes à Scarboro en 1924. En 1934, le Canada compte déjà plusieurs territoires de missions qui lui sont confiés en propres: deux diocèses, six vicariats apostoliques et trois préfectures. Il a à l’extérieur de ses frontières sept évêques missionnaires, trois administrateurs apostoliques et un préfet apostolique 22. Le nombre des missionnaires canadiens dépendant de la Propagande en 1932 était de 1,242, soit 340 prêtres, 180 frères ou scolastiques et 722 religieuses. Le contingent de nouveaux missionnaires qui quittaient pour les quatre coins du monde était de 178 en 1933 et de 209 en 1934 23. Les communautés religieuses proprement canadiennes et celles de l’étranger installées au pays connaissaient un bon recrutement et les départs missionnaires pour tous les continents se multipliaient. En 1947, 70 institutions d’hommes et de femmes oeu­vraient dans les divers territoires de missions. De ce nombre, 18 comp­taient plus de 50 missionnaires à l’étranger; quelques années plus tard, 4 en avaient chacune plus de 200. En 1959, l’ensemble des missionaires catholiques canadiens atteignait les 5000, répartis dans 68 pays diffé­rents 24. La progression se continua jusqu’en 1971, année record où le Canada comptait 5256 missionnaires oeuvrant dans une centaine de pays 25

     Cet élan missionnaire était maintenu et développé de moult façons. Toutes les couches de la population étaient atteintes par des oeuvres nombreuses d’animation, d’éducation, de soutien spirituel et matériel. On y voyait des centres d’études spécialisés 26, des organismes de base 27, des mouvements pour jeunes 28. Les revues nombreuses 29, les exposi­tions 30, les semaines d’études 31, les sessions de formation 32, les congrès 33, les dimanches des missions, les oeuvres de prières 34 et de soutien matériel 35 étaient autant de moyens utilisés pour rappeler qu’un chrétien convaincu considère la foi comme un don précieux qu’il désire partager.

     D'où venaient ces missionnaires, quels statuts avaient-ils, où travail­laient-ils et que faisaient-ils dans ces nombreuses régions dites de missions? Les tableaux suivants que nous commenterons permettent de répondre globalement à ces questions 36

 

Tableau I

Missionnaires catholiques canadiens à l’étranger

 


Continent

1958

1965

1967

1971

1975

1977

1979

1981

Afrique

1 420

1 768

1 785

2 245

1 901

1 640

1 499

1 339

Amérique latine

972

1 289

1 883

1 894

1 780

1 721

1 656

1 534

Asie et Océanie

928

1 086

 

 

 

 

 

 

Asie

 

 

1 099

981

944

917

768

674

Océanie

 

 

118

136

178

169

165

146

Total

3 320

4 143

4 885

5 256

4 803

4 447

4 088

3 693

 

 

 

     On peut dégager de ce premier tableau les conclusions suivantes.

 

1) Le nombre des missionnaires catholiques à l’étranger a augmenté en flèche jusqu'en 1971; l’écart positif en 1958 et 1971 est de l’ordre suivant:

          pour l’ensemble:         + 58,3%

          pour l’Afrique:           + 58,0%

          pour l’Amérique latine:    93,9%

          Pour l’Asie et l’Océanie : + 31,1% (sommet atteint en 1967, non en 1971).

 


2)     L’augmentation pour l'Asie s’est arr tée en 1967 alors qu’elle s’est poursuivie en Océanie jusqu'en 1975.

 

3) La diminution du nombre des missionnaires catholiques canadiens à l’étranger, après 1971, fut rapide: L’écart négatif de 1971 à 1981 est l’ordre suivant:

     pour l'ensemble:              -29,7%

     pour l’Afrique:           -49,2%

     pour l’Amérique latine:    -19,0%

     pour l’Asie:                -38,6% (de 1967 à 1981)

     pour l’Océanie           -17,8% (de 1975 à 1981)

 

4) L’augmentation signalée plus haut pour l’ensemble des continents s’explique d’abord et avant tout par l’esprit missionnaire qui s’est grandement développé au pays, par les grandes encycliques des Papes sur les missions 37, par les appels pressants de Pie XII dans les an­nées ‘50 en faveur de l’Amérique latine, par les vocations nombreu­ses qu’avaient les communautés religieuses et les diocèses durant la période de 1930 à 1965 environ.

 

5) La diminution du nombre de missionnaires à compter de 1971 a aussi de nombreuses explications : a) la crise des vocations au Canada. De­puis une dizaine d’années les départs de nouveaux missionnaires sont de moins en moins fréquents, b) le retour de nombreux missionnaires à l’âge de la retraite. Dans les années 1935 à 1955, des centaines de missionnaires partaient chaque année pour les quatre coins du monde. Beaucoup sont maintenant à l’âge de la retraite et reviennent à leur pays d’origine, c) la difficulté de s’adapter à la situation nou­velle des pays devenus indépendants. Il faut un grand esprit de renon­cement et une souplesse remarquable pour accepter de nouvelles responsabilités, travailler sous de nouveaux maîtres, exécuter des ordres qui ne cadrent pas toujours avec ses vues personnelles, vivre la spiritualité du Précurseur: «À lui de grandir, à moi de diminuer». d) le renvoi de certains missionnaires par les autorités civiles, le non-renouvellement des visas, l’interdiction de faire un travail direct d’évangélisation. Les missionnaires qui s’engagent dans la lutte pour la justice sociale sont facilement accusés de menées révolutionnaires et invités à quitter. De nombreux pays, pour des raisons différentes, refusent tout missionnaire en tant que missionnaire. Une personne peut faire du travail social mais ne peut travailler à construire une communauté chrétienne dans le milieu en prêchant directement l’Évangile. Les pays qui refusent ainsi le travail d’évangélisation directe regroupent une population de plus d’un milliard de personnes. e) la multiplication des vocations dans les pays de jeunes chrétientés. Bon nombre de jeunes Églises, en Afrique et en Asie sont devenues elles-mêmes missionnaires. C’est le cas du Ceylan, du Lesotho, des Indes et de plusieurs autres. Les vocations sont nombreuses dans cer­taines régions. Les Carmélites de Marie Immaculée de Kerala, aux Indes, avaient le 11 mai 1981 une profession temporaire de 40 mem­bres, une profession perpétuelle de 25 et 23 diacres seront ordonnés prêtres. Cette communauté envoie de ses membres en Allemagne de l’Ouest, aux États-Unis, au Pérou et elle ouvrira bientôt un nouveau champ d’apostolat en Zambie. f) la conviction que chaque Église locale doit se prendre en main en multipliant les apôtres sur place, surtout en travaillant à la promotion du laïcat. On comprend de plus en plus le sens profond de ce texte de Vatican II: «L’Église n’est pas fondée vraiment, elle ne vit pas pleinement, elle n’est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes si un laïcat authentique n’existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie. L’Évangile ne peut s’enfoncer profondément dans les esprits, dans la vie, dans le travail d’un peuple, sans la présence des laïcs (L’activité missionnaire de l’Église, (Ad Gentes) no 21). g) la prise de conscience des besoins missionnaires de vieilles chrétientés. Les Églises de vieilles chrétien­tés sont devenues des territoires de missions et elles ont de plus en plus besoin de missionnaires au sens le plus fort du mot. Pour aller en mission, il n’est plus nécessaire de franchir des frontières géo­graphiques et de changer de culture. Des groupements humains traditionellement pourvoyeurs de missionnaires à l’étranger ont besoin d’être ré-évangélisés. Beaucoup de nos gens, sans avoir officielle­ment renoncé à leur foi au Christ, ne sont plus dynamisés par celle­-ci. On parle d’une sorte d’hémorragie; ils ont quitté sans bruit par la porte dérobée. Ils se sont départis de leur christianisme comme on se débarrasse d’un vieux manteau qui n’a vraiment jamais collé à sa peau.

 

Tableau 2
Nombre de missionnaires catholiques canadiens religieux
et religieuses dans chaque pays

AFRIQUE

1971

1975

1981

AFRIQUE

1971

1975

1981

Algérie

32

17

11

(suite)

Maurice, Ile

1

25

10

Bénin

19

12

10

Mauritanie

0

0

1

Burundi

30

34

19

Mozambique

3

3

0

Cameroun

249

232

157

Niger

24

16

21

Centre africain,

5

5

11

Nigeria

58

55

37

Empire

Congo

8

3

7

Réunion,

5

3

1

Côte d'Ivoire

72

70

34

Ile de la

Rwanda

65

54

53

Djibouti

0

0

6

Sénégal

65

71

59

Égypte

5

7

11

Seychelles, Iles

13

8

8

Éthiopie

23

19

8

Sierra Leone

0

1

0

Gabon

11

13

13

Soudan

0

0

1

Gambie

2

4

5

South African

29

38

20

Ghana

78

36

33

Republic

Swaziland

4

6

2

Guinée

0

1

0

Tanzanie

122

77

70

Haute-Volta

46

34

26

Tchad

46

54

31

Kenya

6

20

18

Togo

7

9

3

Lesotho

196

172

108

Transkei

0

0

2

Liberia

11

8

2

Tunisie

28

22

5

Madagascar

131

82

52

Uganda

127

70

37

Malawi

243

189

139

Zaïre

108

117

86

Mali

29

29

32

Zambie

163

121

100

Maroc

25

5

4

Zimbabwe

39

40

28

 

1971:38 pays1975:40 pays1981:41 pays

 


OCÉANIE

1971

1976

1981

Australie

29

26

24

Nouvelle

Calédonie

15

29

32

Nouvelles

Hébrides

0

4

7

Nouvelle

Guinée

62

77

52

Nouvelle

Zélande

3

0

0

Samoa

1

3

3

Tahiti

19

24

20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1971: 6 pays

1981: 6 pays

1975: 6 pays

1971: 86 pays

GRAND TOTAL:

1975: 91 pays

1981: 94 pays

 

 

On peut dégager de ce deuxième tableau ce qui suit:

 

1) En 1981, il ne reste aucun missionnaire catholique canadien dans les pays suivants: Guinée, Bermudes, Mozambique, Sierra Leone, Jamaïque, Martinique, Afghanistan, Chine continentale, Laos, Viet­nam et Nouvelle Zélande. Ces 11 pays avaient un total de 58 missionnaires dont 32 au Vietnam en 1971.

 

2) Des missionnaires se trouvent dans de nouvelles régions: Djibouti, Mauritanie, Soudan, Transkei, Dominica, Équateur, Granada, Pana­ma, Puerto Rico, Guam, Iran, Macao, Nepal, Yemen, Nouvelles Hébrides. Ces 15 pays ont un total de 41 missionnaires catho­liques canadiens. Noter que le Bangla Desh, s’est détaché du Pakistan en 1971, ce qui explique les variations de chiffres pour ces deux pays.

 

3) Bien que le nombre des missionnaires catholiques canadiens reli­gieux et religieuses ait sensiblement diminué, ils sont présents dans un plus grand nombre de pays qu’en 1971 et 1975; 3 en Afrique, 2 en Amérique latine et 3 en Asie.

4) De ces 94 pays (1981), 28 ont de 1 à 5 missionnaires catholiques canadiens religieux ou religieuses, 33 en ont plus de 30, 19 en ont plus de 50 et 10 en ont 100 et plus. Ces 10 pays sont Haïti (412), le Japon (336), le Pérou (281), le Brésil (167), le Cameroun (157), Malawi (139), les Philippines (112), le Lesotho (108), le Honduras (100) et la Zambie (100).

Tableau 3
Statut des missionnaires catholiques canadiens

 

 

Statut

Année Afrique Amérique Asie Océanie Total

%

 

latine

 

 

1971

9

7

4

1

21

0,5

Évêques

1975

7

6

2

1

16

0,3

 

1981

4

3

0

1

8

0,2

 

1971

562

483

362

17

1424

27,1

Prêtres

1975

496

422

349

27

1294

26,9

Religieux

1981

426

375

283

24

1108

30,0

 

1971

10

114

0

0

124

2,4

Prêtres

1975

4

86

1

0

91

2,0

séculiers

1981

4

47

1

0

52

1,4

 

1971

519

237

157

31

944

17,9

Frères

1975

418

221

134

36

809

16,8

 

1981

242

152

79

50

523

14,2

 

1971

1048

969

432

82

2531

48,1

Religieuses

1975

893

984

434

103

2414

50,2

 

1981

613

882

309

65

1869

50,6

 

1971

16

44

18

0

78

1,5

Instituts

1975

11

20

15

0

46

1,0

séculiers

1981

-

-

-

-

-

 

 

1971

68

32

0

5

105

2,0

Missionnaires

1975

67

37

6

10

120

2,5

laïques

1981

50

75

2

6

133

3,6

 

 

On peut dégager de ce troisième tableau ce qui suit:

 

1) Il faut faire remarquer tout d’abord que la Conférence Religieuse Canadienne avoue ne pas avoir de renseignements complets sur les Instituts séculiers pour 1975 et sur les missionnaires laïques pour la même année. Les renseignements de 1981 sont également incomplets pour les catégories des prêtres diocésains et des mis­sionnaires laïques.

 

2) Tout en tenant compte de cette première remarque, on constate que les missionnaires laïques ont augmenté jusqu’en 1981 en Améri­que latine alors qu’ils tendent à diminuer en Afrique. Plusieurs communautés religieuses, depuis une dizaine d’années et même plus, cherchent à développer le laïcat missionnaire et à l’intégrer à leur apostolat.

 

3) Il est normal que le nombre des évêques canadiens à l’étranger diminue et en arrive à zéro. Les Églises locales doivent passer à des évêques autochtones.

 

4) De 1971 à 1981, les diminutions sont de l’ordre suivant: prêtres religieux (-22,1%);prêtres séculiers (-58,0%); frères (-44,5%); soeurs (-26,1 % ).

Tableau 4
Secteurs apostoliques des religieux et des religieuses
missionnaires catholiques canadiens

Secteurs

Année Afrique Amérique Asie Océanie Total

%

 

1971

-

-

-

-

2

256

45,5

Éducation

1975

845

552

395

82

1

874

41,2

 

1981

575

415

286

68

1

334

38,1

 

1971

-

-

-

 

 

526

10,6

Santé

1975

231

201

56

29

 

517

11,3

 

1981

149

161

32

9

 

351

10,0

 

1971

-

-

-

-

 

373

7,5

Activités

1975

164

92

92

19

 

367

8,5

sociales

1981

118

142

40

5

 

305

8,7

 

1971

-

-

-

-

1

269

25,6

Pastorale

1975

383

564

255

26

1

228

26,7

 

1981

325

577

196

38

1

136

32,4

 

1971

-

-

-

-

 

525

10,6

Autres

1975

196

228

124

12

 

560

12,3

 

1981

114

114

117

19

 

374

10,6

 

 

     Le pourcentage de missionnaires catholiques canadiens à l’étranger diminue dans les domaines de l’éducation et de la santé. Par contre il augmente légèrement dans le secteur des activités sociales et sensi­blement dans celui de la pastorale. On note une diminution égale­ment dans ce qu’on appelle les autres activités, v.g. fonctionnaire, employé d’entreprise, technicien ou directeur ou économe au service de la communauté, personnes retraitées mais qui demeurent en terri­toire étranger.

 

Tableau 5
Missionnaires catholiques canadiens religieux et religieuses
selon le statut et les secteurs apostoliques

 

 

Éducation % Santé %

Activités

Sociales

Pastorale % Autres

Total

Évêques

1975

0

 

0

 

0

16

 

0

16

 

1981

0

 

0

 

0

8

 

0

8

Prêtres

1975

259

(20,0)

19

 

91 (7,0)

870

(67,1)

55

1294

 

1981

212

(19,1)

12

 

85 (7,6)

709

(63,0)

90

1108

Frères

1975

620

(76,6)

12

 

47

32

(3,8)

98

809

 

1981

471

(90,7)

4

 

6

22

(4,2)

20

523

Religieuses

1975

987

(40,4)

486

(20,1)

228 (9,4)

310

(12,8)

403

2414

 

1981

661

(35,3)

335

(17,3)

214(11,4)

405

(21,6)

254

1869

 

 

On peut noter ce qui suit:

 

1) Chez les prêtres, diminution de la proportion dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la pastorale; augmentation dans ceux des activités sociales et autres; dans ce dernier secteur, on peut penser qu’il y a plusieurs prêtres à la retraite.

 

2) Chez les frères, diminution dans les domaines de la santé, des acti­vités sociales et autres; légère augmentation en pastorale et nette augmentation en éducation. Les Frères se consacrent de plus en plus exclusivement à ce domaine. Ils ont dans beaucoup de pays des institutions de formation professionnelle, domaine pour lesquels il est souvent très difficile de trouver des professeurs sur place. Cet effort pour contribuer le plus possible à l’éducation est d’ailleurs dans la ligne même de leur vocation et les besoins en ce domaine, surtout quand il s’agit d'une éducation intégrale avec dimension religieuse, sont des plus actuels.

 

3) Chez les religieuses, diminution dans les domaines de l’éducation, de la santé et autres; légère augmentation dans ces activités sociales et nette augmentation dans le secteur de la pastorale.

 


Tableau 6
Missionnaires catholiques canadiens:
nombre de communautés religieuses par continent

 

 

 

Afrique

Amérique latine

Asie

Océanie

Pères

1971

25

21

11

4

 

1981

20

24

10

5

Frères

1971

6

7

6

2

 

1981

8

7

6

2

Religieuses

1971

63

65

24

6

 

1981

54

66

21

5

 

 

     Beaucoup de ces communautés se retrouvent dans plusieurs conti­nents. Le nombre total des communautés pour les deux mêmes périodes donne 146 communautés pour 1971 et 134 pour 1981.

 

Tableau 7

Missionnaires catholiques canadiens:

nombre de communautés selon la langue

 

 

 

Pères

Frères Religieuses

Total Grand Total

1971

français

34

9

73

116

 

 

anglais

3

3

24

30

146

1981

français

29

9

69

107

 

 

anglais

5

2

20

27

134

 

 

     En 1971, les 30 communautés de langue anglaise comptaient un total de 310 missionnaires. En 1981, les 27 n’en comptent que 210. Il faut ajouter à cela un bon nombre de communautés religieuses qui ont des provinces de langue anglaise et dont certains sujets sont en mission. Les nombres de 310 et de 210 ne disent qu’une partie de la réalité. Ceci étant dit, il n’en reste pas moins vrai que dans ce pays le phénomène missionnaire que nous étudions est pour une large part le fait des Canadiens français. Quelques auteurs le signalent en passant sans en faire une analyse ou en donner des explications 38. On peut quand même dire que les facteurs suivants ont dû peser dans la balance: 1) les Canadiens français catholiques dépassaient de beaucoup en nombre leurs coreligionnaires de langue anglaise. Rien de surprenant que les vocations missionnaires soient plus nombreuses chez les premiers; 2) les Canadiens français catholiques avaient hérité de la France une longue tradition missionnaire et voyaient leur propre pays sillonné par des missionnaires français dont certains firent figure de géants; 3) le fait d’être canadiens-français et membres de l’Empire Britannique don­nait plus facilement accès aux territoires de l’une et l’autre des deux grandes puissances, la France et l’Angleterre; 4) le Canada n’étant pas une grande puissance et n’ayant pas de colonie, ses ressortissants ris­quaient moins d’être vus comme des agents d’un empire colonisateur; 5) les communautés religieuses d’expression française sont beaucoup plus nombreuses que celles de langue anglaise. Une rapide enquête dans le bottin 1982 de la Conférence Religieuse Canadienne révèle que les communautés et provinces religieuses de langue anglaise ne constituent que 25,2% de l’ensemble, soit 98 sur 388 (29 sur 86 pour les Pères, 7 sur 34 pour les Frères, 62 sur 268 pour les Religieuses). Mais ceci ne complète pas le tableau et une étude approfondie permettrait de constater qu'au-delà de ces facteurs favorables, il y a eu des animateurs et des défenseurs de la mission qui ont lancé, maintenu et développé un esprit missionnaire très fort chez les Canadiens français. La fondatrice des Soeurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception au début de ce siècle a certainement beaucoup contribué à la préparation de l’essor mission­naire que le Canada français devait connaître à compter des années 1920.

     Le tableau que nous avons tracé jusqu’ici pourrait prêter flanc au triomphalisme s’il n’était complété par quelques réflexions critiques sur le travail accompli. L’amour des gens, le dévouement et l’esprit d’ini­tiative n’ont pas manqué ni chez les missionnaires ni chez les commu­nautés qui les encourageaient. L’étude des langues indigènes, l’alphabé­tisation des peuples, la création d’institutions de bien-être social, l’éta­blissement de communautés chrétiennes témoins de l’Évangile, le dialo­gue établi et favorisé entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, sont autant d’éléments positifs. Et pourtant certains problèmes se posent au­jourd’hui en raison même des limites et des faiblesses du passé dans l’obtention même de ces éléments. Tous les missionnaires ont entendu, avec des variantes, les reproches suivants: collusion avec le colonia­lisme, occidentalisation des peuples, inattention aux valeurs socio-cul­turelles des gens, assistance paternaliste, prosélytisme incompatible avec la liberté religieuse, sacramentalisation hâtive et excessive, absence de formation d’un laïcat responsable et impuissance devant le phénomène de l’urbanisation. Sans mettre tout sur le même pied, on peut regretter, à mon avis, que beaucoup d’apôtres aient eu une conception trop médié­vale de la relation Église-monde, n’aient pas suffisamment distingué entre foi et enveloppe culturelle, aient trop cru facilement en la supé­riorité de la civilisation occidentale. Que de fois n’a-t-on pas vu dans les valeurs culturelles et religieuses des peuples des pierres d’achoppe­ment! Beaucoup de ces erreurs se répéteront si les missionnaires d’au­jourd’hui partent «à l’aveuglette» et sans préparation. La connaissance de l’histoire des missions, de l’anthropologie socio-culturelle, de la théologie et de la pastorale missionnaire, de l’ethnographie et de l’en­semble des disciplines qui touchent directement ou indirectement le travail missionnaire s’avère de plus en plus nécessaire 39.

     Une étude détaillée de la contribution des missionnaires aux cultu­res et au développement des divers peuples devrait comporter des re­cherches sur les réalités suivantes: la linguistique, l’éducation, la caté­chèse, les missions de paix, les services sociaux et les oeuvres de charité, les soins de la santé, les réductions et les luttes en faveur de la libération ou du maintien de l’indépendance, la géographie, l’agriculture, les croyances religieuses, la science, les légendes et le folklore, l’archi­tecture, etc. Les recherches en ces domaines sont encore insuffisantes. Elles permettraient, non seulement d’évaluer le travail du passé, mais de fournir aux apôtres d’aujourd'hui, qu’ils soient étrangers ou autochtones, des connaissances beaucoup plus précises du milieu culturel, des valeurs et de l’âme de chacun des peuples.

     L’Église catholique du Canada est toujours missionnaire mais depuis quelques années ses responsabilités n’ont fait que croître. Elle doit oeu­vrer comme missionnaire et à l’extérieur et à l’intérieur. Aussi s’est-elle pourvue d’instruments nouveaux au niveau des diocèses 40 et de la Con­férence des Évêques 41. Les problèmes qu’elle étudie sont souvent les mêmes et là-bas et chez-elles bien que vécus dans des cultures différen­tes. Les thèmes abordés par les revues des territoires de missions et celles des vieilles chrétientés se recoupent souvent: l’inculturation, l’é­ducation permanente, la pastorale urbaine, les valeurs religieuses, le laïcat, les nouveaux ministères, la justice sociale, le langage de la foi, etc. 42

     On pourra continuer de se demander si la situation présente dénote plus une crise de croissance qu’une faillite du passé. Si certains problè­mes, comme nous le disions plus haut, se posent aujourd’hui en raison des limites et des faiblesses passées, d’autres indiquent plutôt une vo­lonté de participation, de progrès et d’autonomie qui sont le fruit d’une longue éducation à laquelle le missionnaire ne fut pas étranger. À l’intérieur de structures modernes, le développement d’un leadership autochtone, la conscience de son identité et de ses richesses culturelles, la prise en mains de ses propres responsabilités, l’indigénisation des institutions nouvelles, le désir de trouver chez les étrangers des collabo­rateurs et non plus des supérieurs ou des tuteurs peuvent être des fac­teurs de tension mais aussi des signes d’une évolution fort positive. Déjà en 1970, Paul VI affirmait: «Une heure nouvelle est venue pour les missions (...) Cela signifie que l’activité missionnaire doit être envi­sagée avec des vues larges et modernes. Une nouvelle mise en oeuvre s'impose: dans les principes théologiques, dans l’information, dans le recrutement, dans la préparation, dans les méthodes, dans le travail et dans l’organisation» 43. Il y a là un appel à la conversion qui s’adresse à tout missionnaire. La mission est toujours aussi exigeante que par le passé.

 

                                  Henri GOUDREAULT, o.m.i.,

                                      recteur,

                                  Université Saint-Paul, Ottawa.



1Circulaire de S.E. le Card. J-.M. Rodrigue Villeneuve, O.M.I., aux membres de l’Union Missionnaire du Clergé au Canada, dans Semaine d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, Introduction au problème des missions, p. 18.

2Mgr Simon Delacroix, Histoire universelle des missions catholiques, Paris, Librairie Grund, 1956-1958, 4 tomes.

3Ibid., t. II, chap. XVII, Le déclin des missions modernes; t. III, chap. 1, L’aggravation de la crise: Pie VII (1800-1823), Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830).

4P. Lesourd, Le réveil des missions: Grégoire XVI (1831-1846), dans Mgr S. Delacroix Histoire universelle, t. III, chap. II.

5A. Rétif, s.j., La période des explorations: Pie IX (1846-1878); La grande expan­sion des missions; L’avènement des jeunes Églises: Benoît XV (1914-1922), Pie XI (1922-1939) et Pie XII, dans Mgr S. Delacroix, Histoire Universelle, t. III, chap. III, IV et V.

6Mgr S. Delacroix, Histoire universelle, t. III, Introduction, p. 14-5.

7Pour ne mentionner que quelques-unes de ces fondations: Baptist Missionary Society fondée par W. Carey en 1793, London Missionary Society fondée par plusieurs centaines de pasteurs de diverses confessions en 1795; Société Missionnaire Évangelique de Bâle (1730), Nederlandsch Zendelinggenostschapp (1797), Rheinische Missionsge­selschaft (1797), American Board of Commissioners for Foreign Missions (1810), Student’s Volunteer Movement (1890). Pour plus de détails, cf. Mgr S. Delacroix, Histoire universelle, t. III, Introduction, p. 17-18.

8Le « romantisme missionnaire » a été suscité par l’oeuvre de Chateaubriand: Génie du Christianisme (1802); les Lettres édifiantes des missionnaires jésuites connurent une grande diffusion; les Annales de la Propagation de la Foi virent le jour (1823 ).

9L’Oeuvre de la Sainte Enfance (1843), l’Oeuvre des Écoles d’Orient (1855), l’Oeuvre de la Société anti-esclavagiste (1884), ‘'Oeuvre des Partants (1884), l’Oeuvre de Saint Pierre Apôtre (1889), etc. Les fondations de communautés religieuses masculines et féminines destinées aux missions se comptent par centaines et témoignent de l’esprit missionnaire de nombreux peuples.

10Les recettes de la Propagation de la Foi passèrent de 22,915 francs en 1822 à 3,233,486 en 1842. La Sainte-Enfance, fondée en 1843, recueillit dès le début plus de 50,000 francs.

11Des sociétés de prêtres séculiers, des Frères spécialistes de l’enseignement, des communautés de femmes en grand nombre, des laïcs professionnels, des étudiants.

12Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, une autre grande aventure, Mont­réal, Fides, 1962, p. 9-10. Sur les trois phases missionnaires du Canada, on lira avec intérêt l'article de M. J. Geoffroy, prêtre des Missions-Étrangères, «Le Canada et les missions », dans Semaine d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 225-37.

13Une Religieuse de Jésus-Marie, Soeur Saint-André, s’était embarquée pour les Indes en 1869; six Religieuses du Bon-Pasteur d’Angers avaient quitté pour l’Équateur en 1871, d’autres pour le Pérou (1871), la Bolivie (1891), la Colombie (1908), le Nicaragua (1913). Les Soeurs de la Providence de Montréal s’étaient rendues au Chili dès 1853. La première canadienne des Soeurs Blanches d’Afrique débarqua en Algérie en 1885. Quelques Jésuites canadiens quittèrent pour la Chine en 1912, quelques Pères de Sainte-Croix étaient déjà au Bengale en 1890. Les Soeurs Missionnaires de l’Immaculée­-Conception, sur l’invitation de Mgr Mérel, Évêque de Canton, avaient accepté dès 1909 une mission dans ce diocèse. Cf. pour plus de détails, Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p. 81-2.

14Texte cité par Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p. 80.

15A. Rétif, s.j., L’avènement des jeunes Églises, dans Mgr S. Delacroix, Histoire universelle, t. III, chap. V, p. 127.

16Documentation Catholique, no 47, 27 déc. 1919, p. 803.

17Cf. Lettre pastorale de S.E. le Card. Begin, 18 janvier 1920, dans Mandements des Évêques de Québec, Québec, 1919, vol. VIII, p. 15-18; Mgr J.-H. Chartrand, «L’oeuvre de la Sainte-Enfance», dans Semaine d’'études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 191-96. D’après le Bulletin de l’Union Missionnaire du Clergé, la Sainte-Enfance, depuis sa fondation en 1843, a contribué au baptême de 28,000,000 d’enfants. Durant les années 1930, elle entretenait ou subventionnait 10,999 crèches, 12,000 ouvroirs et 40,000 écoles (1932, p. 329).

18Cf. Abbé Adrien Bouffard, L’Union Pontificale Missionnaire du Clergé, Vademecum, Secrétariat National de l’U.M.C., Québec, 1960, 115 p. Le Car­dinal Villeneuve, Archevêque de Québec et Président de ‘'Union Missionnaire du Clergé du Canada, affirmait que celle-ci était «l’école normale missionnaire du clergé». Cf. Semaine d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934. p. 12. Elle était née durant la dernière guerre mondiale «à la suite d’une impulsion du T.A.P. Manna, supérieur géné­ral des Missions-Étrangères de Milan», et «a contribué puissamment à intensifier les études missionnaires parmi le clergé et les clercs; ces derniers ont fondé, dans un grand nombre de séminaires, des cercles d’études très actifs où, sous le contrôle de directeurs avisés, ils s’intéressent aux diverses questions soulevées par l’actualité missionnaire» (Albert Perbal, omi, «La missiologie et les Semaines missionologiques», dans Semaine d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 51).

19Henri Jeannotte, «L’Oeuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre», dans Semaine d’étu­des missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 238-44.

20Mgr Joseph-N. Gignac, « L’Oeuvre de la Propagation de la Foi au Canada avant la réorganisation en 1922 », dans Semaine d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 207-24; cf aussi idem, Oeuvres Pontificales Missionnaires de la Propagation de la Foi et de Saint-Pierre-Apôtre, Vade-Mecum, Rome, 1964, p. 31-41, 117-28.

21De 1921 à 1953, ce séminaire forma 160 prêtres. En 1961, 40e anniversaire de fondation, la Société des Missions-Étrangères comptait 274 prêtres, 44 étudiants en théo­logie et 21 aspirants. Cf. Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p. 474.

22 Cf. M. J. Geoffroy, «Le Canada et les missions», dans Semaine d’études mission­naires du Canada, Ottawa, 1934, p. 234.

23Ibid. , p. 236.

24Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p. 82-83.

25Missionnaires catholiques canadiens, Statistiques, Conférence Religieuse du Canada, Ottawa, 1971. Au nombre de 5,256 s’ajoutait celui de 885 représentant le nombre de missionnaires des missions intérieures du Canada.

26 L’Institut des Sciences Missionnaires de l’Université Saint-Paul d’Ottawa vit le jour en 1948 mais déjà depuis 1932 des cours de missiologie étaient offerts aux étudiants de la Faculté de Théologie de la même université. Le Centre de formation mission­naire du Père Jean Bouchard, s.j., connaissait à Montréal un bon rayonnement.

27Il faut signaler, entre autres, L’Entraide Missionnaire de Montréal, qui célèbre cette année ses 25 ans d’existence (1958-1983) et qui se définit comme «un organisme de base, autonome, soutenu par les communautés religieuses, prioritairement au servi­ce des chrétiens d’expression française qui oeuvrent dans les Églises locales étrangères des régions dites de missions ou qui sont de retour au pays. Cet organisme vise à répondre aux besoins de formation, d’information et de réinsertion de ces personnes et veut être une tribune d’où ils peuvent se faire entendre dans leur Église d’origine» (Dossier du missionnaire 1980, p. 50).

28Citons la ligue missionnaire des écoles, répandue en 1932 dans un grand nombre d’institutions; elle comptait dès l’année suivante 150,000 membres; le Service mission­naire des jeunes, fondé en 1959 pour succéder à la Ligue missionnaire étudiante, et qui avait pour but de promouvoir l’oeuvre pontificale de la Foi et ses buts auprès de la jeunesse étudiante; Laval-Missionnaire (1959), oeuvre laïque qui s’adresse aux mi­lieux universitaires et professionnels pour faire prendre conscience de la catholicité de l’Église et susciter une action en faveur des pays de missions et du tiers-monde. Elle est à l’origine de plusieurs vocations missionnaires laïques.

29Il serait trop long de les énumérer et on risquerait d’en oublier. Dans les années qui suivirent la lère guerre mondiale, le P. Arens a recensé à travers le monde plus de 450 revues missionnaires. Le Canada en avait 11. Mais dans les années qui suivirent, ce chiffre a dû quadrupler. Après avoir nommé quelques grands bulletins missionnaires, Lionel Groulx ajoute: «Chaque congrégation missionnaire d’hommes et de femmes a le sien, bulletin d’ordinaire d'une excellente rédaction, avec photos choisies, récits allé­chants et qui atteignent bien d’autres lecteurs que ceux de la communauté. Il ne serait pas exagéré d’affirmer que, par ces petites revues, palpitantes de vie généreuse, parfois héroïque, plus d’un million de personnes communient à la ferveur missionnaire du Qué­bec» (Le Canada Français Missionnaire, p. 470-1). Cf. aussi Mgr S. Delacroix, Histoire universelle, t. III, Introduction, p. 23-4.

30À la suite de l’exposition missionnaire mondiale organisée par le Pape Pie XI en 1925 à Rome, plusieurs expositions eurent lieu dans diverses villes du Canada: Joliette (1927 ), Montréal (1930 et 1942), Trois-Rivières (1935 ), Sherbrooke et Saint-Hyacinthe (1941).

31Les Semaines d’études ne furent pas très nombreuses mais ont contribué à faire le point sur quelques questions missionnaires très actuelles. Les quatre plus importantes de ces Semaines se tinrent à Ottawa (1934): Introduction au problème des missions; Québec (1936): La conversion des infidèles; Québec (1949): La valeur religieuse des religions païennes; Montréal (1950): Le Laïcat et les missions.

32Les sessions de formation furent très nombreuses et s’adressaient parfois à ‘'ensem­ble des missionnaires, parfois aux membres de l’une ou l’autre communauté seulement. De l’été 1953 à l’été 1981, l’Institut des Sciences Missionnaires de l’Université Saint­Paul a donné 37 sessions d’une durée moyenne de deux semaines et demie qui regroupèrent 2130 personnes (57 personnes en moyenne par session). L’Institut repense actuellement cette formule. Le Centre de formation missionnaire de Montréal et l’Entraide Missionnaire ont aussi organisé de nombreuses sessions dont plusieurs, parmi celles de l’Entraide, ont porté sur le développement, sur la réinsertion du missionnaire dans son pays d'’rigine et sur un bon nombre de questions très concrètes suggérées par les missionnaires eux-mêmes.

33À partir de 1949, un congrès annuel réunissait des étudiants en théologie (sémi­naristes et scolastiques) pour étudier les meilleurs moyens de promouvoir en théologie la pensée missionnaire. Depuis un bon nombre d’années, les principaux congrès sont ceux qu’organise l’Entraide Missionnaire de Montréal. À chaque année, quelque 500 personnes, hommes, femmes, personnes laïques, religieuses, prêtres, en mission «ad extra» et en mission «ad intra» échangent pendant une fin de semaine sur des thèmes comme: les droits de l’homme et l’évangélisation (1977) la Bonne Nouvelle aux Pauvres (1978), Où est notre Espérance? (1979), la foi et les sociétés humaines (1980), les communautés de base (1981), chrétiens dans un monde en crise (1982 ), Église et Mis­sion: relire l‘histoire pour mieux inventer l’avenir (1983 ).

34L’Union Missionnaire du Clergé joua ici un grand rôle. Sa revue Prêtre et missions proposait pour chaque mois des intentions missionnaires et répandait de nombreuses formules de prières visant à l’obtention de l’unité de l’Église et à l’extension des missions catholiques. En 1950, l’épiscopat canadien obtient que soit étendue à l’Église universelle la supplication suivante des litanies: «Ut opera messem tuam mettere digneris» (afin que tu daignes envoyer dans ta moisson des ouvriers).

35Il est presque superflu d’aligner des chiffres. Il ne donnent toujours qu’une partie de la vérité, ne tenant pas compte des sommes reçues par les missionnaires en provenance des bienfaits privés. D’après Adrien Bouffard, en ce qui concerne la générosité maté­rielle envers les Oeuvres pontificales missionnaires, le Canada tient le 2e rang («Une enquête sur le catholicisme dans le monde», dans Messages, XV, 1959, no 102, p. 60).

36Les nombreuses statistiques que nous présentons ici sont tirées des études faites par la Conférence Religieuse Canadienne et publiées sous forme de cahiers avec titre Missionnaires catholiques canadiens. Statistiques, 1971, 1975, 1977, 1979, 1981.

37Pour n’en mentionner que quelques-unes: Benoît XV, Maximum illud, 1919; Pie XI, Rerum Ecclesiae, 1926; Pie XII, Evangelii praecones, 1951; Fidei donum, 1957; Jean XXIII, Princepts Pastorum, 1959; Paul VI, Evangelii nuntiandi (exhortation apostolique), 1975. Il faut ajouter le document de Vatican II sur les missions: Ad Gentes, 1966 et l’encyclique Populorum progressio de Paul VI, 1967. Les Conférences épiscopales nationales ont elles-mêmes abordé à plusieurs reprises le sujet.

38Cf. John Webster Grant, The Church in the Canadian Era, Toronto, McGraw­Hill Ryerson, 1972, p. 56: «Roman Catholics, mostly French Canadian, found their way to an increasing number of countries. Many of them went to Africa, where the rise of the second French Colonial empire gave abundant scope for the use of their language ». Parlant de la période commençant avec la fin de la 2e guerre mondiale, il ajoute «Roman Catholic missions entered a period of remarkable expansion. French Canadian were acceptable in many areas of the world where others were politically suspect and they speedily became an important factor in world Catholicism (p. 155). Le P. Armand Garon, dans un article intitulé: «Roman Catholic Mission in Africa, Canadian Involvement», cite ces 2 textes et en fait quelques commentaires dans Kerygma, t. 9, no 24, 1975, p. 36-9.

39Pour plus de détails sur ces questions, cf. Henri Goudreault, omi, « La question missionnaire aujourd’hui», Kerygma, t. 9, no 24, 1975, p. 57-72; t. 10, no 26, 1976, p. 5-17; idem, «Qualités requises pour être missionnaire», Cahiers d’animation missionnaire, mars-avril-mai 1977, p. 20-8.

40Les Offices diocésains de pastorale missionnaire existent dans une quarantaine de diocèses canadiens, surtout de langue française.

41Le Conseil National Missionnaire et l’Office des Missions.

42Les thèmes abordés par l’Entraide Missionnaire à l’occasion de son congrès annue attirent des missionnaires de l’intérieur comme de l’extérieur. L’échange sur la façor dont ces thèmes sont incarnés ici et là-bas est des plus fructueux.

43Message pour la journée mondiale missionnaire, 5 juin 1970, dans Documentation Catholique, no 1570, 20 sept. 1970, p. 810.