S.C.H.E.C.. Sessions d’étude, 50 (1983), 361-380
Les missionnaires canadiens à l’étranger
au XXe siècle
J’ai
accepté comme un heureux défi de répondre à l’invitation que vous m’avez faite
de participer à votre congrès et d’aborder un sujet très vaste, celui de la
présence des missionnaires canadiens à l’étranger au XXe siècle. Ce
défi, j’essaie de le relever avec d’autant plus de joie qu’il me replonge dans
un de mes sujets préférés auquel j’ai pu m’adonner corps et âme pendant
plusieurs années, plus particulièrement de 1971-1977, en tant que directeur de
l’Institut des Services Missionnaires de l’Université Saint-Paul. L’Université
Saint-Paul, autrefois l’Université d’Ottawa, eut l’honneur de fonder la
première chaire de missiologie au Canada et c’est dans ses murs que se tenait
en 1934 la première Semaine d’études missionnaires du Canada1.
Mgr
Delacroix, dans son histoire universelle des missions 2,
divise celles-ci en trois grandes périodes: les missions, des origines au XVIe
siècle (t. 1); les missions modernes (XVIIe et XVIIe
siècles) (t. 2); l’expansion des missions dans le monde entier (XIXe
et XXe) (t. 3). Au début du XIXe siècle, les missions se
trouvaient dans un état de crise profonde à la suite de la querelle des rites,
des difficultés qu’opposaient à l’évangélisation et à l’organisation des
territoires de missions les régimes de patronat du Portugal et de l’Espagne, de
la diminution des missionnaires provoquée par la suppression de la Compagnie de
Jésus et des ordres religieux, la pénurie du recrutement des vocations, la confiscation
des biens du clergé 3. Ce n’est que sous Grégoire XVI (1831-1846) que la
crise se résorba et qu’on vit une reprise lente du travail missionnaire grâce à
la reconstitution des congrégations, au renouveau catholique et missionnaire
européen et à l’ouverture des territoires de l’Asie aux Occidentaux à partir du
milieu du XIXe siècle 4. Les missions connurent alors une expansion sans
précédent dans les cinq continents sous la direction et l’animation de grands
Papes missionnaires, particulièrement à compter de Pie IX 5.
Cette époque
missionnaire des XIXe et XXe siècles fut marquée par la
présence de nouveaux intervenants. Au plan civil, les puissances catholiques
cèdent la prépondérance aux puissances protestantes et c’est avec de nouveaux
pionniers que se développent les missions contemporaines. Il faut dorénavant
compter avec les missionnaires protestants venus de l’Angleterre d'abord, puis
de la Hollande, de l’Allemagne vers la fin du XIXe siècle et des
États-Unis d’Amérique au XXe 66. C’est à cette époque que furent fondées de
nombreuses sociétés missionnaires, des oeuvres d’assistance, d’éducation, de
diffusion de la Bible et des tracts religieux, des associations d’étudiants,
d’hommes et de femmes qui rendirent présentes les missions protestantes dans presque
tous les pays du monde 7.
Du côté de l’Église catholique, les appels des Papes en faveur
des missions trouvèrent un écho favorable dans toutes les communautés. La
littérature missionnaire d’édification est née à cette époque 8 de nombreuses oeuvres et
sociétés missionnaires furent fondées 9, le financement nécessaire
aux activités missionnaires se multiplia 10 et on vit
apparaître des collaborateurs nouveaux sur la scène de la mission 11.
Si l'expansion de l’Évangile à l’échelle du
globe a fait du XIXe siècle le siècle des missions, le XXe
est caractérisé par le développement des communautés chrétiennes autochtones
et la naissance de jeunes Églises qui prennent graduellement leur destinée en
mains et transforment profondément l’apostolat missionnaire. Dans cette grande
aventure des missions à l’étranger, quelle fut la participation des
missionnaires catholiques canadiens? Quelle place occupent-ils dans ce qui fut
surnommé « la croisade des temps modernes » ?
Disons tout d’abord que les catholiques
canadiens, entrés tardivement sur la scène missionnaire internationale,
n’étaient pas pour autant des néophytes sans expérience de la mission. Leur
zèle, en ce domaine, remontait aux origines de la colonisation de ce pays et
s’était porté sur les premiers occupants du nouveau monde, les Indiens. Suite à
la conquête anglaise de 1760, cet élan missionnaire se poursuivit, mais avec
un personnel réduit, et permit d’atteindre du sud au nord et de l’est à l’ouest
les nombreux groupes de Blancs, d’Indiens et d’Inuit dispersés dans les régions
immenses du Canada et même des États-Unis 12.
Au début du XXe siècle, le
Canada ne possédait encore aucune mission autonome hors de ses frontières. On
pouvait bien compter quelques personnes en Afrique, en Asie et en Amérique
latine qui, à titre d’individus, oeuvraient dans des sociétés religieuses
étrangères 13. Certains dignitaires étrangers croyaient que ce dévouement anonyme et
individuel était et devait demeurer le lot des Canadiens. Lorsque Mgr
de Guébriant vint au Canada en 1920 pour y fonder une succursale de la Société
des Missions-Étrangères de Paris, il suggéra que les jeunes Canadiens aillent
en France se faire former, le Canada n’ayant pas l’expérience des missions.
Mais le Cardinal Bégin de Québec riposta en ces termes: «Il y a déjà quelques
temps que le Canada français fournit hommes et argent aux oeuvres et missions.
Mais parce que ces contributions furent toujours immergées dans des
entreprises étrangères, nous n’en eûmes jamais le crédit. Voilà pourquoi, sans
doute, nous passons à Rome et ailleurs, pour des operarii otiosi et qui
vivent en dehors du grand courant d’évangélisation où sont entrés tous les
autres» 14. Cette impression de marginalisation ou d’isolement par rapport au
mouvement missionnaire international devait vite disparaître et les Canadiens
prirent leur place sous le soleil d'autant plus rapidement qu’ils voulurent
répondre, comme Église, à un appel du Pape Benoît XV.
La guerre de 1914-1918 avait eu des
conséquences négatives sur l’apostolat missionnaire. Comme le signale A. Rétif:
elle «avait porté un rude coup aux missions. La mobilisation de missionnaires
(dont plusieurs tombèrent sur les champs de bataille), les mesures prises dans
les pays alliés et leurs colonies contre les missionnaires allemands et autrichiens
et dans les territoires turcs contre les ressortissants français avaient
désorganisé nombre d’entre elles» 15. Le Pape Benoît
XV, dans son encyclique «Maximum illud» du 30 novembre 1919, faisait un appel
pressant «tout d’abord à ceux qui, en qualité d’évêques ou de vicaires ou
préfets apostoliques, sont placés à la tête des Missions: c’est à eux tout les
premiers que revient la pleine responsabilité des progrès de la foi, c’est sur
eux principalement que l’Église fonde l’espoir d’élargir ses frontières» 16.
L’Église canadienne se mit à l’oeuvre avec
l’établissement au pays de la Sainte Enfance 17, de l’Union missionnaire
du Clergé 18, de l’oeuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre 19, mais aussi avec
la réorganisation de l’oeuvre de la Propagation de la Foi au Canada, en 1922 20. L’épiscopat de la
Province civile de Québec avait fondé l’année précédente le séminaire des
missions-étrangères de Pont-Viau 21 et le correspondant de celui-ci, du côté de
l’épiscopat de l’Ontario, ouvrait ses portes à Scarboro en 1924. En 1934, le
Canada compte déjà plusieurs territoires de missions qui lui sont confiés en
propres: deux diocèses, six vicariats apostoliques et trois préfectures. Il a à
l’extérieur de ses frontières sept évêques missionnaires, trois administrateurs
apostoliques et un préfet apostolique 22. Le nombre des
missionnaires canadiens dépendant de la Propagande en 1932 était de 1,242, soit
340 prêtres, 180 frères ou scolastiques et 722 religieuses. Le contingent de
nouveaux missionnaires qui quittaient pour les quatre coins du monde était de
178 en 1933 et de 209 en 1934 23. Les communautés religieuses proprement
canadiennes et celles de l’étranger installées au pays connaissaient un bon
recrutement et les départs missionnaires pour tous les continents se
multipliaient. En 1947, 70 institutions d’hommes et de femmes oeuvraient dans
les divers territoires de missions. De ce nombre, 18 comptaient plus de 50
missionnaires à l’étranger; quelques années plus tard, 4 en avaient chacune
plus de 200. En 1959, l’ensemble des missionaires catholiques canadiens
atteignait les 5000, répartis dans 68 pays différents 24. La progression se
continua jusqu’en 1971, année record où le Canada comptait 5256 missionnaires
oeuvrant dans une centaine de pays 25
Cet élan missionnaire était maintenu et
développé de moult façons. Toutes les couches de la population étaient
atteintes par des oeuvres nombreuses d’animation, d’éducation, de soutien
spirituel et matériel. On y voyait des centres d’études spécialisés 26, des organismes de
base 27, des mouvements pour jeunes 28. Les revues
nombreuses 29, les expositions 30, les semaines d’études 31, les sessions de
formation 32, les congrès 33, les dimanches des
missions, les oeuvres de prières 34 et de soutien matériel 35 étaient autant de moyens utilisés pour rappeler qu’un chrétien
convaincu considère la foi comme un don précieux qu’il désire partager.
D'où venaient ces
missionnaires, quels statuts avaient-ils, où travaillaient-ils et que
faisaient-ils dans ces nombreuses régions dites de missions? Les tableaux
suivants que nous commenterons permettent de répondre globalement à ces
questions 36
Tableau I
Missionnaires
catholiques canadiens à l’étranger
Continent |
1958 |
1965 |
1967 |
1971 |
1975 |
1977 |
1979 |
1981 |
Afrique |
1 420 |
1 768 |
1 785 |
2 245 |
1 901 |
1 640 |
1 499 |
1 339 |
Amérique latine |
972 |
1 289 |
1 883 |
1 894 |
1 780 |
1 721 |
1 656 |
1 534 |
Asie et Océanie |
928 |
1 086 |
|
|
|
|
|
|
Asie |
|
|
1 099 |
981 |
944 |
917 |
768 |
674 |
Océanie |
|
|
118 |
136 |
178 |
169 |
165 |
146 |
Total |
3 320 |
4 143 |
4 885 |
5 256 |
4 803 |
4 447 |
4 088 |
3 693 |
On peut dégager de ce premier tableau les
conclusions suivantes.
1) Le nombre des missionnaires catholiques à l’étranger a augmenté en flèche jusqu'en 1971; l’écart positif en 1958 et 1971 est de l’ordre suivant:
pour
l’ensemble: + 58,3%
pour
l’Afrique: + 58,0%
pour
l’Amérique latine: 93,9%
Pour l’Asie et l’Océanie : + 31,1%
(sommet atteint en 1967, non en 1971).
2) L’augmentation pour
l'Asie s’est arr tée en 1967 alors qu’elle s’est poursuivie en Océanie jusqu'en
1975.
3) La diminution du nombre des missionnaires catholiques canadiens à l’étranger, après 1971, fut rapide: L’écart négatif de 1971 à 1981 est l’ordre suivant:
pour l'ensemble: -29,7%
pour l’Afrique: -49,2%
pour l’Amérique latine: -19,0%
pour l’Asie: -38,6% (de 1967 à 1981)
pour l’Océanie -17,8% (de 1975 à 1981)
4) L’augmentation signalée plus haut pour
l’ensemble des continents s’explique d’abord et avant tout par l’esprit
missionnaire qui s’est grandement développé au pays, par les grandes
encycliques des Papes sur les missions 37, par les appels
pressants de Pie XII dans les années ‘50 en faveur de l’Amérique latine, par
les vocations nombreuses qu’avaient les communautés religieuses et les
diocèses durant la période de 1930 à 1965 environ.
5) La diminution du nombre de missionnaires à
compter de 1971 a aussi de nombreuses explications : a) la crise des vocations
au Canada. Depuis une dizaine d’années les départs de nouveaux missionnaires
sont de moins en moins fréquents, b) le retour de nombreux missionnaires à
l’âge de la retraite. Dans les années 1935 à 1955, des centaines de
missionnaires partaient chaque année pour les quatre coins du monde. Beaucoup
sont maintenant à l’âge de la retraite et reviennent à leur pays d’origine, c)
la difficulté de s’adapter à la situation nouvelle des pays devenus
indépendants. Il faut un grand esprit de renoncement et une souplesse
remarquable pour accepter de nouvelles responsabilités, travailler sous de
nouveaux maîtres, exécuter des ordres qui ne cadrent pas toujours avec ses vues
personnelles, vivre la spiritualité du Précurseur: «À lui de grandir, à moi de
diminuer». d) le renvoi de certains missionnaires par les autorités civiles, le
non-renouvellement des visas, l’interdiction de faire un travail direct
d’évangélisation. Les missionnaires qui s’engagent dans la lutte pour la
justice sociale sont facilement accusés de menées révolutionnaires et invités à
quitter. De nombreux pays, pour des raisons différentes, refusent tout missionnaire
en tant que missionnaire. Une personne peut faire du travail social mais ne
peut travailler à construire une communauté chrétienne dans le milieu en
prêchant directement l’Évangile. Les pays qui refusent ainsi le travail
d’évangélisation directe regroupent une population de plus d’un milliard de
personnes. e) la multiplication des vocations dans les pays de jeunes
chrétientés. Bon nombre de jeunes Églises, en Afrique et en Asie sont devenues
elles-mêmes missionnaires. C’est le cas du Ceylan, du Lesotho, des Indes et de
plusieurs autres. Les vocations sont nombreuses dans certaines régions. Les
Carmélites de Marie Immaculée de Kerala, aux Indes, avaient le 11 mai 1981 une
profession temporaire de 40 membres, une profession perpétuelle de 25 et 23
diacres seront ordonnés prêtres. Cette communauté envoie de ses membres en
Allemagne de l’Ouest, aux États-Unis, au Pérou et elle ouvrira bientôt un
nouveau champ d’apostolat en Zambie. f) la conviction que chaque Église locale
doit se prendre en main en multipliant les apôtres sur place, surtout en
travaillant à la promotion du laïcat. On comprend de plus en plus le sens
profond de ce texte de Vatican II: «L’Église n’est pas fondée vraiment, elle ne
vit pas pleinement, elle n’est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes
si un laïcat authentique n’existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie.
L’Évangile ne peut s’enfoncer profondément dans les esprits, dans la vie, dans
le travail d’un peuple, sans la présence des laïcs (L’activité missionnaire
de l’Église, (Ad Gentes) no 21). g) la prise de conscience des besoins
missionnaires de vieilles chrétientés. Les Églises de vieilles chrétientés
sont devenues des territoires de missions et elles ont de plus en plus besoin
de missionnaires au sens le plus fort du mot. Pour aller en mission, il n’est
plus nécessaire de franchir des frontières géographiques et de changer de
culture. Des groupements humains traditionellement pourvoyeurs de missionnaires
à l’étranger ont besoin d’être ré-évangélisés. Beaucoup de nos gens, sans avoir
officiellement renoncé à leur foi au Christ, ne sont plus dynamisés par celle-ci.
On parle d’une sorte d’hémorragie; ils ont quitté sans bruit par la porte
dérobée. Ils se sont départis de leur christianisme comme on se débarrasse d’un
vieux manteau qui n’a vraiment jamais collé à sa peau.
Tableau 2
Nombre de missionnaires catholiques canadiens religieux
et religieuses dans chaque pays
AFRIQUE |
1971 |
1975 |
1981 |
AFRIQUE |
1971 |
1975 |
1981 |
Algérie |
32 |
17 |
11 |
(suite) Maurice, Ile |
1 |
25 |
10 |
Bénin |
19 |
12 |
10 |
Mauritanie |
0 |
0 |
1 |
Burundi |
30 |
34 |
19 |
Mozambique |
3 |
3 |
0 |
Cameroun |
249 |
232 |
157 |
Niger |
24 |
16 |
21 |
Centre africain, |
5 |
5 |
11 |
Nigeria |
58 |
55 |
37 |
Empire Congo |
8 |
3 |
7 |
Réunion, |
5 |
3 |
1 |
Côte d'Ivoire |
72 |
70 |
34 |
Ile de la Rwanda |
65 |
54 |
53 |
Djibouti |
0 |
0 |
6 |
Sénégal |
65 |
71 |
59 |
Égypte |
5 |
7 |
11 |
Seychelles, Iles |
13 |
8 |
8 |
Éthiopie |
23 |
19 |
8 |
Sierra Leone |
0 |
1 |
0 |
Gabon |
11 |
13 |
13 |
Soudan |
0 |
0 |
1 |
Gambie |
2 |
4 |
5 |
South African |
29 |
38 |
20 |
Ghana |
78 |
36 |
33 |
Republic Swaziland |
4 |
6 |
2 |
Guinée |
0 |
1 |
0 |
Tanzanie |
122 |
77 |
70 |
Haute-Volta |
46 |
34 |
26 |
Tchad |
46 |
54 |
31 |
Kenya |
6 |
20 |
18 |
Togo |
7 |
9 |
3 |
Lesotho |
196 |
172 |
108 |
Transkei |
0 |
0 |
2 |
Liberia |
11 |
8 |
2 |
Tunisie |
28 |
22 |
5 |
Madagascar |
131 |
82 |
52 |
Uganda |
127 |
70 |
37 |
Malawi |
243 |
189 |
139 |
Zaïre |
108 |
117 |
86 |
Mali |
29 |
29 |
32 |
Zambie |
163 |
121 |
100 |
Maroc |
25 |
5 |
4 |
Zimbabwe |
39 |
40 |
28 |
1971:38 pays1975:40
pays1981:41 pays
OCÉANIE |
1971 |
1976 |
1981 |
Australie |
29 |
26 |
24 |
Nouvelle Calédonie |
15 |
29 |
32 |
Nouvelles Hébrides |
0 |
4 |
7 |
Nouvelle Guinée |
62 |
77 |
52 |
Nouvelle Zélande |
3 |
0 |
0 |
Samoa |
1 |
3 |
3 |
Tahiti |
19 |
24 |
20 |
1971: 6 pays |
1981: 6 pays |
1975: 6 pays |
1971: 86 pays |
GRAND TOTAL: 1975: 91 pays |
1981: 94 pays |
On peut dégager de
ce deuxième tableau ce qui suit:
1) En 1981, il ne reste aucun missionnaire
catholique canadien dans les pays suivants: Guinée, Bermudes, Mozambique,
Sierra Leone, Jamaïque, Martinique, Afghanistan, Chine continentale, Laos, Vietnam
et Nouvelle Zélande. Ces 11 pays avaient un total de 58 missionnaires dont 32
au Vietnam en 1971.
2) Des missionnaires se trouvent dans de nouvelles
régions: Djibouti, Mauritanie, Soudan, Transkei, Dominica, Équateur, Granada,
Panama, Puerto Rico, Guam, Iran, Macao, Nepal, Yemen, Nouvelles Hébrides. Ces
15 pays ont un total de 41 missionnaires catholiques canadiens. Noter que le
Bangla Desh, s’est détaché du Pakistan en 1971, ce qui explique les variations
de chiffres pour ces deux pays.
3) Bien que le nombre des missionnaires
catholiques canadiens religieux et religieuses ait sensiblement diminué, ils
sont présents dans un plus grand nombre de pays qu’en 1971 et 1975; 3 en
Afrique, 2 en Amérique latine et 3 en Asie.
4) De ces 94 pays (1981), 28 ont de 1 à 5 missionnaires catholiques canadiens religieux ou religieuses, 33 en ont plus de 30, 19 en ont plus de 50 et 10 en ont 100 et plus. Ces 10 pays sont Haïti (412), le Japon (336), le Pérou (281), le Brésil (167), le Cameroun (157), Malawi (139), les Philippines (112), le Lesotho (108), le Honduras (100) et la Zambie (100).
Tableau 3
Statut des missionnaires catholiques canadiens
Statut |
Année Afrique Amérique
Asie Océanie Total |
% |
|||||
|
latine |
|
|||||
|
1971 |
9 |
7 |
4 |
1 |
21 |
0,5 |
Évêques |
1975 |
7 |
6 |
2 |
1 |
16 |
0,3 |
|
1981 |
4 |
3 |
0 |
1 |
8 |
0,2 |
|
1971 |
562 |
483 |
362 |
17 |
1424 |
27,1 |
Prêtres |
1975 |
496 |
422 |
349 |
27 |
1294 |
26,9 |
Religieux |
1981 |
426 |
375 |
283 |
24 |
1108 |
30,0 |
|
1971 |
10 |
114 |
0 |
0 |
124 |
2,4 |
Prêtres |
1975 |
4 |
86 |
1 |
0 |
91 |
2,0 |
séculiers |
1981 |
4 |
47 |
1 |
0 |
52 |
1,4 |
|
1971 |
519 |
237 |
157 |
31 |
944 |
17,9 |
Frères |
1975 |
418 |
221 |
134 |
36 |
809 |
16,8 |
|
1981 |
242 |
152 |
79 |
50 |
523 |
14,2 |
|
1971 |
1048 |
969 |
432 |
82 |
2531 |
48,1 |
Religieuses |
1975 |
893 |
984 |
434 |
103 |
2414 |
50,2 |
|
1981 |
613 |
882 |
309 |
65 |
1869 |
50,6 |
|
1971 |
16 |
44 |
18 |
0 |
78 |
1,5 |
Instituts |
1975 |
11 |
20 |
15 |
0 |
46 |
1,0 |
séculiers |
1981 |
- |
- |
- |
- |
- |
|
|
1971 |
68 |
32 |
0 |
5 |
105 |
2,0 |
Missionnaires |
1975 |
67 |
37 |
6 |
10 |
120 |
2,5 |
laïques |
1981 |
50 |
75 |
2 |
6 |
133 |
3,6 |
On peut dégager de
ce troisième tableau ce qui suit:
1) Il faut faire remarquer tout d’abord que la Conférence Religieuse Canadienne avoue ne pas avoir de renseignements complets sur les Instituts séculiers pour 1975 et sur les missionnaires laïques pour la même année. Les renseignements de 1981 sont également incomplets pour les catégories des prêtres diocésains et des missionnaires laïques.
2) Tout en tenant compte de cette première remarque, on constate que les missionnaires laïques ont augmenté jusqu’en 1981 en Amérique latine alors qu’ils tendent à diminuer en Afrique. Plusieurs communautés religieuses, depuis une dizaine d’années et même plus, cherchent à développer le laïcat missionnaire et à l’intégrer à leur apostolat.
3) Il est normal que le nombre des évêques canadiens à l’étranger diminue et en arrive à zéro. Les Églises locales doivent passer à des évêques autochtones.
4) De 1971 à 1981, les diminutions sont de l’ordre suivant: prêtres religieux (-22,1%);prêtres séculiers (-58,0%); frères (-44,5%); soeurs (-26,1 % ).
Tableau 4
Secteurs apostoliques des religieux et des religieuses
missionnaires catholiques canadiens
Secteurs |
Année Afrique Amérique
Asie Océanie Total |
% |
||||||
|
1971 |
- |
- |
- |
- |
2 |
256 |
45,5 |
Éducation |
1975 |
845 |
552 |
395 |
82 |
1 |
874 |
41,2 |
|
1981 |
575 |
415 |
286 |
68 |
1 |
334 |
38,1 |
|
1971 |
- |
- |
- |
|
|
526 |
10,6 |
Santé |
1975 |
231 |
201 |
56 |
29 |
|
517 |
11,3 |
|
1981 |
149 |
161 |
32 |
9 |
|
351 |
10,0 |
|
1971 |
- |
- |
- |
- |
|
373 |
7,5 |
Activités |
1975 |
164 |
92 |
92 |
19 |
|
367 |
8,5 |
sociales |
1981 |
118 |
142 |
40 |
5 |
|
305 |
8,7 |
|
1971 |
- |
- |
- |
- |
1 |
269 |
25,6 |
Pastorale |
1975 |
383 |
564 |
255 |
26 |
1 |
228 |
26,7 |
|
1981 |
325 |
577 |
196 |
38 |
1 |
136 |
32,4 |
|
1971 |
- |
- |
- |
- |
|
525 |
10,6 |
Autres |
1975 |
196 |
228 |
124 |
12 |
|
560 |
12,3 |
|
1981 |
114 |
114 |
117 |
19 |
|
374 |
10,6 |
Le pourcentage de missionnaires catholiques
canadiens à l’étranger diminue dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Par contre il augmente légèrement dans le secteur des activités sociales et
sensiblement dans celui de la pastorale. On note une diminution également
dans ce qu’on appelle les autres activités, v.g. fonctionnaire, employé
d’entreprise, technicien ou directeur ou économe au service de la communauté,
personnes retraitées mais qui demeurent en territoire étranger.
Tableau 5
Missionnaires catholiques canadiens religieux et religieuses
selon le statut et les secteurs apostoliques
|
|
Éducation % Santé % |
Activités Sociales |
Pastorale % Autres |
Total |
|||||
Évêques |
1975 |
0 |
|
0 |
|
0 |
16 |
|
0 |
16 |
|
1981 |
0 |
|
0 |
|
0 |
8 |
|
0 |
8 |
Prêtres |
1975 |
259 |
(20,0) |
19 |
|
91 (7,0) |
870 |
(67,1) |
55 |
1294 |
|
1981 |
212 |
(19,1) |
12 |
|
85 (7,6) |
709 |
(63,0) |
90 |
1108 |
Frères |
1975 |
620 |
(76,6) |
12 |
|
47 |
32 |
(3,8) |
98 |
809 |
|
1981 |
471 |
(90,7) |
4 |
|
6 |
22 |
(4,2) |
20 |
523 |
Religieuses |
1975 |
987 |
(40,4) |
486 |
(20,1) |
228 (9,4) |
310 |
(12,8) |
403 |
2414 |
|
1981 |
661 |
(35,3) |
335 |
(17,3) |
214(11,4) |
405 |
(21,6) |
254 |
1869 |
On peut noter ce
qui suit:
1) Chez les prêtres, diminution de la proportion dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la pastorale; augmentation dans ceux des activités sociales et autres; dans ce dernier secteur, on peut penser qu’il y a plusieurs prêtres à la retraite.
2) Chez les frères, diminution dans les domaines de la santé, des activités sociales et autres; légère augmentation en pastorale et nette augmentation en éducation. Les Frères se consacrent de plus en plus exclusivement à ce domaine. Ils ont dans beaucoup de pays des institutions de formation professionnelle, domaine pour lesquels il est souvent très difficile de trouver des professeurs sur place. Cet effort pour contribuer le plus possible à l’éducation est d’ailleurs dans la ligne même de leur vocation et les besoins en ce domaine, surtout quand il s’agit d'une éducation intégrale avec dimension religieuse, sont des plus actuels.
3) Chez les religieuses, diminution dans les
domaines de l’éducation, de la santé et autres; légère augmentation dans ces
activités sociales et nette augmentation dans le secteur de la pastorale.
Tableau 6
Missionnaires catholiques canadiens:
nombre de communautés religieuses par continent
|
|
Afrique |
Amérique latine |
Asie |
Océanie |
Pères |
1971 |
25 |
21 |
11 |
4 |
|
1981 |
20 |
24 |
10 |
5 |
Frères |
1971 |
6 |
7 |
6 |
2 |
|
1981 |
8 |
7 |
6 |
2 |
Religieuses |
1971 |
63 |
65 |
24 |
6 |
|
1981 |
54 |
66 |
21 |
5 |
Beaucoup de ces communautés se retrouvent
dans plusieurs continents. Le nombre total des communautés pour les deux mêmes
périodes donne 146 communautés pour 1971 et 134 pour 1981.
Tableau 7
Missionnaires
catholiques canadiens:
nombre de
communautés selon la langue
|
|
Pères |
Frères Religieuses |
Total Grand Total |
||
1971 |
français |
34 |
9 |
73 |
116 |
|
|
anglais |
3 |
3 |
24 |
30 |
146 |
1981 |
français |
29 |
9 |
69 |
107 |
|
|
anglais |
5 |
2 |
20 |
27 |
134 |
En 1971, les 30 communautés de langue
anglaise comptaient un total de 310 missionnaires. En 1981, les 27 n’en
comptent que 210. Il faut ajouter à cela un bon nombre de communautés
religieuses qui ont des provinces de langue anglaise et dont certains sujets
sont en mission. Les nombres de 310 et de 210 ne disent qu’une partie de la
réalité. Ceci étant dit, il n’en reste pas moins vrai que dans ce pays le
phénomène missionnaire que nous étudions est pour une large part le fait des
Canadiens français. Quelques auteurs le signalent en passant sans en faire une
analyse ou en donner des explications 38. On peut quand
même dire que les facteurs suivants ont dû peser dans la balance: 1) les
Canadiens français catholiques dépassaient de beaucoup en nombre leurs
coreligionnaires de langue anglaise. Rien de surprenant que les vocations
missionnaires soient plus nombreuses chez les premiers; 2) les Canadiens
français catholiques avaient hérité de la France une longue tradition
missionnaire et voyaient leur propre pays sillonné par des missionnaires
français dont certains firent figure de géants; 3) le fait d’être canadiens-français
et membres de l’Empire Britannique donnait plus facilement accès aux
territoires de l’une et l’autre des deux grandes puissances, la France et
l’Angleterre; 4) le Canada n’étant pas une grande puissance et n’ayant pas de
colonie, ses ressortissants risquaient moins d’être vus comme des agents d’un
empire colonisateur; 5) les communautés religieuses d’expression française sont
beaucoup plus nombreuses que celles de langue anglaise. Une rapide enquête dans
le bottin 1982 de la Conférence Religieuse Canadienne révèle que les
communautés et provinces religieuses de langue anglaise ne constituent que
25,2% de l’ensemble, soit 98 sur 388 (29 sur 86 pour les Pères, 7 sur 34 pour
les Frères, 62 sur 268 pour les Religieuses). Mais ceci ne complète pas le
tableau et une étude approfondie permettrait de constater qu'au-delà de ces
facteurs favorables, il y a eu des animateurs et des défenseurs de la mission
qui ont lancé, maintenu et développé un esprit missionnaire très fort chez les
Canadiens français. La fondatrice des Soeurs Missionnaires de
l’Immaculée-Conception au début de ce siècle a certainement beaucoup contribué
à la préparation de l’essor missionnaire que le Canada français devait
connaître à compter des années 1920.
Le tableau que nous avons tracé jusqu’ici
pourrait prêter flanc au triomphalisme s’il n’était complété par quelques
réflexions critiques sur le travail accompli. L’amour des gens, le dévouement
et l’esprit d’initiative n’ont pas manqué ni chez les missionnaires ni chez
les communautés qui les encourageaient. L’étude des langues indigènes,
l’alphabétisation des peuples, la création d’institutions de bien-être social,
l’établissement de communautés chrétiennes témoins de l’Évangile, le dialogue
établi et favorisé entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, sont autant
d’éléments positifs. Et pourtant certains problèmes se posent aujourd’hui en
raison même des limites et des faiblesses du passé dans l’obtention même de ces
éléments. Tous les missionnaires ont entendu, avec des variantes, les reproches
suivants: collusion avec le colonialisme, occidentalisation des peuples,
inattention aux valeurs socio-culturelles des gens, assistance paternaliste,
prosélytisme incompatible avec la liberté religieuse, sacramentalisation hâtive
et excessive, absence de formation d’un laïcat responsable et impuissance
devant le phénomène de l’urbanisation. Sans mettre tout sur le même pied, on
peut regretter, à mon avis, que beaucoup d’apôtres aient eu une conception trop
médiévale de la relation Église-monde, n’aient pas suffisamment distingué
entre foi et enveloppe culturelle, aient trop cru facilement en la supériorité
de la civilisation occidentale. Que de fois n’a-t-on pas vu dans les valeurs
culturelles et religieuses des peuples des pierres d’achoppement! Beaucoup de
ces erreurs se répéteront si les missionnaires d’aujourd’hui partent «à
l’aveuglette» et sans préparation. La connaissance de l’histoire des missions,
de l’anthropologie socio-culturelle, de la théologie et de la pastorale
missionnaire, de l’ethnographie et de l’ensemble des disciplines qui touchent
directement ou indirectement le travail missionnaire s’avère de plus en plus
nécessaire 39.
Une étude détaillée de la contribution des
missionnaires aux cultures et au développement des divers peuples devrait
comporter des recherches sur les réalités suivantes: la linguistique,
l’éducation, la catéchèse, les missions de paix, les services sociaux et les
oeuvres de charité, les soins de la santé, les réductions et les luttes en
faveur de la libération ou du maintien de l’indépendance, la géographie,
l’agriculture, les croyances religieuses, la science, les légendes et le
folklore, l’architecture, etc. Les recherches en ces domaines sont encore
insuffisantes. Elles permettraient, non seulement d’évaluer le travail du
passé, mais de fournir aux apôtres d’aujourd'hui, qu’ils soient étrangers ou
autochtones, des connaissances beaucoup plus précises du milieu culturel, des
valeurs et de l’âme de chacun des peuples.
L’Église catholique du Canada est toujours
missionnaire mais depuis quelques années ses responsabilités n’ont fait que
croître. Elle doit oeuvrer comme missionnaire et à l’extérieur et à
l’intérieur. Aussi s’est-elle pourvue d’instruments nouveaux au niveau des
diocèses 40 et de la Conférence des Évêques 41. Les problèmes
qu’elle étudie sont souvent les mêmes et là-bas et chez-elles bien que vécus
dans des cultures différentes. Les thèmes abordés par les revues des
territoires de missions et celles des vieilles chrétientés se recoupent
souvent: l’inculturation, l’éducation permanente, la pastorale urbaine, les
valeurs religieuses, le laïcat, les nouveaux ministères, la justice sociale, le
langage de la foi, etc. 42
On pourra continuer de se demander si la
situation présente dénote plus une crise de croissance qu’une faillite du
passé. Si certains problèmes, comme nous le disions plus haut, se posent
aujourd’hui en raison des limites et des faiblesses passées, d’autres indiquent
plutôt une volonté de participation, de progrès et d’autonomie qui sont le
fruit d’une longue éducation à laquelle le missionnaire ne fut pas étranger. À
l’intérieur de structures modernes, le développement d’un leadership
autochtone, la conscience de son identité et de ses richesses culturelles, la
prise en mains de ses propres responsabilités, l’indigénisation des
institutions nouvelles, le désir de trouver chez les étrangers des collaborateurs
et non plus des supérieurs ou des tuteurs peuvent être des facteurs de tension
mais aussi des signes d’une évolution fort positive. Déjà en 1970, Paul VI
affirmait: «Une heure nouvelle est venue pour les missions (...) Cela signifie
que l’activité missionnaire doit être envisagée avec des vues larges et
modernes. Une nouvelle mise en oeuvre s'impose: dans les principes
théologiques, dans l’information, dans le recrutement, dans la préparation,
dans les méthodes, dans le travail et dans l’organisation» 43. Il y a là un
appel à la conversion qui s’adresse à tout missionnaire. La mission est
toujours aussi exigeante que par le passé.
Henri
GOUDREAULT, o.m.i.,
recteur,
Université Saint-Paul, Ottawa.
1Circulaire
de S.E. le Card. J-.M. Rodrigue Villeneuve, O.M.I., aux membres de l’Union
Missionnaire du Clergé au Canada, dans Semaine d’études missionnaires du
Canada, Ottawa, 1934, Introduction au problème des missions, p. 18.
2Mgr
Simon Delacroix, Histoire universelle des missions catholiques, Paris,
Librairie Grund, 1956-1958, 4 tomes.
3Ibid., t. II, chap. XVII, Le déclin des missions
modernes; t. III, chap. 1, L’aggravation de la crise: Pie VII
(1800-1823), Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830).
4P.
Lesourd, Le réveil des missions: Grégoire XVI (1831-1846), dans Mgr
S. Delacroix Histoire universelle, t. III, chap. II.
5A.
Rétif, s.j., La période des
explorations: Pie IX (1846-1878); La grande expansion des missions;
L’avènement des jeunes Églises: Benoît XV (1914-1922), Pie XI (1922-1939)
et Pie XII, dans Mgr S. Delacroix, Histoire Universelle, t.
III, chap. III, IV et V.
6Mgr
S. Delacroix, Histoire universelle, t. III, Introduction, p. 14-5.
7Pour ne mentionner que
quelques-unes de ces fondations: Baptist Missionary Society fondée par
W. Carey en 1793, London Missionary Society fondée par plusieurs
centaines de pasteurs de diverses confessions en 1795; Société Missionnaire
Évangelique de Bâle (1730), Nederlandsch Zendelinggenostschapp (1797),
Rheinische Missionsgeselschaft (1797), American Board of Commissioners
for Foreign Missions (1810), Student’s Volunteer Movement (1890).
Pour plus de détails, cf. Mgr S. Delacroix, Histoire universelle,
t. III, Introduction, p. 17-18.
8Le « romantisme
missionnaire » a été suscité par l’oeuvre de Chateaubriand: Génie du
Christianisme (1802); les Lettres édifiantes des missionnaires jésuites
connurent une grande diffusion; les Annales de la Propagation de la Foi virent
le jour (1823 ).
9L’Oeuvre de la
Sainte Enfance (1843), l’Oeuvre des Écoles d’Orient (1855), l’Oeuvre de la
Société anti-esclavagiste (1884), ‘'Oeuvre des Partants (1884), l’Oeuvre de
Saint Pierre Apôtre (1889), etc. Les fondations de communautés religieuses
masculines et féminines destinées aux missions se comptent par centaines et
témoignent de l’esprit missionnaire de nombreux peuples.
10Les recettes de la
Propagation de la Foi passèrent de 22,915 francs en 1822 à 3,233,486 en 1842.
La Sainte-Enfance, fondée en 1843, recueillit dès le début plus de 50,000
francs.
11Des sociétés de
prêtres séculiers, des Frères spécialistes de l’enseignement, des communautés
de femmes en grand nombre, des laïcs professionnels, des étudiants.
12Lionel Groulx, Le
Canada français missionnaire, une autre grande aventure, Montréal, Fides,
1962, p. 9-10. Sur les trois phases missionnaires du Canada, on lira avec
intérêt l'article de M. J. Geoffroy, prêtre des Missions-Étrangères, «Le Canada
et les missions », dans Semaine d’études missionnaires du Canada,
Ottawa, 1934, p. 225-37.
13Une Religieuse de
Jésus-Marie, Soeur Saint-André, s’était embarquée pour les Indes en 1869; six
Religieuses du Bon-Pasteur d’Angers avaient quitté pour l’Équateur en 1871,
d’autres pour le Pérou (1871), la Bolivie (1891), la Colombie (1908), le
Nicaragua (1913). Les Soeurs de la Providence de Montréal s’étaient rendues au
Chili dès 1853. La première canadienne des Soeurs Blanches d’Afrique débarqua
en Algérie en 1885. Quelques Jésuites canadiens quittèrent pour la Chine en
1912, quelques Pères de Sainte-Croix étaient déjà au Bengale en 1890. Les
Soeurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception, sur l’invitation de Mgr
Mérel, Évêque de Canton, avaient accepté dès 1909 une mission dans ce diocèse.
Cf. pour plus de détails, Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire,
p. 81-2.
14Texte cité par
Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p. 80.
15A. Rétif, s.j.,
L’avènement des jeunes Églises, dans Mgr S. Delacroix, Histoire
universelle, t. III, chap. V, p. 127.
16Documentation
Catholique, no 47, 27 déc. 1919, p. 803.
17Cf. Lettre
pastorale de S.E. le Card. Begin, 18 janvier 1920, dans Mandements des
Évêques de Québec, Québec, 1919, vol. VIII, p. 15-18; Mgr J.-H.
Chartrand, «L’oeuvre de la Sainte-Enfance», dans Semaine d’'études
missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 191-96. D’après le Bulletin de
l’Union Missionnaire du Clergé, la Sainte-Enfance, depuis sa fondation en
1843, a contribué au baptême de 28,000,000 d’enfants. Durant les années 1930,
elle entretenait ou subventionnait 10,999 crèches, 12,000 ouvroirs et 40,000
écoles (1932, p. 329).
18Cf. Abbé Adrien
Bouffard, L’Union Pontificale Missionnaire du Clergé, Vademecum,
Secrétariat National de l’U.M.C., Québec, 1960, 115 p. Le Cardinal Villeneuve,
Archevêque de Québec et Président de ‘'Union Missionnaire du Clergé du Canada,
affirmait que celle-ci était «l’école normale missionnaire du clergé». Cf. Semaine
d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934. p. 12. Elle était née
durant la dernière guerre mondiale «à la suite d’une impulsion du T.A.P. Manna,
supérieur général des Missions-Étrangères de Milan», et «a contribué
puissamment à intensifier les études missionnaires parmi le clergé et les
clercs; ces derniers ont fondé, dans un grand nombre de séminaires, des cercles
d’études très actifs où, sous le contrôle de directeurs avisés, ils
s’intéressent aux diverses questions soulevées par l’actualité missionnaire»
(Albert Perbal, omi, «La missiologie et les Semaines missionologiques», dans Semaine
d’études missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 51).
19Henri Jeannotte,
«L’Oeuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre», dans Semaine d’études
missionnaires du Canada, Ottawa, 1934, p. 238-44.
20Mgr
Joseph-N. Gignac, « L’Oeuvre de la Propagation de la Foi au Canada avant la
réorganisation en 1922 », dans Semaine d’études missionnaires du Canada,
Ottawa, 1934, p. 207-24; cf aussi idem, Oeuvres Pontificales Missionnaires
de la Propagation de la Foi et de Saint-Pierre-Apôtre, Vade-Mecum,
Rome, 1964, p. 31-41, 117-28.
21De 1921 à 1953, ce
séminaire forma 160 prêtres. En 1961, 40e anniversaire de fondation,
la Société des Missions-Étrangères comptait 274 prêtres, 44 étudiants en théologie
et 21 aspirants. Cf. Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire, p.
474.
22 Cf. M. J.
Geoffroy, «Le Canada et les missions», dans Semaine d’études missionnaires
du Canada, Ottawa, 1934, p. 234.
23Ibid. , p. 236.
24Lionel Groulx, Le
Canada français missionnaire, p. 82-83.
25Missionnaires
catholiques canadiens, Statistiques, Conférence Religieuse du
Canada, Ottawa, 1971. Au nombre de 5,256 s’ajoutait celui de 885 représentant
le nombre de missionnaires des missions intérieures du Canada.
26 L’Institut des
Sciences Missionnaires de l’Université Saint-Paul d’Ottawa vit le jour en 1948
mais déjà depuis 1932 des cours de missiologie étaient offerts aux étudiants de
la Faculté de Théologie de la même université. Le Centre de formation missionnaire
du Père Jean Bouchard, s.j., connaissait à Montréal un bon rayonnement.
27Il faut signaler,
entre autres, L’Entraide Missionnaire de Montréal, qui célèbre cette année ses
25 ans d’existence (1958-1983) et qui se définit comme «un organisme de base,
autonome, soutenu par les communautés religieuses, prioritairement au service
des chrétiens d’expression française qui oeuvrent dans les Églises locales
étrangères des régions dites de missions ou qui sont de retour au pays. Cet
organisme vise à répondre aux besoins de formation, d’information et de
réinsertion de ces personnes et veut être une tribune d’où ils peuvent se faire
entendre dans leur Église d’origine» (Dossier du missionnaire 1980, p.
50).
28Citons la ligue
missionnaire des écoles, répandue en 1932 dans un grand nombre d’institutions;
elle comptait dès l’année suivante 150,000 membres; le Service missionnaire
des jeunes, fondé en 1959 pour succéder à la Ligue missionnaire étudiante, et
qui avait pour but de promouvoir l’oeuvre pontificale de la Foi et ses buts
auprès de la jeunesse étudiante; Laval-Missionnaire (1959), oeuvre laïque qui
s’adresse aux milieux universitaires et professionnels pour faire prendre
conscience de la catholicité de l’Église et susciter une action en faveur des
pays de missions et du tiers-monde. Elle est à l’origine de plusieurs vocations
missionnaires laïques.
29Il serait trop long
de les énumérer et on risquerait d’en oublier. Dans les années qui suivirent la
lère guerre mondiale, le P. Arens a recensé à travers le monde plus de 450
revues missionnaires. Le Canada en avait 11. Mais dans les années qui
suivirent, ce chiffre a dû quadrupler. Après avoir nommé quelques grands
bulletins missionnaires, Lionel Groulx ajoute: «Chaque congrégation
missionnaire d’hommes et de femmes a le sien, bulletin d’ordinaire d'une
excellente rédaction, avec photos choisies, récits alléchants et qui
atteignent bien d’autres lecteurs que ceux de la communauté. Il ne serait pas
exagéré d’affirmer que, par ces petites revues, palpitantes de vie généreuse,
parfois héroïque, plus d’un million de personnes communient à la ferveur
missionnaire du Québec» (Le Canada Français Missionnaire, p. 470-1).
Cf. aussi Mgr S. Delacroix, Histoire universelle, t. III,
Introduction, p. 23-4.
30À la suite de
l’exposition missionnaire mondiale organisée par le Pape Pie XI en 1925 à Rome,
plusieurs expositions eurent lieu dans diverses villes du Canada: Joliette (1927
), Montréal (1930 et 1942), Trois-Rivières (1935 ), Sherbrooke et
Saint-Hyacinthe (1941).
31Les Semaines
d’études ne furent pas très nombreuses mais ont contribué à faire le point sur
quelques questions missionnaires très actuelles. Les quatre plus importantes de
ces Semaines se tinrent à Ottawa (1934): Introduction au problème des missions;
Québec (1936): La conversion des infidèles; Québec (1949): La valeur religieuse
des religions païennes; Montréal (1950): Le Laïcat et les missions.
32Les sessions de
formation furent très nombreuses et s’adressaient parfois à ‘'ensemble des
missionnaires, parfois aux membres de l’une ou l’autre communauté seulement. De
l’été 1953 à l’été 1981, l’Institut des Sciences Missionnaires de l’Université
SaintPaul a donné 37 sessions d’une durée moyenne de deux semaines et demie
qui regroupèrent 2130 personnes (57 personnes en moyenne par session).
L’Institut repense actuellement cette formule. Le Centre de formation missionnaire
de Montréal et l’Entraide Missionnaire ont aussi organisé de nombreuses
sessions dont plusieurs, parmi celles de l’Entraide, ont porté sur le
développement, sur la réinsertion du missionnaire dans son pays d'’rigine et
sur un bon nombre de questions très concrètes suggérées par les missionnaires
eux-mêmes.
33À partir de 1949,
un congrès annuel réunissait des étudiants en théologie (séminaristes et
scolastiques) pour étudier les meilleurs moyens de promouvoir en théologie la
pensée missionnaire. Depuis un bon nombre d’années, les principaux congrès sont
ceux qu’organise l’Entraide Missionnaire de Montréal. À chaque année, quelque
500 personnes, hommes, femmes, personnes laïques, religieuses, prêtres, en
mission «ad extra» et en mission «ad intra» échangent pendant une fin de
semaine sur des thèmes comme: les droits de l’homme et l’évangélisation (1977)
la Bonne Nouvelle aux Pauvres (1978), Où est notre Espérance? (1979), la foi et
les sociétés humaines (1980), les communautés de base (1981), chrétiens dans un
monde en crise (1982 ), Église et Mission: relire l‘histoire pour mieux
inventer l’avenir (1983 ).
34L’Union
Missionnaire du Clergé joua ici un grand rôle. Sa revue Prêtre et missions
proposait pour chaque mois des intentions missionnaires et répandait de
nombreuses formules de prières visant à l’obtention de l’unité de l’Église et à
l’extension des missions catholiques. En 1950, l’épiscopat canadien obtient que
soit étendue à l’Église universelle la supplication suivante des litanies: «Ut
opera messem tuam mettere digneris» (afin que tu daignes envoyer dans ta
moisson des ouvriers).
35Il est presque
superflu d’aligner des chiffres. Il ne donnent toujours qu’une partie de la
vérité, ne tenant pas compte des sommes reçues par les missionnaires en
provenance des bienfaits privés. D’après Adrien Bouffard, en ce qui concerne la
générosité matérielle envers les Oeuvres pontificales missionnaires, le Canada
tient le 2e rang («Une enquête sur le catholicisme dans le monde», dans Messages,
XV, 1959, no 102, p. 60).
36Les nombreuses
statistiques que nous présentons ici sont tirées des études faites par la
Conférence Religieuse Canadienne et publiées sous forme de cahiers avec titre Missionnaires
catholiques canadiens. Statistiques, 1971, 1975, 1977, 1979, 1981.
37Pour n’en
mentionner que quelques-unes: Benoît XV, Maximum illud, 1919; Pie XI, Rerum
Ecclesiae, 1926; Pie XII, Evangelii praecones, 1951; Fidei donum,
1957; Jean XXIII, Princepts Pastorum, 1959; Paul VI, Evangelii
nuntiandi (exhortation apostolique), 1975. Il faut ajouter le document de
Vatican II sur les missions: Ad Gentes, 1966 et l’encyclique Populorum
progressio de Paul VI, 1967. Les Conférences épiscopales nationales ont
elles-mêmes abordé à plusieurs reprises le sujet.
38Cf. John Webster
Grant, The Church in the Canadian Era, Toronto, McGrawHill Ryerson,
1972, p. 56: «Roman Catholics, mostly French Canadian, found their way to an
increasing number of countries. Many of them went to Africa, where the rise of
the second French Colonial empire gave abundant scope for the use of their
language ». Parlant de la période commençant avec la fin de la 2e guerre
mondiale, il ajoute «Roman Catholic missions entered a period of remarkable
expansion. French Canadian were acceptable in many areas of the world where
others were politically suspect and they speedily became an important factor in
world Catholicism (p. 155). Le P. Armand Garon, dans un article intitulé:
«Roman Catholic Mission in Africa, Canadian Involvement», cite ces 2 textes et
en fait quelques commentaires dans Kerygma, t. 9, no 24, 1975, p. 36-9.
39Pour plus de
détails sur ces questions, cf. Henri Goudreault, omi, « La question
missionnaire aujourd’hui», Kerygma, t. 9, no 24, 1975, p. 57-72; t. 10,
no 26, 1976, p. 5-17; idem, «Qualités requises pour être missionnaire», Cahiers
d’animation missionnaire, mars-avril-mai 1977, p. 20-8.
40Les Offices
diocésains de pastorale missionnaire existent dans une quarantaine de diocèses
canadiens, surtout de langue française.
41Le Conseil National
Missionnaire et l’Office des Missions.
42Les thèmes abordés
par l’Entraide Missionnaire à l’occasion de son congrès annue attirent des
missionnaires de l’intérieur comme de l’extérieur. L’échange sur la façor dont
ces thèmes sont incarnés ici et là-bas est des plus fructueux.
43Message pour la
journée mondiale missionnaire, 5 juin 1970, dans Documentation Catholique,
no 1570, 20 sept. 1970, p. 810.