S.C.H.E.C., Sessions d’étude, 50 (1983),
341-358
Mission et civilisation
dans l’Ouest canadien:
Vital Grandin, 1829-1902
Les missionnaires
catholiques auprès des Métis et des Indiens de l’Ouest canadien, au siècle
dernier, ont compris leur travail d’abord comme évangélisation et
christianisation mais aussi comme oeuvre de civilisation. C’est cette notion
que nous chercherons à éclaircir ici à travers un exemple-type, Mgr
Vital Grandin, o, m. i. , missionnaire dans l’Ouest à partir de 1854, évêque
coadjuteur de Mgr Alexandre Taché en 1859 et évêque titulaire du
diocèse de Saint-Albert de 1871 à sa mort, en 1902. Mgr Grandin fut un
témoin privilégié et un des principaux acteurs de l’activité missionnaire dans
le Nord-Ouest canadien au XIXe siècle. Après avoir mis en lumière la
notion de civilisation de Grandin et de ses collaborateurs, nous examinerons
l’effort de civilisation des adultes indiens et métis, les difficultés
rencontrées, leur réaction au choc de la culture occidentale. Nous étudierons
enfin le travail de civilisation des Indiens par leurs enfants.
Pour Grandin, «civilisation» signifiait
faire passer les Indiens et les Métis de leur état originel à un état considéré
comme plus évolué; les former au travail, principalement agricole, à la vie de
famille et à la vie «civilisée», c’est-à-dire celle vécue en Europe 1. Mais l’évêque de
Saint-Albert distingue entre la vraie et la fausse civilisation qui progressait
de son temps en Europe, celle qui rejetait à la fois l’autorité de Dieu et
l’autorité civile 2. La civilisation ne pouvait être authentique
sans la religion catholique qui a contribué à son apparition en Europe. Les
missionnaires de Grandin étaient très conscients de l’importance du travail de
civilisation auprès de leurs fidèles. Déjà leur fondateur, Mgr
Eugène de Mazenod, dans son Instruction relative aux missions étrangères, les
invitait à travailler en ce sens:
Loin de considérer
le travail de formation des sauvages aux nécessités de la vie sociale comme
étranger à leur programme, les membres de la Société y verront, au contraire,
un excellent moyen de contribuer au bien de la Mission et de rendre plus
fructueux leur apostolat. C’est pourquoi ils ne négligeront rien pour amener
les tribus nomades à renoncer à leurs habitudes de vie errante et à se choisir
des emplacements où ils apprendront à bâtir des maisons, à cultiver la terre et
à se familiariser avec les premiers arts de la civilisation. 33
Pour de Mazenod, il
s’agissait de former les Indiens aux nécessités de la vie sociale. Pour ce
faire, il fallait amener les tribus nomades à renoncer à leur vie errante, à se
choisir un emplacement où ils apprendraient à bâtir des maisons, à cultiver la
terre et à se familiariser avec les premiers arts de la civilisation,
c’est-à-dire les différents métiers. Or, deux moyens s’offraient aux
missionnaires pour cette oeuvre de civilisation: «la religion comme le
meilleur moyen de civiliser et l’école comme moyen secondaire» 4. La religion était
l’élément civilisateur essentiel mais ce travail s’appuyait sur l’éducation et
les écoles.
Avec l’annexion des Territoires du
Nord-Ouest au Canada, en 1870, le dilemne devint crucial pour les
missionnaires. Face au choc de l’arrivée des Blancs, ils pouvaient chercher à
isoler Indiens et Métis pour les préserver, mais alors ces derniers ne seraient
pas qualifiés pour la société technologique de l’avenir, ou ils pouvaient
contribuer à l’assimilation et à l’intégration des Indiens et des Métis à la
société blanche, détruisant ainsi leur culture traditionnelle.
Dès 1870, Grandin pressentait les
conséquences désastreuses de l’arrivée des immigrants pour les Métis et les
Indiens.
Des émigrants vont
nous venir de toute part et les villes vont s’élever comme par enchantement au
milieu de nos plaines et de nos forêts et d’après toute probabilité nos pauvres
sauvages peut-être même nos Métis devront se retirer dans l’extrême nord si
même la civilisation ne les tue pas tout à fait. 5
I. LA CIVILISATION
DES ADULTES MÉTIS ET INDIENS
La décennie 1870-1880 allait voir les
missionnaires travailler à préparer leurs chrétiens à affronter le choc de
l’arrivée des colons, choc qui se fit sentir dans le diocèse de Saint-Albert
plus particulièrement à partir de 1880. On optait pour l’intégration des
Indiens et des Métis au monde des Blancs, malgré le risque de détruire leur
culture. Dès cette époque, les Oblats préparaient le passage des Métis
d’origine canadienne-française d’une vie nomade peu favorable tant à la
christianisation qu’à la civilisation 6 à une vie d’agriculteur en
mettant sur pied une ferme à saint-Albert.
Mais nous ne nous
occupons pas seulement de faire de nos gens des chrétiens et des savants, nous
voulons aussi leur apprendre à cultiver et pour cela nous prêchons surtout
d’exemple. Nous avons ici une ferme considérable, nous ensemençons chaque année
de trente à quarante arpents de terre. 7
Au Chapitre Général
de 1873, Grandin revint sur la question. Le passage du nomadisme et de la
chasse à une vie sédentaire devenait
urgent.
Dans notre mission
de Saint-Albert, nos Pères ne s’occupent pas seulement de former des chrétiens,
ils doivent aussi y former des agriculteurs; les métis jusqu’à présent ne
vivaient guère que du produit de la chasse; mais, cette ressource ayant
considérablement diminué et pouvant d’un jour à l’autre leur faire complètement
défaut, il a fallu leur en procurer une bien plus abondante et surtout plus
certaine, c’est celle qu'un sol riche et vaste peut leur fournir; mais, pour
amener les métis à cultiver la terre, il a fallu leur en donner l’exemple. 8
Grandin ne pensait
pas qu’aux Métis, considérés comme demi-civilisés 9, mais aussi aux
Indiens, et pendant son séjour en Europe pour participer au Chapitre de 1873,
il prévoyait établir au lac d’Orignal une ferme pour eux.
Je me propose, à
mon retour d'Europe, essayer d’établir là une espèce de ferme modèle où des
hommes dévoués que la congrégation des Oblats me prépare ad hoc essayeront
d’apprendre la culture aux sauvages les mieux disposés, ensemenceront leurs
terres, les aideront à bâtir des maisons et peut-être à force de dévouement et
de sacrifices finirons-nous par les civiliser un peu. 10
Civiliser
signifiant donc initier à la vie agricole et à la connaissance des métiers
nécessaires à la construction des maisons. À la même époque, le Gouvernement
canadien signa des traités avec les différentes tribus indiennes. Or, Grandin
s’est montré très sympathique aux traités qui fixaient les Indiens sur les
réserves, faisant ainsi obstacle au nomadisme.
Il [le traité] leur
[les Indiens] est certainement bien favorable et il ne met aucun obstacle à la
religion, j’espère même qu’avec ce traité il nous sera beaucoup plus facile de
civiliser et de christianiser les sauvages. 11
Les missionnaires
catholiques ont rendu le traité possible et y voyaient des avantages tant pour
les Indiens que pour leur activité missionnaire, ce que les Indiens leur
reprochèrent plus tard.
Les reproches que
nous font fréquemment les vieux sauvages et que pour ma part j’ai eu souvent à
supporter sont là pour prouver ce que j’affirme (les missionnaires catholiques
ont rendu le traité possible). C’est vous, nous disent-ils, qui êtes cause que
les blancs se sont emparés de nos terres, que nous nous sommes liés par un
traité avec eux, ce à quoi nous n’aurions jamais consenti sans vous. 12
Assez rapidement
pourtant, une conclusion s’imposa: il était difficile, sinon impossible de
«civiliser» les adultes. Parlant du travail du Gouvernement canadien, Grandin
fit part de ses conclusions. Il émettait des réserves sur la possibilité de
faire des Indiens des agriculteurs.
Il [le
Gouvernement] voudrait aussi les [ Indiens ] empêcher de mourir de faim. Pour
cela, il leur facilite la culture, leur fournit des charrues et des boeufs, et
fait d’énormes dépenses, qui resteront, hélas! sans résultat. Les sauvages
adultes ne pourront jamais s’astreindre à la culture; c’est un état trop
contraire à leur manière de vivre. 13
Il exprimait cette
conviction en 1879, c’est-à-dire quelques années après son propre projet de
ferme modèle au moment où le Gouvernement établissait les réserves et donnait
aux Indiens des fermiers-instructeurs 14. Il revenait sur
la même constatation en 1883.
Des sauvages qui
jusqu’à présent n’ont eu entre les mains que le fusil et la flèche, les obliger
pour vivre à se servir de la pioche et de la charrue, c’est ni plus ni moins
les condamner à mort. 15
Grandin constatait
à la fois la disparition du produit de la chasse et de la pêche et
l’impossibilité pour les Indiens adultes de passer à l’agriculture. L’évêque
proposait alors un autre plan au Gouvernement pour préserver certains Indiens
et leur mode de vie en les isolant des étrangers.
Je propose un plan
au Gouvernement qui ne sera jamais accepté. [... ] Ce sera l’éloignement de
tous ces traiteurs libres qui sont en réalité la cause de l’appauvrissement du
pays et des sauvages. Si une compagnie unique, sous un sage et puissant
contrôle avait le droit de commerce dans les pays du Nord qui ne sont pas
susceptibles d’être colonisés, ce serait son intérêt de veiller à ce que les
animaux dont les sauvages vivent ne fussent point entièrement détruits; elle
pourrait, pour avoir des peaux ou des provisions plus longtemps, renoncer à en
avoir pendant quelques années, tandis que les choses étant ce qu’elles sont,
chacun tirera des sauvages ce qu’il pourra tirer et quand ces pauvres
malheureux auront tué le dernier caribou et le dernier renard, on les laissera
mourir de faim et de froid tandis qu’une compagnie jouissant chez eux du droit
de commerce à l’exclusion de tout autre, pourrait bien avoir des obligations
envers les vieillards, les orphelins et les pauvres sauvages auxquels la vie
nomade n’est plus possible. 16
Ce plan d’isoler
les Indiens des Blancs, de préserver leur mode de vie et leurs ressources
visait particulièrement les Montagnais du district de la rivière aux Anglais,
partie non-colonisable du territoire. Nous n’avons pas d’indices que cette proposition
ait trouvé écho auprès du Gouvernement du Nord-Ouest.
Pour l’évêque de Saint-Albert, les Indiens
n’avaient pas grand avenir. «L’on peut dire que ce diocèse, s’il conservait les
mêmes habitants, serait sans avenir, comme toutes les contrées peuplées par les
sauvages de l’Amérique du Nord» 17. L’impact de l’arrivée des Blancs, souvent
immoraux, menaçait les Indiens de disparition, en particulier les Pieds Noirs 18.
Grandin et ses Oblats furent témoins des
difficultés croissantes des Métis et des Indiens face à l’arrivée de la
«civilisation» des Occidentaux, ce que George Stanley appelle un «problème de
frontière» 19. Non seulement
furent-ils témoins mais aussi acteurs puisqu’ils intervinrent fréquemment
auprès du Gouvernement pour signaler les difficultés et les injustices. Déjà en
1873, l’évêque de Saint-Albert percevait les tensions existant entre les Métis,
les Indiens et le Gouvernement, de même que l’exploitation de la simplicité des
Métis par les nouveaux venus: vol des terres des premiers occupants, etc... Si
Mgr Grandin était prêt à appuyer les droits des Métis, il ne pouvait
encourager la révolution contre l’autorité légitime. On ne put pourtant éviter
la rébellion de 1885 20.
Si le Gouvernement protégeait les Indiens
sur les réserves, la situation des Métis n’a fait qu’empirer après la rébellion
de 1885. En juillet 1898, Grandin traçait le portrait de ceux qui s’étaient
éloignés des centres et de ceux qui y étaient demeurés. Certains ont choisi de
s’éloigner.
Les métis
descendants des meilleures familles, sont pauvres; ils ont vendu toutes leurs
terres devenues aujourd’hui la propriété des commerçants qui ne craignaient pas
de leur vendre à crédit tant qu’ils pouvaient hypothéquer quelques propriétés;
n’ayant plus rien, ils s’éloignent, vont se fixer là où la civilisation n’est
point encore parvenue, je dis civilisation, pour être plus juste, je devrais
dire civilisation moderne. Ils seront tranquilles dans ces places éloignées où
ils peuvent encore chasser et pêcher et cultiver au moins des patates et de
l’orge. 21
Grandin précise ici
que la civilisation des immigrants blancs est la civilisation moderne. Quant
aux Métis demeurés près des grandes villes, leur condition était plus pénible.
Ceux qui ne
s’éloignent pas végètent autour de nos nouvelles villes, tâchant de gagner leur
vie comme ils peuvent en travaillant, trop s’adonnent à l’ivrognerie et à la
débauche. Cette population [ ... ] croit pouvoir se permettre ce que les blancs
font malgré les lois, la police, les juges, la prison et la corde : les crimes
se multiplient. Nous avons ici des familles où de grands garçons n’ont plus
aucun respect pour leurs pères et leurs mères, surtout qui volent les biens de
la famille et des voisins pour se procurer de la boisson. 22
Face à cette
situation, le P. Albert Lacombe, avec l’encouragement de Mgr Grandin
et des évêques de Saint-Boniface et de Prince-Albert, tenta de former, dans la
région de la réserve indienne de Saddle Lake, une colonie destinée aux Métis,
Saint-Paul-des-Métis 23. L’évêque de Saint-Albert fit appel aux Métis
et mit en évidence leurs talents et leurs qualités.
Ayez confiance en
vous-mêmes, sans orgueil, vous valez bien les autres et dites-vous : ces
Allemands, ces Polonais, ces Ménonites [Mennonites ], ces étrangers qui
arrivent dans notre pays ne le connaissent pas, ils arrivent pauvres souvent,
déguenillés, méprisés, et cependant à force d’énergie, de patience, d’économie,
ils se tirent d’affaire. Ne les valez-vous pas ces gens-là? Vous avez sur eux
l’avantage de connaître le pays, et bien d’autres avantages encore. Je suis
convaincu que si vous êtes courageux et énergiques et surtout bons chrétiens,
votre colonie deviendra vite une colonie modèle. 24
Malheureusement, à
cause de leur défiance envers le clergé depuis la rébellion de 1885 condamnée
par l’Église, la réponse des familles métisses fut plutôt lente. Malgré la
prévention des Métis contre le clergé, Grandin reconnaissait toujours à
l’Église une responsabilité face à la situation des Métis; on ne pouvait
laisser végéter ceux pour qui le choc de l’arrivée des Blancs avait été si
dévastateur. Si l’Église n'avait pu réussir à préparer les Indiens et les Métis
à affronter la civilisation moderne, elle convenait que c’était une partie de
sa mission de «sauver», de «racheter» les Métis 2525. Ceux-ci ne
répondirent pas comme on l’avait espéré à l’initiative de Lacombe. L’incendie
de l’école de Saint-Paul-des-Métis par des élèves vint mettre un terme à cette
tentative au début de 1905 26. Giraud, qui conclut son étude en traitant de
la situation des Métis vers 1935-1936, y parle de la désagrégation qui a
souvent pris l’apparence d'une agonie physique et morale 27.
II. LA CIVILISATION
DES INDIENS PAR LEURS ENFANTS
Dès le début de leur activité missionnaire,
Grandin et ses confrères ont manifesté leur intérêt pour l’éducation des
enfants. C’est en voulant préparer Métis et Indiens au choc de l’arrivée des
Blancs, dans les années 1870, qu’ils conclurent à l’impossibilité de civiliser
les adultes et décidèrent d’orienter leurs efforts civilisateurs vers les
enfants. L’expérience des orphelinats et des premières écoles de mission
appuyait l’opinion de Grandin: pour sauver les Indiens, il fallait les prendre
très jeunes, les élever et en faire des hommes demi-civilisés – c’est-à-dire
l’équivalent des Métis ou des colons ordinaires – auxquels la vie sauvage ne
serait plus possible 28.
Je ne puis
certifier que ces enfants à quelque nation qu’ils appartiennent ne sont plus
sauvages en sortant de chez nous. [ ... ] Parmi les Métis et colons ordinaires
de nos pays ils peuvent tenir leur place avec honneur. L’expérience prouve que
la civilisation tue les sauvages et les fait disparaître; plus de 20 années
d’expérience me prouvent à moi que notre manière de civiliser ne tue pas. [
... ] En sortant de nos maisons ces enfants n’ont plus rien des sauvages que le
sang; ils ont même oublié leur langue naturelle [ maternelle ] si bien que la
vie sauvage ne leur est plus possible; nous leur inspirerons pour ce genre de
vie un dégoût prononcé, en sorte qu’ils sont humiliés quand on leur rappelle
leur origine.29
Grandin et ses
collaborateurs visaient donc à faire disparaître chez les Indiens leur aspect
“sauvage” en éliminant leur langue maternelle et en rendant impossible le
retour à leur genre de vie. Mais ce travail de civilisation ne se révélait
possible qu’en prenant les Indiens petits enfants 30.
Mais alors que penser de la contribution des
Obats aux études de linguistique et d’ethnologie31? Les Oblats
étaient convaincus de la nécessité de proclamer la Bonne Nouvelle aux
populations indiennes en leur langue 32. Mais Grandin ne
semble pas tellement vouloir conserver la langue indienne: il y aurait
tellement d’avantages à ce que les Indiens parlent français. Il faut ajouter
que d’autres missionnaires, comme le P. Grollier, ne partageaient pas le point
de vue de l’évêque sur cette question 33
L’évêque de Saint-Albert exprimait à
nouveau sa conviction à l’honorable David Laird, lieutenant-gouverneur des
Territoires du Nord-Ouest.
Depuis plus de
vingt-cinq ans, que je travaille à évangéliser les sauvages du territoire du
Nord-Ouest j’ai pu acquérir la certitude que le meilleur moyen, j’oserai
presque dire l’unique, de faire parmi eux un bien réel et durable, c’est de
prendre et de faire siens les petits enfants, on leur fait ainsi oublier les
usages et les moeurs de leurs ancêtres. On leur rend la vie nomade impossible,
on en fait des hommes civilisés. [ ... ] Appuyé sur des faits et sur des
expérience de vingt-sept ans, je puis assurer que c’est le manque d’éducation
qui fait le sauvage.34
Le travail de
civilisation impliquait la disparition du nomadisme et l’oubli des usages et
moeurs indiens et supposait une éducation qui exigeait beaucoup de temps et de
patience.
À seize ans,
l’enfant en général et l’enfant sauvage surtout, dont l’éducation est plus
difficile et plus lente, sera à peine sorti de l’école et n’aura par conséquent
pu être formé au travail et à l’économie domestique, ce qui lui importe au
moins autant que de savoir lire et écrire; il tombera dans un milieu où
l'économie et le travail sont absolument inconnus, ce qui sera d'autant plus
pernicieux pour le dit enfant, qu’il a naturellement de la répugnance pour ces
vertus domestiques qui ne peuvent lui être inspirées que lentement et
difficilement, et il subira d’autant plus les fâcheuses influences sauvages
que jusqu’alors il aura été plus retenu. 35
Devant cette
constatation, Grandin souhaitait que les enfants indiens demeurent dans les
établissements des missionnaires jusqu’à leur mariage ou la majorité,
c’est-à-dire vingt ans.
La grande majorité
des enfants du pays, qu’ils gagnent peu ou beaucoup, n’ont jamais rien quand
ils se marient et sont dans l’impossibilité de se former le plus petit
établissement, je voudrais donc pour le bien de ces enfants, soit qu’ils
restent à l’établissement où ils sont engagés ou qu’avec l’agrément du
supérieur ils s’engagent ailleurs, qu’ils ne puissent ni recevoir ni
administrer le prix de leur travail mais que l’institution l’administrât pour
eux jusqu’à leur mariage ou leur majorité.36
Grandin voulait
transmettre aux jeunes Indiens le sens de l’économie et du travail qui
importait autant que de savoir lire et écrire. Pour ce faire, il fallait
retirer les enfants de leur milieu «sauvage» et faire en sorte qu’ils n’y
retournent pas avant leur mariage ou leur majorité. Il n’était pas nécessaire
que tous les enfants soient en institution; certains pouvaient être placés dans des
familles chrétiennes et civilisées, à certaines conditions.
Je connais pour ma
part plusieurs bonnes familles qui adopteraient volontiers un enfant sauvage,
mais à quoi bon? se disent-elles, quand nous aurons fait de grands sacrifices
pour cet enfant, qu’il pourra nous dédommager un peu, on nous l’enlèvera. Ce
qui est vrai pour les familles l’est aussi pour les institutions religieuses.
Il faut qu’elles vivent, qu’elles se soutiennent, il faut qu’elles continuent
et étendent leurs oeuvres de charité, ne serait-il pas juste que celui qui par
leurs soins charitables est capable de travailler et de gagner, les dédommageât
de leurs sacrifices et aidât à soutenir les petits qui viennent après lui et
ceux qui pour des infirmité physiques et morales ne pourront jamais s’établir
et seront toujours à la charge de ces établissements de charité.37
L’évêque concluait sa
lettre en demandant des lois spéciales pour régler l’adoption des enfants
indiens par des institutions ou des familles: donner l’autorité paternelle
complète aux institutions jusqu’à la majorité, vingt ans accomplis; permettre à
ces institutions et aux familles qui accepteraient d’adopter des enfants de
bénéficier d’une partie du travail de ces enfants.
À partir de l’expérience dans l’Est canadien où on n’a pas
réussi à faire des Indiens des cultivateurs, ni à empêcher leur extinction, Mgr
Alexandre Taschereau, archevêque de Québec, fit part de son scepticisme face à
l’effort de civilisation des Indiens du Nord-Ouest, Mgr Grandin répondit:
Je connais dans
notre Nord-Ouest un bon nombre de sauvages pur sang qui dès leur enfance ont
été recueillis par des familles métisses, et sont aujourd’hui mêlés aux métis,
vivant comme eux de leur travail. Un certain nombre de femmes sauvages, élevées
dans nos établissements et mariées à des métis, font de dignes épouses et
d’excellentes mères de famille. Parmi nos jeunes, ceux que nous avons mis en
liberté à l’âge de 14 ou 15 ans sont des sans souci qui vont arriver à leur
mariage sans un sou devant eux, cependant ils savent travailler, ils se font
vivre et peuvent faire vivre leur famille. Je n’ai pas de doute pour ceux que
je garde jusqu’à leur mariage.38
L’expérience des
orphelinats confirmait qu’il était possible d’intégrer les enfants indiens à
la population métisse. Grandin croyait en outre toujours possible de faire des
Indiens des «chrétiens et des hommes qui puissent vivre de leur travail» dans
la société blanche comme le faisaient les Métis: les enfants qu’il avait élevés
n’étaient plus «sauvages» mais se mêlaient aux Métis et vivaient comme eux; or,
la civilisation des Métis, si elle n’arrivait pas à la hauteur des habitants
des villes, valait bien celle de beaucoup de paysans de France 39. Pour lui, il y
avait donc civilisation même dans le cas de la culture intermédiaire des
Métis.
Pour l’évêque de Saint-Albert,
“civilisation” signifiait également francisation ou anglicisation. Il visait à
transformer les enfants indiens en petits Français 40
Puisque nous
faisons tant que d’élever des enfants sauvages et que nous en faisons, je puis
dire, des hommes aussi civilisés que les Métis et que beaucoup d’étrangers les
méprisent nous ne voudrions pas que leur nom rappelât plus tard leur origine et
ne fût une humiliation pour leurs descendants, pour cette raison nous leur
donnons des noms de famille anglaise ou française.
Ajoutez que les
noms sauvages sont parfois des plus ridicules et même dégoûtants. [ ... ] En
leur faisant porter de semblables noms, les employés du Gouvernement comprendraient
mieux sans doute que ce sont des enfants sauvages, mais ces pauvres enfants
seraient tournés en ridicule par leurs compagnons et leurs descendants seraient
humiliés. 41
Mgr
Grandin cherchait donc à franciser les petits Indiens même dans leur nom pour
leur faire oublier leur origine et pour la faire oublier à ceux qu’ils
côtoieraient.
Voilà ce qu’il entend par civilisation:
former aux valeurs d’économie domestique et de travail surtout agricole, être
en mesure de vivre de son travail en connaissant un métier ou l’autre.
Dès le début de son ministère, Grandin
adopta de petits garçons indiens. Les soeurs Grises de Montréal ouvrirent dès
leur arrivée écoles et orphelinats: Ile-à-la-Crosse en 1860, Lac-La-Biche en
1862 et SaintAlbert en 1863 42. Les Indiens s’y révélaient intelligents et
capables d’apprendre mais il fallait tenir compte de leurs besoins
particuliers.
Nous avons remarqué
que les enfants montagnais sont très susceptibles d’instruction; mais il ne
faut pas les retirer tout à fait de la vie sauvage. Ils meurent même dans nos
établissements, si nous ne leur accordons le grand air, certains travaux
extérieurs et la nourriture du pays.43
En 1872, Grandin
fit part du succès des religieuses avec leurs écoles.
Des enfants
sauvages élevés par les soeurs et par nous, [ ... ] n’ont plus rien de sauvage
que le sang; ils sont instruits convenablement de leur religion surtout et
plusieurs peuvent parler et écrire le français assez correctement. 44
Jusqu’à cette
époque, seuls les orphelins et quelques enfants pendant l’hiver allaient à
l'école; à partir de ce moment, les Métis commencèrent à comprendre
l’importance de l'instruction 45.
Un des facteurs importants de civilisation
des Indiens étaient la présence d’enfants métis dans les orphelinats et écoles
catholiques.
Les enfants métis
s’y trouvaient mêlés aux enfants sauvages, ces derniers bénéficiaient plus de
ce contact que les autres n’y pouvaient perdre. [ ... ] Presque tous nos
enfants sauvages élevés dans nos établissements se mêlaient aux Métis et on ne
les distinguait pas de ces derniers; ce n’était pas la civilisation complète
mais au moins c’était un bon commencement. 46
Quelques rapports
nous permettent d’avoir une idée du nombre d’enfants éduqués dans les
orphelinats et les écoles de mission. À la fin de 1876, on comptait
cinquante-huit enfants reçus par la mission et quarante-cinq enfants indiens
fréquentaient l’école. En 1880, on dénombrait deux cents jeunes Indiens dans
les écoles 47. Mais les résultats n’étaient pas toujours durables lorsque les enfants
retournaient chez leurs parents.
Ces jeunes gens à
l’âge de 13 et 20 ans sortent de nos établissements pour retourner dans leur
famille. Ils se trouvent isolés au milieu de barbares auxquels ils ne peuvent
être indifférents ce sont leurs pères, leurs parents, à tous les degrés qui se
moquent de leurs usages, et leur font vite reprendre les usages nationaux. Cet
enfant se laisse d’autant plus vite prendre qu’il n’a qu’à céder à ses penchants
naturels, il est libre; on lui dit qu’il ne peut faire autrement que ses
parents et amis.48
Pour Grandin, le
retour sur les réserves ne pouvait contribuer à maintenir le degré de
«civilisation» atteint dans les écoles. Ce dernier suggérait la création de
réserves spéciales pour ses anciens élèves.
Pour que ces
enfants puissent conserver les fruits de leur éducation, il faudrait qu’ils
fussent assez nombreux pour faire bande à part. [ ... ] J’avais demandé au
Gouvernement une réserve spéciale pour nos enfants où nous les placerions après
leur mariage, sur lesquels nous aurions certainement une certaine influence, je
suis certain qu’à ces conditions nous réussirions mieux 49.
Lors d’un voyage en
France, l’évêque de Saint-Albert visita un pénitencier pour jeunes détenus, à
Citeaux, dont l’organisation correspondait à ce dont il rêvait pour civiliser
les petits Indiens.
J’achève après le
déjeuner de visiter l’établissement, les ateliers, je n’ai encore rien vu
d’aussi achevé dans le genre, je vois à la lettre réalisé ce que je rêve de
faire avec les sauvages. [ ... ] J’ai vu ces petits au travail, suivant leurs
forces, tous absolument travaillent des mains et étudient tous les jours; les
progrès en tout en sont bien plus marqués.50
L’idée des «écoles
industrielles» se voyait confirmée chez Grandin. C’est avec ce projet qu’il
retournait au Canada en 1879.
Jugez vous-mêmes du
bien que feraient [ ...] ces écoles industrielles et fermes modèles où un
grand nombre d’enfants sauvages seraient formés à la vie chrétienne et
civilisée, au travail, à l’économie domestique, etc. Leur exemple, comme à
Saint-Albert, serait d’une bienfaisante influence auprès des autres enfants et
des adultes eux-mêmes; une fois mariés, ils seraient autant de maîtres-colons
dans leur nation et avant 100 ans les sauvages auraient disparu comme sauvages
mais ils vivraient comme peuples civilisés, ils seraient utiles au pays et
pourraient faire partie de la société.51
Mais, sans ce
projet, Grandin croyait que l’avenir était sombre pour les Indiens.
Réduits à nos seules
forces, grâce à notre dévouement et abnégation sans bornes, nous procurerons,
comme nous l’avons fait jusqu’à présent les avantages de la civilisation à
quelques sujets seulement, mais cela ne sauvera pas les sauvages en général,
dans 100 ans peut-être, il n’en existera plus guère, ils ne seront pas
transformés en hommes civilisés; le jeûne, les misères physiques et morales les
auront tuées et fait disparaître mais en attendant, ils ne seront pas sans
occasionner bien des désagréments aux Blancs du pays et seront pour le
Gouvernement une bien [... ] lourde charge. 52
Nowakowski attribue
à l’évêque de Saint-Albert l’origine de l’idée d’écoles industrielles pour les
Indiens. Dans les années 1880, Grandin, Taché et Lacombe approchèrent le
Gouvernement canadien pour obtenir des écoles de ce type sous le contrôle
temporel de l’État mais sous la direction spirituelle des Oblats et des
religieuses 53. À l’été 1883, le Gouvernement autorisait l’établissement de trois
écoles industrielles, une protestante, à Battleford, et deux catholiques, à
Qu’Appelle et à Calgary; cette dernière, en faveur des Pieds-Noirs, était
située dans le diocèse de Saint-Albert et le P. Lacombe en devenait le premier
principal 54. Le personnel de l’école industrielle devait être comme suit:
un principal, un
fermier, un charpentier, un maître d’école, un cuisinier et une matrone, tous
retribués par le Gouvernement [ ... ] Plus tard un forgeron, un cordonnier, ou
autres artisans pourront faire partie du personnel enseignant.55
Quant aux enfants
qu’on devait y accueillir, il avait été décidé ce qui suit:
Le nombre des
enfants ne doit pas actuellement dépasser le nombre de trente. [ ... ] Il est
reconnu par tous que pour réussir, il faut prendre ces enfants aussi jeunes que
possible; 5 ou 6 ans serait la meilleure âge. Autant que possible, on s’en
tiendra là, sans pourtant exclure les enfants de 7, 8 ou 9 ans qui donneraient
les garanties suffisantes. 56
On insistait, de
plus, pour ne prendre que de jeunes enfants encore peu marqués par la culture
indienne. Le P. Lacombe, principal de l’école, rencontra des difficultés dans
cette nouvelle oeuvre mais son supérieur l’encourageait.
Je crois comprendre que
malgré toutes vos difficultés, il ne faut pas absolument désespérer de votre
oeuvre, puisque vous reconnaissez que vos jeunes Pieds-Noirs se livrent
volontiers à l’étude, aiment à imiter les blancs et à prendre leurs manières. 57
Les jeunes
Pieds-Noirs semblaient aimer l’étude et la manière de faire des Blancs.
Pourtant le succès était loin d’être celui espéré. Grandin analysait les
difficultés.
J’ai toujours cru
que l’on voulait aller trop vite avec cette école, si au lieu de 20 ou 30
enfants dans le principe vous n’en aviez pris que 8 ou 10 tout petits et une
fois formés à la discipline, vous eussiez pu en prendre d’autres qui se fussent
formés sans difficultés à l’exemple des autres. Si le Gouvernement tient
absolument à en avoir 30 de suite, pourquoi ne pas achever ce nombre avec des
enfants d’une nation différente? Vous avez autour de vous des Métis plus
dégradés que bien des sauvages, si on ne veut pas des Métis, qu’on prenne des
sauvages étrangers aux Pieds-Noirs et plus faciles à soumettre, ce qui rend vos
sauvageons si exigeants et si difficiles à dompter, c’est d'abord je crois parce
que vous en avez pris de trop grands et que tous ensemble ils font des partis
qu'ils ne feraient pas s’ils étaient plus mêlés à des étrangers.58
Les enfants
pieds-noirs étaient difficiles à soumettre, à dompter et plus indépendants que
les autres. Grandin croyait préférable de les prendre très jeunes et d’avoir
dans la même école des enfants des différentes nations indiennes et même des
Métis si c’était possible, comme c’était le cas à Saint-Albert et à
l’Ile-à-la-Crosse.
Sa perception était encore assez sombre au
printemps 1889.
Leur [ les
missionnaires] grande occupation est de soigner les petits enfants, mais quelle
corvée avec des parents qui ne s’y prêtent nullement. S’ils peuvent former une
génération moins grossière, j’oserais dire moins animale que la
génération actuelle, avec le temps nos successeurs finiront par les
christianiser peut-être. S’ils ne meurent pas avant car l’immoralité qui a
beaucoup augmenté depuis que les blancs se sont multipliés pourraient bien les
faire disparaître comme nation, si au moins nous pouvions les convertir avant.59
Après une visite
des écoles, quelques mois plus tard, il paraît plus optimiste.
J’ai visité leurs
écoles et je ne puis moins faire que d’en espérer d’heureux résultats.
Malheureusement ces enfants en sortant de l’école subissent toujours
l’influence de la famille et de la nation, mais il restera quelque chose de
l’influence du prêtre surtout s’il peut les suivre et peu à peu les moeurs
s’adouciront. 60
Le succès demeurait
pourtant très limité avec les enfants devenus grands. En 1892, pas un seul
n’avait pu être gardé une fois devenu un peu grand sauf Baptiste Pépin 61.
Une des difficultés des écoles
industrielles soutenues par le Gouvernement fut l’absence d'enfants métis,
puisque ceux-ci n’avaient pas fait de traités avec le Canada; or, pour Grandin,
ce contact indien-métis était un grand facteur de civilisation 62. Cette idée de
civilisation des Indiens par les petits enfants survécut à l’évêque de
Saint-Albert puisque les Oblats furent engagés dans les écoles industrielles
puis résidentielles jusqu’à récemment.
Pour Grandin, qui constatait l’essai
infructueux auprès des adultes, l’efffort civilisateur des missionnaires devait
se diriger vers les petits enfants métis et surtout indiens. En les prenant
tout petits, il était possible de faire disparaître en eux le genre de vie
«sauvage», leurs usages et les moeurs, même leur langue maternelle pour les
amener à une culture intermédiaire semblable à celle des Métis. Pour ce faire,
il était nécessaire de prendre les enfants très jeunes et de les garder dans les
établissements de la mission jusqu’à leur majorité ou leur mariage.
On visait à transmettre aux jeunes Indiens
les valeurs de l’économie et du travail qui leur permettraient de vivre dans la
société occidentale. Le retour chez les parents montrait comment peu profond
pouvait être l’éducation transmise. L’évêque de Saint-Albert suggérait donc la
création de réserves spéciales où les jeunes Indiens seraient encouragés à
garder ce qu’ils avaient acquis et à vivre avec les Métis de qui ils s’étaient
rapprochés par l’éducation. Il proposait également la création des écoles
industrielles où les enfants seraient initiés aux différents métiers: travail
agricole, menuiserie, etc.
Si Grandin fit état de succès auprès d’un
certain nombre d’Indiens reçus à la mission, les enfants pieds-noirs furent
particulièrement difficiles à mener et peu d’enfants des différentes nations
demeurèrent dans les établissements de la mission une fois devenus grands.
Claude CHAMPAGNE
Institut des Sciences Missionnaire
Université
Saint-Paul (Ottawa)
Rockies
Comme, redescendus des hauteurs de
l’air où les hommes commandent leurs nacelles,
Toutes plaines dévorées sans les voir, – nous roulions sur les
traces du soleil,
Le Grand Déversement de rocs poussés hors du flanc de la
terre par Yahweh
Commença d’apparaître sous la steppe:
ondulation pareille à la mer
Quand l’attrait de la lune prépare son
déferlement sur les rivages.
Là-bas, drapée en bure et surcot de neige,
allongée, immobile, sans face,
La Montagne, sur l’azur mordoré, découpe
son mouvement de pierre,
La ligne en creux de son usure telle qu’on
imagine un temple
Aux gradins énormes surmontés d’un autel
qui touche l’assise du ciel.
Aujourd’hui, tant d'âges cumulés sur
l'abîme en poussière, en limaille, en atomes,
Sous la force de l’eau torrentielle, du
vent largue et des laminoirs de glace,
Ont réduit la montagne au dessin des
neumes sur la page du missel
Il monte, décline un peu, remonte et, par
bonds, de palier en palier dépasse
Les lignes de portée. Elle chante un hymne
visible, que le Créateur écoute
Et nous nous taisons pour 1’entendre.
ISAL
1Rapport de Vital
Grandin au cardinal Jean Simeoni, secrétaire de la Propagande de 1868 à 1875 et
préfet de 1878 à 1892, 20 octobre 1880, Écrits de Grandin [désormais EG], vol.
7, P. 415. Les Écrits de Mgr Grandin n’ont pas été publiés. Ils sont
conservés à la Postulation générale des Oblats, à Rome, aux Archives
diocésaines d’Edmonton, de Saint-Boniface et du Keewatin de même qu’aux
Archives Deschâtelets d'Ottawa. Une copie dactylographiée en 26 volumes existe,
cependant, depuis 1966. On en trouve une, notamment, au Centre de Recherche de
l’Université Saint-Paul.
2Adresse de Grandin
à Sir John Campbell, gouverneur-général du Canada de 1878 à 1883, s.d. (EG 21,
520).
3Claude Champagne,
“Instruction de Mgr de Mazenod relative aux missions étrangères ”, Kerygma
25 (1975) p. 175.
4Notes sur les
Missions : tablissements, difficultés jusqu’en septembre 1886 (EG 6, 359).
5Grandin à M.
Latouche, 23 décembre 1870 (EG 25, 370).
6Grandin à M. et Mme
Latouche, 8 juillet 1855 (EG 25, 251-52).
7Grandin au P.
Pierre Aubert, assistant-général de 1867 à 1887, 7 décembre 1872 (EG 14, 539 ).
8Rapport de Grandin
sur le Vicariat du diocèse de Saint-Albert (EG 13, 345).
9Grandin à Mgr
Ignace Bourget, évêque de Montréal, 25 avril 1876 (EG 8, 183). Giraud souligne
qu’en dépit de l’exemple des missionnaires, la vie agricole ne dépassa jamais
le stade de quelques défrichements élémentaires autour des demeures métisses.
Cf. Marcel Giraud, Le Métis Canadien. Son rôle dans l’histoire des provinces
de l’Ouest, Paris, 1945, pp. 1075-6. (Travaux et mémoires de l’Institut
d’Ethnologie 44).
10Diocèse de Saint-Albert:
Missions sauvages avant le traité (désormais DSA) (EG 6, 210-11).
11Grandin à M.
Latouche, 16 décembre 1876 (EG 25, 456).
12DSA (EG 6, 211-2).
13Grandin à Mgr
Edouard-Charles Fabre, évêque de Montréal, 1er mai 1879 (EG 8, 278).
14Dès 1877, le Gouvernement
fournissait semences et instructeurs aux Indiens. Si les rapports des officiers
étaient optimistes en 1880, il fallut reconnaître l’échec et fermer les fermes
avant 1885. Cf. Morris Zaslow, The Opening of the Canadian North 1870-1914,
Toronto-Montréal, 1971, p. 19, (The Canadian Centenary Series 16).
15Grandin à
l’Archevêque de Québec et aux Évêques de la Province de Québec, 29 janvier
1883 (EG 7, 495).
16Grandin à Mgr
Alexandre Taché, archevêque de Saint-Boniface, 9 juillet 1880 (EG 10, 176);
voir aussi Grandin à l’hon. David Laird, superintendant du Nord-Ouest, “Indian
Commissioner for the prairies”, lieutenant-gouverneur des Territoires de 1876 à
1881, S.D. (EG 22, 201-2).
17Rapport de Grandin
sur le Vicariat (EG 13, 249-50).
18Grandin au P.
Joseph Fabre, supérieur général, 6 avril 1889 (EG 13, 502-3).
19George F.G. Stanley, The
Birth of Western Canada. A History of the Riel Rebellions, Toronto, 1966,
p. vii.
20Claude Champagne,
Mission et Église chez Mgr Vital Grandin, o.m.i. (1829-1902),
Thèse doctorale à la Faculté de Missiologie de l’Université Pontificale
Grégorienne, Rome, 1982, pp. 315-27.
21Souvenirs (EG 4,
178). Voir la situation des Métis après l’insurrection: Giraud, Le Métis,
pp. 1211-30.
22Souvenirs (EG 4,
178).
23Voir Emeric O.
Drouin, Joyau dans la plaine: Saint-Paul, Alberta, colonie métisse
1896-1909, paroisse blanche 1909-1951, Québec, 1968, et Giraud, Le Métis
pp. 1225-29 et 1264.
24Grandin aux Métis
résidant à la mission St-Paul-des-Métis, 25 juin 1897 (EG 12, 554).
25Documents
collectifs des évêques de la province de Saint-Boniface, 7 mars 1899 (EG 17,
477-478).
26Drouin, Joyau,
pp. 233-50.
27Giraud, Le Métis,
pp. 1250-86.
28Grandin à Mgr
Bourget, 25 avril 1876 (EG 8, 182-3).
29Grandin au Col.
James Farquharson McLeod, magistrat stipendiaire du Nord-Ouest assistant
commissioner jusqu’en 1877 de la North West Mounted Police, 3 janvier 1876 (EG
22, 309).
30Souvenirs (EG 4,
239) Grandin à Mgr Fabre, ler mai 1879 (EG 8. 278)
31Voir, de Gaston
Carrière, “Contribution des Oblats de Marie Immaculée de langue française aux
études de linguistique et d’ethnologie du Nord Canadien-, Culture U (1951) pp.
213-26; "Une riche collection de manuscrits en langues indiennes,” Culture
18 (1957) pp. 105-12; “Contribution des missionnaires à la sauvegarde de la
culture indienne,” Études Oblates 31 (1972) pp. 165-204.
32Gaston Carrière, Histoire
documentaire de la Congrégation des Missionnaires Oblat: de Marie-Immaculée
dans l’Est du Canada, 12 vol. Ottawa, 1957-1975, t. 4, p. 48.
33Grandin à Mgr
Taché, 8 avril 1864 (EG 9, 148).
34Grandin à l’hon.
Laird, 25 janvier 1880 (EG 22, 192).
35Grandin à l’hon.
Laird, 2 avril 1880 (EG 22, 196).
36Grandin à l’hon.
Laird, 2 avril 1880 (EG 22, 196-7).
37Grandin à l’hon. Laird, 2
avril 1880 (EG 22, 197).
38Grandin à Mgr
Elzéar-Alexandre Taschereau, archevêque de Québec, 11 décembre 1882 (EG 7,
489).
39Grandin à
l’Archevêque de Québec et aux Évêques de la Province de Québec, 29 janviers
1883 (EG 7, 496-502).
40Grandin à l’Évêque
de Laval, Jules Denis Le Hardy du Marais, 18 avril 1880 (EG 8, 326); Grandin à
Mgr Jules François LeCoq, évêque de Nantes, 28 janvier 1881 (EG 8,
367).
41Grandin à M.
Alexander Galt, assistant commissioner of Indian Affairs, ancien ministre des
Finances et “high commissioner” à Londres, s.d. (EG 22, 133).
42Lettre circulaire,
5 mars 1900 (EG 17, 522-3). Voir Pierre Duchaussois, Femmes Héroiques. Les
Soeurs Grises Canadiennes aux Glaces Polaires, Paris, 1927, pp. 42-53.
43Note sur Mgr
Taché pour Dom Paul Benoît, son biographe (EG 5, 299).
44Grandin au P.
Aubert, 7 décembre 1872 (EG 14, 548 ).
45Grandin au P.
Aubert, 7 décembre 1872 (EG 14, 538): Notes de Mgr Grandin sur
l’Église du Nord-Ouest (EG 6, 161).
46Souvenirs (EG 4,
252).
47Grandin à M. l’abbé
de Girardin, directeur de la Sainte-Enfance, fin 1876 (EG 16 533); Rapport au
Card. Simeoni, 20 octobre 1880 (EG 7, 414).
48Souvenirs (EG 4,
252).
49Souvenirs (EG 4,
252-3). Un plan de ce genre fut réalisé à l’école de Lebret. Voi Rudolph
Nowakowski, Indian Residential Schools in Saskatchewan Conducted by thé
oblate Fathers, Thèse de maîtrise à l’Institut de Missiologie de
l’Université d’Ottawa Ottawa, 1962, pp. 90-1.
50Journal, 12 avril
1878 (EG 1, 132); sur les écoles industrielles, voir Nowakowski, Indian
Residential Schools.
51Grandin au P.
Joseph Lestanc, consulteur, 3 avril 1880 (EG 16, 382).
52Grandin au P.
Lestanc, 3 avvril 1880 (EG 16, 382).
53Nowakowski, Indian
Residential Schools, pp. 29-30; 34-5.
54Voir Actes des
Délibérations du Conseil du Vicariat de la Saskatchewan, 10 septembre 1883 (EG
15, 144); Nowakowski, Indian Residential Schools, pp. 35-6.
55Actes des
Délibérations, 10 septembre 1883 (EG 15, 144).
56Actes des
Délibérations, 10 septembre 1883 (EG 15, 144 et 146).
57Grandin au P.
Albert Lacombe, missionnaire, 9 janvier 1885 (EG 15, 401).
58Grandin au P.
Lacombe, 12 mars 1885 (EG 15, 407).
59Grandin au P.
Fabre, 6 avril 1889 (EG 13, 502-3).
60Grandin au P.
Fabre, 22 novembre 1889 (EG 13, 533).
61Voir Journal, 31
décembre 1892 (EG 2, 404). Baptiste Pépin accompagna Grandin dans ses voyages
au Mackenzie. Voir Adrien G. Morice, Dictionnaire historique des Canadiens
et des Métis français de l’Ouest, Québec-Montréal-Winnipeg, 1912, pp.
225-6.
62Souvenirs (EG 4,
252).